Le bonheur des Comoriens à travers les bavardages de l’oral du gouvernement. Pourquoi n’y a-t-il personne pour dire au gouvernement comori...
Le bonheur des Comoriens à travers les bavardages de l’oral du gouvernement.
Pourquoi n’y a-t-il personne pour dire au gouvernement comorien d’arrêter la mascarade du «grand oral» par lequel chaque ministre se met en scène devant le chef de l’État et son fameux secrétaire général du gouvernement, un garçon qui hérisse le tout-Moroni par sa petite morgue de parvenu et d’arriviste habitué à jouer le rôle de maquignon enfariné? L’évaluation de l’activité gouvernementale n’a pas besoin d’être faite en public, devant des profanes, alors qu’il y a des spécialistes en gestion publique, et même des cabinets d’audit. Plus grave encore, on n’a même pas besoin de se demander si un mourant est mourant quand on le voit en train de mourir. L’État comorien dans son ensemble est malade, et on n’a pas besoin de voyeurisme pour essayer de tromper le peuple comorien.A-t-on besoin de faire du spectacle pour faire croire au peuple que le gouvernement travaille? C’est de la pure démagogie parce qu’on n’a pas besoin de voir Abdou Nassur Madi à la télévision pour savoir que la MAMWÉ est morte et enterrée.
Prenons l’exemple du bon Docteur Elanrif Saïd Hassane, «ministre de la diplomatie». À l’heure qu’il est, il a fallu qu’il se présente par procuration et «par contumace» à l’oral du gouvernement pour que le Président Ikililou Dhoinine sache qu’il a un ministre des Relations extérieures, et que ledit ministre était dans ce monde et non dans l’autre. Bon, n’exagérons pas: Ikililou Dhoinine n’a pas eu la preuve que son ministre est vivant puisque celui-ci a été opportunément remplacé par notre très distingué le Docteur Abdoulkarim Mohamed, ministre d’une École publique moribonde. On a dû expliquer au chef de l’État qu’il y avait quelques raisons de croire que son ministre était de ce monde, et qu’il n’allait pas accompagner Ahmed Sambi dans le meeting que «le Soleil qu’on n’empêchera pas de briller» va organiser à Lyon ce week-end. Dieu, nous vous louons notamment pour votre immense patience envers nous.
Alors donc que la diplomatie comorienne a disparu dans les costumes luisants et brillants de l’inimitable Mohamed Bacri Ben Charif Abdoulfatah, on apprend que le ministère de ce bon Docteur Elanrif Saïd Hassane a tellement pressuré les Comoriens légalisant leurs documents administratifs que ceux-ci ont jeté dans les caisses une rançon de 150 millions de francs comoriens en une année. C’est une immense entreprise mafieuse. Selon le petit document que «le ministre de la diplomatie» a laissé à Abdoulkarim Mohamed, le ministère de celui-ci serait tellement bien tenu que les Comores lui doivent «l’adoption de la vision et de la stratégie de coopération pour le développement» (le ministre lui-même ne sait pas ce que ça signifie), la Déclaration de Paris sur l’amitié et la coopération entre l’Union des Comores et la France, et l’achat d’un nouveau local pour l’Ambassade des Comores en Égypte. Belle démonstration d’intelligence de la part de notre excellent ministre.
Mais, l’invisible «ministre de la diplomatie» peut compter sur «l’expertise» du plus grand diplomate comorien de tous les temps, l’Ambassadeur-Dieu Ali Saïd Mdahoma surnommé «le dormeur-coucheur de Bruxelles», que le vrai diplomate Mouigni Abdou a refusé de saluer au ministère des Relations extérieures la semaine passée. Comme si le gouvernement comorien n’avait pas assez de problèmes comme ça avec un déficit d’idées, voilà l’Ambassadeur-Dieu Ali Saïd Mdahoma lancé dans l’une de ces idioties dont il a le secret: «La Belgique recèle de nombreuses opportunités. Nous sommes en train de voir comment les Comores peuvent-elles bénéficier de ces potentialités, notamment dans les secteurs de l’agriculture et du tourisme». Mais, Excellence Monsieur l’Ambassadeur-Dieu, partout où il y a des Ambassadeurs de l’Union des Comores, il y a de «nombreuses opportunités», mais celles-ci n’appartiennent pas aux Comores! La Belgique n’a pas besoin des Comores pour cultiver de la pomme de terre pour ses fameuses frites ou pour élever ses cochons. Comme s’il n’avait pas compris qu’il devait se taire, l’Ambassadeur-Dieu fait d’autres divagations larmoyantes, en parlant de la région de Namur, qui serait prête ««accueillir des étudiants et enseignants comoriens dans différents domaines». D’accord, mais qu’a fait «le dormeur-coucheur de Bruxelles» dans ce sens? Rien! Ne comprenant rien sur l’organisation de la recherche scientifique, un domaine dans lequel les chercheurs choisissent eux-mêmes leurs domaines d’études, il croit pouvoir faire de tous les étudiants de la région de Namur des spécialistes des Comores, disant penser «surtout aux étudiants en fin de cycle, qui peuvent choisir les Comores pour effectuer leurs stages ou leurs recherches».Belle somme d’inepties et de radotages inutiles. De la comédie!
