Azali Assoumani, la Mère Teresa de la démocratie à Madagascar

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Un putschiste multirécidiviste et têtu pour l’État de Droit et de la démocratie? Un brin facétieux, mais un homme heureux, cet Azali Ass...

Un putschiste multirécidiviste et têtu pour l’État de Droit et de la démocratie?

Un brin facétieux, mais un homme heureux, cet Azali Assoumani-là. Il a déjà gagné une place au Paradis en s’acharnant à faire rire les Comoriens et à les faire sortir de leur grisaille quotidienne, par des initiatives politiques à l’emporte-pièce. Un homme qui fait autant rire tout un peuple ne peut aller qu’au Paradis.


Voilà un homme qui a décidé de n’apporter que le rire aux Comoriens, et il a gagné le pompon quand il s’est fait nommer à la tête de la mission de supervision de l’élection présidentielle malgache, dont le premier tour a lieu le 25 octobre 2013. Rien que ça! Soyons justes et réjouissons-nous car l’ancien Président Azali Assoumani va évincer James «Jimmy» E. Carter, «le meilleur ancien Président des États-Unis», connu pour son engagement en faveur d’élections propres dans les pays du Tiers-Monde.

Cependant, en plaçant Azali Assoumani à la tête de la mission en question, la Commission de l’océan Indien (COI) a fait pire que se discréditer; elle a vendu son âme au Diable. En effet, les personnalités à qui sont confiées les missions de ce type doivent avant tout être courageuses et incorruptibles, notamment pour exiger que les élections soient entièrement libres et démocratiques, pour dénoncer celles qui ne le sont pas, au lieu de répéter comme un perroquet la fameuse phrase maudite: «Quelques irrégularités ont été constatées ici et là mais ne sont pas de nature à entacher la régularité et la sincérité du scrutin». Or, le 28 septembre 1995, le chef d’état-major de l’Armée comorienne qu’était Azali Assoumani a été le premier à se cacher à l’Ambassade de France à Moroni, pendant que Robert «Bob» Denard et ses affreux destituaient et exilaient le Président Saïd Mohamed Djohar. C’est le chef d’état-major qui devait donner le meilleur exemple à ses soldats, mais a prouvé son manque de courage. Et, un militaire, de surcroît un chef, sans courage est un désastre national. Notre Colonel Azali Assoumani, bien avachi et vautré sur un fauteuil sur les belles collines d’Antananarivo en train d’avaler de brochettes de viande de zébus ne dira pas un mot quand il verra les partisans d’un candidat bourrer les urnes frauduleusement et signer de faux procès-verbaux électoraux. Quel courage! Quel panache!

       Ensuite, on ne peut être promoteur de la démocratie à l’étranger que si on est un bon démocrate chez soi. Oublions le Sergent-chef Étienne Gnassingbé Eyadema du Togo et le Capitaine Blaise Compaoré du Burkina Faso, et concentrons-nous sur l’essentiel. L’essentiel, c’est quand, en avril 1999, le Premier ministre Abbas Djoussouf fit venir le Colonel Azali Assoumani en Conseil de ministre, en présence de l’Ambassadeur de France à Moroni et lui demanda de faire sécuriser, par l’Armée, les rues de Moroni afin d’arrêter les tracasseries envers les Anjouanais, mais l’officier refusa et plongea le pays dans une grave crise politique et diplomatique par son coup d’État du 30 avril 1999. C’est cet homme-là qui va promouvoir l’État de Droit et la démocratie à Madagascar? Soyons sérieux…

       Le 14 avril 2002, le même Azali Assoumani fit un brillant étalage de sa conception de la démocratie quand il s’est fait «élire» lors d’une mascarade tellement bouffonne et avilissante que ses challengers avaient choisi de ne pas cautionner la grosse magouille, refusant de se présenter au deuxième tour. Ce qui explique comment notre homme a été «élu» même par les morts et les absents, même par moi, qui étais au Maroc. On connaît le fameux mot d’un chef d’État arabe à son ministre de l’Intérieur, qui venait lui annoncer un score électoral supérieur à 99%: «Tu ne crois pas que tu as fait un peu fort cette fois-ci?». À la suite de cette mascarade grossière du 14 avril 2002, Azali Assoumani retournait à Beït-Salam pour un deuxième tour de piste de chef d’État. La piste de la démocratie est pavée de bonnes intentions. Donc, jusqu’en 2002, Azali Assoumani n’avait manifesté aucun penchant pour l’État de Droit et la démocratie, mais s’était contenté de se comporter en Caporal-chef, prenant trop de libertés avec la liberté, comme cela est de coutume en Afrique. Notre bon démocrate national!

