Pour qui va voter Jean Omer Beriziky lors de l'élection présidentielle du 25 octobre ? A Madagascar, Jean Omer Beriziky tient une place ...
Pour qui va voter Jean Omer Beriziky lors de l'élection présidentielle du 25 octobre ? A Madagascar, Jean Omer Beriziky tient une place à part. Nommé il y a deux ans à la tête d'un gouvernement d'union nationale, il est censé être un Premier ministre de consensus, ce qui lui donne une certaine liberté de parole. Et aujourd'hui, il en profite. De passage à Paris, le Premier ministre malgache a répondu aux questions d'Yves Rocle et de Christophe Boisbouvier.
RFI : Andry Rajoelina, Marc Ravalomanana et son épouse
Lalao n’ont pas le droit de se présenter, mais ils sont très présents
dans cette campagne, de visu ou par téléphone. Au fond, est-ce que les
candidats qui les représentent ne sont pas que des prête-noms ?
Jean Omer Beriziky : Je pense qu’il est vrai qu’ils sont appuyés par des personnalités politiques tels que les deux grands protagonistes de la crise que vous venez d’évoquer. Mais je pense que ces personnes-là devraient avoir quand même la responsabilité dans leur tête de ce qui les attend demain lorsqu’ils seront élus et ne pas être que des prête-noms qui seront au service de ces personnalités politiques.
Du côté de Monsieur et Madame Ravalomanana, le poulain du couple est clairement le docteur Jean-Louis Robinson.
Du côté d’Andry Rajoelina, plusieurs candidats revendiquent ce titre
de poulain. Quels sont, selon vous, les candidats qui sont réellement
soutenus par le président de la Transition ?
Je pense que le président de la Transition, avant tout, est le fondateur du parti TGV (Tanora malaGasy Vonona). Et le candidat du TGV est le président de la délégation spéciale de la ville d’Antananarivo, Monsieur Edgard Razafindravahy. Donc, à mon sens, le premier candidat qui est appuyé par le président de la Transition, c’est donc ce candidat-là.
Le maire par intérim de la capitale...
Ceci dit, il n’est pas à exclure non plus que le président de la Transition puisse soutenir la candidature de Monsieur Hery Rajaonarimampianina, ancien ministre des Finances, qu’il a choisi lui-même pour être ministre des Finances et qui est aujourd’hui un candidat très sérieux, très important, pour ces élections à venir. A mon avis, les soutiens du président de la Transition vont à ces deux candidats. Il y a un autre, son ancien Premier ministre, Camille Vital, qu’il ne faut pas non plus omettre de ses soutiens.
Ce dimanche, le docteur Jean-Louis Robinson, qui est donc le candidat du couple Ravalomanana, a annoncé que s’il était élu, il nommerait Madame Lalao Ravalomanana au poste de Premier ministre. Est-ce que cela vous a surpris ?
Oui, cela m’a surpris. Cela m’a donné quand même une certaine inquiétude. Vous savez, à Madagascar, souvent les gens qui sont au pouvoir essaient de diversifier un peu les responsabilités entre les Hautes terres, l’Imerina plus exactement, et les côtes. Si on a un président merina, on choisit souvent un Premier ministre côtier. Cette annonce me semble être prématurée aujourd’hui.
Parce qu’en l’occurrence cela ferait donc un président et un Premier ministre merina ?
Oui, par exemple. Mais de l’autre côté, il y a la Constitution. Cette Constitution de 2010 ne permet pas la nomination d’un Premier ministre par le président, mais plutôt par l’Assemblée nationale. Alors, comment un candidat peut-il aujourd’hui annoncer qu’il nommerait, lorsqu’il serait élu, un Premier ministre ?
De son côté, le président de la Transition Andry Rajoelina n’exclut pas de devenir le Premier ministre d’un futur président. Alors est-ce qu’au fond cette présidentielle n’est pas en train de devenir l’élection d’un futur Premier ministre ?
Oui, je pense que les personnes s’annoncent un peu trop tôt aujourd’hui. Encore faut-il avoir le maximum de députés pour pouvoir prétendre devenir Premier ministre.
Mais vous excluez le scénario d’un futur président de la République qui ne serait qu’une sorte de Medvedev qui s’effacerait, le moment voulu, devant le Poutine malgache ?
De nouveau, avoir des personnes qui verront des intérêts particuliers à partager, ce serait à mon avis dommage. A ce titre, je crois qu’un scénario à la « Poutine et Medvedev » ne serait pas une bonne solution.
Mais est-ce que Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana ne se pensent pas en Poutine ?
Je ne sais pas, mais je crois que le président qui ne serait qu’un pantin à la solde d’un Premier ministre, ce serait mauvais pour un pays comme Madagascar.