Est-ce qu’on peut évaluer une diplomatie entre les mains de tels phénomènes de foire?
Dans le séminaire d’évaluation de l’action de chaque ministre, il y a plus loufoque, quand on voit l’enfariné secrétaire général du gouvernement se donner des grands airs en se disant qu’il va juger l’action d’un homme d’État comme Mohamed Ali Soilihi, qui comptabilise plus de 35 ans d’expérience. Si Saïd Mohamed Ali Saïd avait des notions d’Administration, Droit, Économie, Génie civil, Comptabilité et Gestion, on comprendrait. Mais, il est un agronome non expérimenté qui doit juger un agronome expérimenté. Cela ne veut pas dire que la gestion économique et financière du Vice-président Mohamed Ali Soilihi fait l’unanimité, mais que celui qui est chargé de juger l’action des ministres doit se poser la question de savoir s’il a la moindre compétence pour faire ce qu’il fait et s’il ne devait pas se montrer plus discret. Et, malgré le mépris avec lequel il écrase les gens, c’est un incompétent notoire, dont les carences notamment rédactionnelles font jaser le tout-Beït-Salam et le tout-Moroni. On est au courant.
Lors du séminaire d’évaluation, le Vice-président Nourdine Bourhane a fait des tartines sur «ses» fameuses routes, qu’il construirait et rénoverait. C’est extraordinaire de l’entendre se lancer sur des vantardises sur des routes qu’on peut toujours appeler des pistes de brousse. C’est quand même fou de voir les autorités refuser de reconnaître que ces routes sont à l’origine de nombreux malheurs et deuils au sein de la population, par les avortements qu’elles causent et par la tuberculose qu’elles occasionnent. Le Syndicat des Transporteurs conteste la viabilité desdites routes, mais les autorités font la sourde oreille, confiant des projets d’envergure à de petites sociétés de confection de poulaillers en paille. Dès lors, au lieu d’avancer, les Comores reculent et entraînent la population dans une spirale destructrice.
D’accord, l’action du gouvernement doit être jugée, mais pas dans les bains de foule. Ça fait trop «folklo». C’est du folklore tropical et équatorial. Ça ne sert à rien. L’inexistence d’un vrai Parlement aux Comores n’arrange pas forcément les choses car, lors des questions orales devant les élus de la nation, on peut ajuster les choses. Mais, le sommeil dans lequel s’enfonce le Parlement n’est pas propice à l’instauration d’un climat de responsabilisation des ministres du gouvernement. Au cours du séminaire d’évaluation de l’action des ministres, un public trié sur le volet est invité à poser des questions aux ministres. C’est sympathique, mais ce public ne pose pas les bonnes questions. Il y a des Comoriens qui maîtrisent très bien et mieux les dossiers et qui feraient sensation s’ils étaient invités au gala gouvernemental, mais, on ne les y verra jamais car ils poseraient des questions tellement pointues qu’ils créeraient la panique dans les rangs du gouvernement. Et cela, personne dans les rangs du pouvoir ne le veut.
En 2013, le Président de la République avait inauguré les séances de radotage dans les jardins de Beït-Salam, séances au cours desquelles il demandait aux chefs des sociétés d’État de s’expliquer sur leur gestion. Ça faisait un peu Thomas Sankara, mais ça restait insuffisant parce que le Directeur de l’entreprise publique va toujours tout faire pour montrer qu’il gère sa boîte en bon père de famille, surtout si c’est faux. C’est ainsi qu’on a vu des voleurs d’une sinistre réputation, toute honte bue, se défendre et défendre une gestion calamiteuse, et recevoir à la fin de l’exercice un satisfecit présidentiel. Heureusement pour notre colère et pour notre sensibilité, le chef de l’État a arrêté lui-même la mascarade avant qu’elle n’arrive au niveau d’Abiamri Mahmoud, le pire des fossoyeurs de la République, l’homme aux mains d’or, l’homme à la gestion la plus mafieuse de la République, mais un mafieux bien protégé par sa «compatriote villageoise», la ministre Sitti Kassim. Cherchez l’erreur!
Par ARM
© www.lemohelien.com – Vendredi 17 janvier 2014.