La vente de la participation (51%) du Crédit Agricole dans la BNI -première Banque de Madagascar- à un consortium improbable sans aucune r...
Du moins officiellement. Nous en sommes proches néanmoins, la balle restant dans les faits dans les mains du vendeur (Crédit Agricole). C'est tout à l'honneur de MEDIAPART d'avoir révélé depuis quelques semaines (re articles de Philippe Divay sur le Blog) les dessous de cette transaction scabreuse, de surcroît entachée de la mort subite du Gouverneur de la Banque Centrale s'opposant à ce «hold-up». En effet, comment qualifier autrement la vente forcée avant les élections, par une autorité politique corrompue, d'un fleuron bancaire Malgache (dont l'Etat est actionnaire au hauteur de 34%) à une association de deux investisseurs sans expérience bancaire (ou si peu) qui ne pourront en conséquence empêcher des conséquences négatives en cascade sur l'économie du pays?
Comment expliquer cette pression sur les acteurs et cette hâte à boucler cette transaction avant les élections si ce n'est par l'utilisation d'une «fenêtre d'opportunité» crée par la malléabilité intéressée du pouvoir, décidé avant de céder la place, à s'en mettre «plein les poches» (les exemples abondent depuis 4 ans) au mépris des intérêts à long terme du peuple Malgache ?
A ce stade il nous faut être précis. Il n'est nullement question ici de remettre en cause ni de discuter la décision de la vente de la participation du Crédit Agricole dans cette banque Malgache qui n'appartient qu'à elle. BNP Paribas a fait de même récemment. Néanmoins, on ne cède pas une banque comme n'importe quel actif, dans la mesure où cette cession a des répercutions, quel que soit le pays, sur l'économie du pays de l'établissement concerné. Le régulateur doit donner son aval. Les grands établissements internationaux qui procèdent à ce type de cessions après avoir été longuement présents dans le pays qu'ils quittent, mettent généralement un point d'honneur à partir dans des conditions les plus dignes possible, ne serait ce que pour éviter de froisser l'Etat de ce pays et éviter d'etre durablement taxé d'avoir eu un comportement de voyou irresponsable. Nous sommes précisément dans ce cas. Et cet aval des autorités de régulation, est bien une des conditions suspensives formulées par le Crédit Agricole, pour valider l'offre qui lui a été faite. Mais là où le bas blesse c'est dans les conditions particulièrement violentes et extrêmement douteuses pour ne pas dire plus, dont cette autorisation est en passe d'être obtenue, provoquant (accidentellement) la mort du Gouverneur de la Banque Centrale censé représenter le dit régulateur! La chose est peut être courante me direz vous mais très rarement aussi violente et toujours secrète.
Ici, l'extraordinaire, c'est que tout le monde sait et connaît la nature des pressions exercées sur la commission bancaire (CSBF) et le pauvre Gouverneur, les défauts évidents du consortium de reprise (pas d’opérateur bancaire) ainsi que l'intérêt pécuniaire des autorités politiques qui ont exercé les pressions comme des repreneurs qui ont probablement décelé dans le bilan de l'établissement quelques pépites qui, vendues, rendront l'affaire plus juteuse encore qu'il n'y paraît. Tout le monde sait! Ce "hold-up" se réalise au vu et au su de tous !
Parfaitement informé de toutes ces tractations dans la mesure où il est le vendeur, le Crédit Agricole dont le silence était assourdissant depuis quelques semaines, contacté par Laurent Mauduit (voir article du 21 septembre L'insoutenable légèreté du Crédit Agricole), s'est autorisé un communiqué insipide dans lequel il se retranche derrière les régulations nationales et internationales (nul doute qu'elles seront respectées à la lettre), la pseudo implication rassurante de la Banque Mondiale (elle cède également une petite participation dans cette Banque mais n'a bien sur pas les même obligations, étant minoritaire) tout en suggérant fortement que les «bruits» entourant cette transaction pourraient bien être dus à la Campagne électorale actuellement en cours... Fermez le ban! Circulez, il n'y a rien à voir!
Il est à parier que la stratégie du dos rond et de l'enfumage est à l'œuvre pour permettre au Crédit Agricole de boucler tranquillement son opération, mettant ainsi un point d'orgue à sa stratégie de repli du continent africain, entamé depuis quelques années. Cette stratégie de «non communication» -espérant que le soufflé ne retombe de lui même- ne trompe personne. Elle est indigne d'un grand établissement bancaire et des règles de transparence qu'il se targue d'afficher. Alors que les choses soient claires. Si d'aventure, comme tout le laisse à penser, cette vente avec les acheteurs actuels déclarés allait à son terme, il ne saurait être question pour le Crédit Agricole de dire ensuite qu'il «ne savait pas» et ignorait les conditions d'obtention des accords demandés! Ce sera pleinement conscient des conditions nauséabondes et quasi mafieuses dont ces autorisations ont été obtenues et averti de l'inexpérience des repreneurs comme des conditions difficiles dont cet établissement pourra remplir à terme sa mission dans l'économie Malgache que cette Banque «responsable» affichant les plus beaux principes de respectabilité et d'acteur du développement, aura procédé à sa vente, se faisant ainsi volontairement complice de telles pratiques dont elle aura tiré profit.
Nous ne pouvons qu'en tirer tristement la conclusion qu'il faut que l'honneur de Madagascar, accessoirement celui de la France à Madagascar, et la réputation de cette grande Banque internationale aux principes fondateurs si respectables aient pesé de bien peu de poids, pour ne pas avoir immédiatement pris des distances avec de telles pratiques risquant par la même de conserver durablement cette tâche infamante indélébile que tout effort de «communication» à l'avenir tentera vainement de faire oublier! Le prix de cette attitude la disqualifiant définitivement de toute respectabilité? celui de la transaction, soit 25 M Vingt cinq millions ) d'Euros sur un produit net bancaire affiché au premier semestre 2013 du groupe Crédit Agricole de 15,2 milliards d'Euros!... La cupidité n'a pas de limite.
Bon appétit Messieurs les Banquiers !
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