La saison cyclonique démarrera de manière officielle le 15 novembre prochain même s'il est permis de dire qu'elle a déjà débuté puis...
La saison cyclonique démarrera de manière officielle le 15 novembre prochain même s'il est permis de dire qu'elle a déjà débuté puisque un phénomène géant a frappé dernièrement la côte Est de l'Inde. Elle durera jusqu'en mai et sur le terrain à Mayotte en 2013, tout laisse à croire qu'un drame sans précédent se produirait si un cyclone passait à sa perpendiculaire…
"Hier, 10 avril 1984, dans la matinée, Mayotte a été frappée par un cyclone d'une gravité exceptionnelle. Pendant plus de 4 heures, l'île a été exposée à des vents cycloniques dépassant 160 km/h et suivis d'une tempête de pluie sans précédent pendant les cinquante dernières années. Le bilan définitif de cette catastrophe ne pourra être dressé que lorsque les communications internes dans l'île auront été rétablies. Il est d'ores et déjà certains que la quasi totalité des maisons, la totalité des cultures vivrières, l'ensemble des ouvrages publics sont dévastés. Ainsi, des milliers de sans abris se trouvent également privés de nourriture, d'eau et de moyens de communication. D'après les dernières nouvelles, je viens que je viens de recevoir de l'administration, les élus et la population tentent d'organiser avec beaucoup de sang froid, la subsistance…" Ce sont les mot du député de Mayotte Jean-François Hory à l'Assemblée Nationale s'adressant alors au secrétaire d'État à l'Outre-Mer pour lui demander quels moyens la France allait mettre en place pour venir au secours des sinistrés. Le cyclone kamizy a percuté l'île de plein fouet sans que l'on sache encore aujourd'hui combien de victimes il avait fait. C'était en 1984, l'état civil n'était pas ce qu'il est aujourd'hui et les morts ont été très rapidement enterrés. Pour rejoindre le Sud de l'île il fallait plus de 4 heures en temps normal durant la saison des pluies, après Kamizy, les secours ont mis des jours. C'était le dernier phénomène à passer sur le département lorsque les statistiques démontraient une fréquence de passage tous les 15 ans. Mayotte est donc épargnée depuis 29 ans, la vigilance est alors terriblement de mise. Dans cet esprit, la préfecture a organisé en novembre dernier, un exercice grandeur nature mobilisant tous les acteurs pour déterminer ce qu'il se produirait si un cyclone était annoncé. "L'alerte orange indique que la menace cyclonique se précise et qu'il peut y avoir danger pour Mayotte dans les 24 heures à venir », menace qui se précisait hier : « Le cyclone tropical « Adeline » risque de présenter un caractère dangereux à bref délai. Le Préfet de Mayotte a décidé de placer le territoire de Mayotte en « alerte rouge » à partir de ce mardi 20 novembre à 9h00. Dans le cadre du déclenchement de l'alerte rouge liée à un danger de nature cyclonique imminent la cellule d'information du public ouverte à la population a été activée en préfecture…" Tel était le scénario catastrophe imaginé par la sécurité civile et le bilan final était sans appel. Il s'agissait bien sûr d'un prévisionnel, il s'établissait à 7 000 morts ! Pourquoi un tel bilan ? Tout simplement parce que la population vivant à Mayotte est toujours plus importante. Elle était de 70 000 âmes en 1984, contre 212 645 en 2012 selon l'Insee. Qui plus est, dans les années 80, le phénomène migratoire était inexistant, aujourd'hui, il est considérable et les habitats précaires sur les hauteurs du chef-lieu mais aussi partout sur le territoire puisqu'il existe 53 bidonvilles, se transformeraient en de véritables hachoirs. Les feuilles de tôles n'ont en effet plus la même configuration avec des vents de 200 à 300 km/h. Qui plus est, les favelas sont situées aux endroits les plus exposés, les plus escarpés où les glissements de terrain sous les fortes pluies se transformeront en coulées de boue emportant tout sur leur passage. Les caniveaux bouchés se rempliront et déborderont dans tous les quartiers, défavorisés ou non d'ailleurs. Qui plus est, en 1984, la végétation beaucoup dense plus retenait la terre. La culture intensive sur brûlis, l'urbanisation galopante et illégale ont créé en 2013 d'immense padzas ou zones de friches en pentes qui ne résisteront pas aux avalasses. Les grands arbres restant en zones urbaines qui n'ont pour l'immense majorité jamais été taillés seront arrachés et ils s'abattront sur les habitations. Mais encore dans le scénario du pire, les habitants ne sont plus préparés à ce type de catastrophe. La préfecture communique chaque année mais dans la pratique, bien peu de gens ont les moyens de constituer des réserves d'eau, de nourriture, de se tenir informés en écoutant la radio ou en regardant la télévision. Sans doute est-ce la raison pour laquelle lors des récents passages au large des côtes mahoraises, les autorités ont envisagé de réquisitionner l'usine UTV, Usine de Transformation de Viande, parce qu'il s'agit de la plus grande chambre froide de l'île où il serait possible d'y stocker les corps. En clair, la situation n'a pas beaucoup changé depuis 1984, elle est peut-être même pire. Certes des efforts ont été fournis, des abris ont été ciblés dans chaque village. Il n'en demeure pas moins que l'estimation des victimes avec ce dispositif était de 7000 morts en 2012. La préfecture va donc réactiver dans les prochains jours le plan de vigilance répétant les geste qui peuvent sauver des vies, et il ne restera plus qu'à espérer que 2013-2014 soient bel et bien les 29ème et 30ème année où le territoire sera épargné. Enfin et pour mémoire à Sada en 2004, le passage très au large du cyclone Gafilo avait fait 3 morts. La maison était en dur, mais un glissement de terrain avait tout emporté alors que la ministre de l'Outre-Mer Brigitte Girardin venait d'arriver.
En 1984, le cyclone Kamisy a douloureusement marqué la mémoire de la population mahoraise. Il a provoqué pour 135 millions de francs de l'époque de dégâts, équivalents au budget annuel de la Collectivité à cette période. Pour mémoire encore, Ernest a emporté la toiture de l'ancien tribunal alors que se déroulait une audience. Depuis il a été détruit et les magistrats ont déménagé à Kawéni.
Effets d'un cyclone selon la préfecture :
Les vents forts Menace directe pour les citoyens et les habitations : destructions partielles ou totales, projection d'objets, de tôles, chute d'arbres, encombrement des routes par les arbres abattus, difficultés ou impossibilité de se déplacer, destruction des réseaux de télécommunications et d'alimentation électrique, destruction partielle ou totale des récoltes
Les fortes précipitations : débordement des cours d'eau en crue, coulées de boue, glissements de terrain, ruissellement urbain, accumulation des eaux en zone basse
La surcote cyclonique : montée des eaux du lagon sous l'effet conjugué de la dépression atmosphérique + une haute mer à gros coefficient + l'effet de houle sous les vents violents
Liste des cyclones qui ont frôlé Mayotte ou sont passés au large depuis Kamizy en 1985 : Kamisy (1984), Feliksa (1985), Hanta (1990), Nadia (1994), Josta (1995), Doloresse (1996), Josie (1997), Astride (2000), Gloria (2000), Huda (2000), Dera (2001), Kesiny (2002), Atang (2002), Ernest (2005), Gafilo (2005), Anita, Gamède et Bondo (2007), Asma, Jokwé et Fame en 2008, Bongani (2009), Irina (2012)
Source : France Mayotte matin / Samuel Boscher
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