En fait, ce que vous dites, c’est qu’il faut que les deux derniers présidents se retirent définitivement de la vie politique ?
Peut-être pas définitivement, mais que le président de la Transition et l’ex-président de la République, tout simplement, laissent le pouvoir entre les mains de personnes élues, de personnes légitimes.
Ce qui veut dire qu’en fait, vous ne voterez pour aucun des candidats qui représentent ces deux personnalités ?
Ça, je ne vous le dirais pas, je pense que je vais conserver ce secret ! Mais j’accomplirais mon devoir de citoyen le temps venu.
Beaucoup disent que vous allez voter pour Hajo Andrianainarivelo.
C’est à mon avis de la rumeur qu’on essaie de propager. Moi, j’ai toujours annoncé que je n’étais ni candidat, ni un soutien pour quel que candidat que ce soit, à n’importe quel niveau des élections.
Le trafic du bois de rose, malgré toutes les mesures que vous avez prises, continue de plus belle. Est-ce que ce n’est pas la preuve que beaucoup de hauts fonctionnaires sont corrompus, y compris dans la police, la gendarmerie ?
Effectivement, beaucoup de fonctionnaires, et parfois de hauts responsables, sont impliqués dans ce trafic malheureux de bois précieux à Madagascar. Et, malheureusement, ces trafiquants ont des connexions avec des acheteurs chinois, dit-on. Souvent, les trafiquants malgaches sont aussi des métis chinois, donc qui parlent le chinois et qui ont des familles en Chine, dans le sud de la Chine, dans la région de Canton, à Guangzhou. Souvent les responsables laissent faire. Aujourd’hui, le président semble véritablement aller dans le sens de l’arrêt de ce trafic de bois de rose. Et je l’en remercie vivement.
Vous dites que le président Rajoelina semble décidé à porter un coup d’arrêt à ce trafic, ce qui laisse entendre qu’il n’a pas toujours été déterminé à le faire. Qu’en est-il de son entourage ?
Je pense que le président Rajoelina n’était pas véritablement en connaissance de cause. Mais son entourage ne peut pas garantir qu’il soit « clean », qu’il ne soit pas impliqué dans un réseau de trafic de bois de rose.
Vous évoquez des Chinois qui pourraient être impliqués dans ce trafic de bois de rose. On parle beaucoup d’un des candidats qui pourrait, lui, être financé par ces Chinois-là.
Le problème de ces élections à Madagascar, c’est qu’il n’existe pas de texte sur le contrôle du financement de la campagne électorale. Donc, s’il y a des candidats qui cherchent des financements en Chine, on ne peut pas les en empêcher. Certains candidats, pas tous, ont des moyens inestimables.
Et donc, serait-il possible que ce soit l’argent du trafic qui finance ces campagnes ?
Il est très difficile pour moi de dire d’où viennent ces sommes qui sont déversées dans la campagne mais, vis-à-vis de la pauvreté de la population, c'est un scandale !
Jean Omer Beriziky : Je pense qu’il est vrai qu’ils sont appuyés par des personnalités politiques tels que les deux grands protagonistes de la crise que vous venez d’évoquer. Mais je pense que ces personnes-là devraient avoir quand même la responsabilité dans leur tête de ce qui les attend demain lorsqu’ils seront élus et ne pas être que des prête-noms qui seront au service de ces personnalités politiques.
Je pense que le président de la Transition, avant tout, est le fondateur du parti TGV (Tanora malaGasy Vonona). Et le candidat du TGV est le président de la délégation spéciale de la ville d’Antananarivo, Monsieur Edgard Razafindravahy. Donc, à mon sens, le premier candidat qui est appuyé par le président de la Transition, c’est donc ce candidat-là.
Le maire par intérim de la capitale...
Ceci dit, il n’est pas à exclure non plus que le président de la Transition puisse soutenir la candidature de Monsieur Hery Rajaonarimampianina, ancien ministre des Finances, qu’il a choisi lui-même pour être ministre des Finances et qui est aujourd’hui un candidat très sérieux, très important, pour ces élections à venir. A mon avis, les soutiens du président de la Transition vont à ces deux candidats. Il y a un autre, son ancien Premier ministre, Camille Vital, qu’il ne faut pas non plus omettre de ses soutiens.
Ce dimanche, le docteur Jean-Louis Robinson, qui est donc le candidat du couple Ravalomanana, a annoncé que s’il était élu, il nommerait Madame Lalao Ravalomanana au poste de Premier ministre. Est-ce que cela vous a surpris ?