       Bon. Est-ce que, enfin «adoubé» par la fraude électorale, Azali Assoumani s’est employé à se réconcilier avec l’État de Droit et la démocratie? Que nenni! Il a continué à se comporter en Caporal-chef. Les Mohéliens lui savent gré d’avoir nommé deux Premiers ministres nés à Mohéli: Bianrifi Tarmindhi et Hamada Madi Boléro. Mais, c’est sous Azali Assoumani que pour la première fois, les Comores furent accusées de faire dans et de la fausse monnaie. C’est sous Azali Assoumani qu’on a vu le Directeur des Impôts émouvoir aux larmes l’Ambassade de France à Moroni quand il s’y présenta avec une mallette de 100 millions de francs comoriens pour acquérir un bâtiment relevant de la mission diplomatique, qui l’avait prié de déguerpir avec sa mallette de 100 millions de francs. Après la «gendrocratie», dont Saïd Mohamed Djohar avait été l’habile pionnier, Azali Assoumani avait prouvé que lui aussi avait le «sens de la famille». Il avait élevé le népotisme au rang de seule vertu cardinale. Notre bon démocrate national, pour qui nous sommes tous prêts à mourir!
      L’officialisation de l’insularité comme base de la «gouvernance», la présidence tournante avec ses dérives et excès insulaires, le règne de la minorité sur la majorité sur fond de présidence tournante, l’exacerbation de l’insularité et sa consécration constitutionnelle, et la constitutionnalisation du séparatisme, toutes ces dérives sont imputables à Azali Assoumani.

      Pendant quelques années, il s’était tenu tranquillement dans son coin, se contentant de diriger la prière des morts, en concurrence avec Ikililou Dhoinine. Mais, comme les élections présidentielles de 2016 s’approchent et comme il sait n’avoir aucune chance face au secrétaire général de la CRC, Houmed Msaïdié, il tenta un putsch au sein de ce parti. L’affaire atterrit devant le bureau du juge qui, après un premier jugement tiré par les cheveux, finit par admettre que c’est Houmed Msaïdié qui est fondé juridiquement à représenter la CRC et non Azali Assoumani et ses guérilleros et despérados. Cet homme qui ne connaît la démocratie ni au sein de l’État, ni au sein de son parti va-t-il promouvoir la démocratie à Madagascar? Hum.

      C’est sympa de voir le bon Ikililou Dhoinine recevoir le brave Azali Assoumani et les autres membres de sa mission d’observation. Mais, les Comoriens ont commencé à sortir du sommeil et seront très vigilants car Azali Assoumani est candidat à l’élection présidentielle de 2016 aux Comores. Les démocrates et les républicains comoriens doivent empêcher la COI de participer à la supervision des prochaines élections comoriennes. La COI n’est plus crédible. En 2006, les Comores avaient organisé des élections libres et démocratiques. Alors que le régime politique d’Azali Assoumani s’apprêtait à organiser des fraudes massives en faveur de son candidat, l’Afrique du Sud du très austère Thabo Mbeki avait sécurisé les élections, et Ahmed Sambi avait élu très démocratiquement. Mais, l’élu démocratiquement de 2006 s’est employé en 2010 à faire régresser la liberté en matière électorale, faisant pâlir d’envie et de honte Augusto Pinochet, Jean-Bedel Bokassa, Lansana Conté et autres dictateurs morts.

       Les petites combines entre Beït-Salam et Azali Assoumani en prévision des élections de 2016 ne doivent pas se faire sur le dos du peuple comorien et de la démocratie aux Comores. Aujourd’hui, Azali Assoumani est juge à Madagascar, et sera partie aux Comores demain. De grâce, Messieurs les bons démocrates aux arrangements faciles, épargnez les Comores de vos petits calculs d’apothicaires et de vos salamalecs de marchands de tapis et de chameaux. Les Comoriens risquent de s’énerver en 2016 si on essaie de les prendre pour des moutons. La COI n’aurait jamais nommé Azali Assoumani et ses compagnons sans l’aval d’Ikililou Dhoinine. Le coup est donc parti de Beït-Salam. On vous surveille donc, chers Messieurs.

Par ARM
© www.lemohelien.com – Mardi 22 octobre 2013.
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