Oui, cela m’a surpris. Cela m’a donné quand même une certaine inquiétude. Vous savez, à Madagascar, souvent les gens qui sont au pouvoir essaient de diversifier un peu les responsabilités entre les Hautes terres, l’Imerina plus exactement, et les côtes. Si on a un président merina, on choisit souvent un Premier ministre côtier. Cette annonce me semble être prématurée aujourd’hui.
Parce qu’en l’occurrence cela ferait donc un président et un Premier ministre merina ?
Oui, par exemple. Mais de l’autre côté, il y a la Constitution. Cette Constitution de 2010 ne permet pas la nomination d’un Premier ministre par le président, mais plutôt par l’Assemblée nationale. Alors, comment un candidat peut-il aujourd’hui annoncer qu’il nommerait, lorsqu’il serait élu, un Premier ministre ?
De son côté, le président de la Transition Andry Rajoelina n’exclut pas de devenir le Premier ministre d’un futur président. Alors est-ce qu’au fond cette présidentielle n’est pas en train de devenir l’élection d’un futur Premier ministre ?
Oui, je pense que les personnes s’annoncent un peu trop tôt aujourd’hui. Encore faut-il avoir le maximum de députés pour pouvoir prétendre devenir Premier ministre.
Mais vous excluez le scénario d’un futur président de la République qui ne serait qu’une sorte de Medvedev qui s’effacerait, le moment voulu, devant le Poutine malgache ?
De nouveau, avoir des personnes qui verront des intérêts particuliers à partager, ce serait à mon avis dommage. A ce titre, je crois qu’un scénario à la « Poutine et Medvedev » ne serait pas une bonne solution.
Mais est-ce que Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana ne se pensent pas en Poutine ?
Je ne sais pas, mais je crois que le président qui ne serait qu’un pantin à la solde d’un Premier ministre, ce serait mauvais pour un pays comme Madagascar.
En fait, ce que vous dites, c’est qu’il faut que les deux derniers présidents se retirent définitivement de la vie politique ?
Peut-être pas définitivement, mais que le président de la Transition et l’ex-président de la République, tout simplement, laissent le pouvoir entre les mains de personnes élues, de personnes légitimes.
Ce qui veut dire qu’en fait, vous ne voterez pour aucun des candidats qui représentent ces deux personnalités ?
Ça, je ne vous le dirais pas, je pense que je vais conserver ce secret ! Mais j’accomplirais mon devoir de citoyen le temps venu.
Beaucoup disent que vous allez voter pour Hajo Andrianainarivelo.
C’est à mon avis de la rumeur qu’on essaie de propager. Moi, j’ai toujours annoncé que je n’étais ni candidat, ni un soutien pour quel que candidat que ce soit, à n’importe quel niveau des élections.
Le trafic du bois de rose, malgré toutes les mesures que vous avez prises, continue de plus belle. Est-ce que ce n’est pas la preuve que beaucoup de hauts fonctionnaires sont corrompus, y compris dans la police, la gendarmerie ?
Effectivement, beaucoup de fonctionnaires, et parfois de hauts responsables, sont impliqués dans ce trafic malheureux de bois précieux à Madagascar. Et, malheureusement, ces trafiquants ont des connexions avec des acheteurs chinois, dit-on. Souvent, les trafiquants malgaches sont aussi des métis chinois, donc qui parlent le chinois et qui ont des familles en Chine, dans le sud de la Chine, dans la région de Canton, à Guangzhou. Souvent les responsables laissent faire. Aujourd’hui, le président semble véritablement aller dans le sens de l’arrêt de ce trafic de bois de rose. Et je l’en remercie vivement.
Vous dites que le président Rajoelina semble décidé à porter un coup d’arrêt à ce trafic, ce qui laisse entendre qu’il n’a pas toujours été déterminé à le faire. Qu’en est-il de son entourage ?
Je pense que le président Rajoelina n’était pas véritablement en connaissance de cause. Mais son entourage ne peut pas garantir qu’il soit « clean », qu’il ne soit pas impliqué dans un réseau de trafic de bois de rose.
Vous évoquez des Chinois qui pourraient être impliqués dans ce trafic de bois de rose. On parle beaucoup d’un des candidats qui pourrait, lui, être financé par ces Chinois-là.
Le problème de ces élections à Madagascar, c’est qu’il n’existe pas de texte sur le contrôle du financement de la campagne électorale. Donc, s’il y a des candidats qui cherchent des financements en Chine, on ne peut pas les en empêcher. Certains candidats, pas tous, ont des moyens inestimables.
Et donc, serait-il possible que ce soit l’argent du trafic qui finance ces campagnes ?
Il est très difficile pour moi de dire d’où viennent ces sommes qui sont déversées dans la campagne mais, vis-à-vis de la pauvreté de la population, c'est un scandale !