Face à la fronde des abonnés de Comores Télécom survenu après le blocage des services de VoIP, notre seul fournisseur s’est trouvé dans ...
Face à la fronde des abonnés de Comores Télécom survenu après le blocage des services de VoIP, notre seul fournisseur s’est trouvé dans l’obligation d’offrir des explications crédibles sur les motivations de telles mesures.
On salue du moins le geste, même si nous restons toujours sur notre faim, car de leur part nous n’attendions pas qu’on vienne nous servir d’une lapalissade ; depuis plus d’une décennie, il est clair aux yeux de tous ceux qui s’intéressent aux technologies que les revenues des moyens traditionnels de communication baissent drastiquement face à la montée de nouvelles approches innovatrices en communication comme l’est la VoIP.
La plus importante information qu’on aimerait savoir de Comores Télécom c’est leur approche d’adaptation face à de tels changements, mais il est clair qu’entre s’adapter et réajuster le modèle économique de l’entreprise en accord avec les besoins des clients et la réalité du domaine, ou s’arcbouter sur les sources de revenues traditionnelles quoique devenant obsolètes avec le temps, notre unique fournisseur a déjà choisi son camp.
Ceux qui font du business de quelle nature que ce soit, vous diront que la meilleure équipe managériale est celle qui arrive à adapter l’entreprise et son modèle économique avec les évolutions qui occurrent dans le domaine. Et emprunter la voie inverse, correspond à s’enfoncer encore plus car une chose est sure, on ne peut pas stopper le progrès.
Ceci est encore plus vrai dans le domaine de la téléphonie quand la tendance est vers une chute vertigineuse des revenues du fixe et du mobile dans les années à venir. Selon le site spécialisé dans le domaine, The Digital Journal, les pertes des revenues des opérateurs téléphoniques engendrées par l’utilisation de la VoIP s’élèveront à 479 Milliards de dollars pour les 7 années à venir.
Dans le même sens, Xi Guohua, PDG de China Mobile Ltd, plus grande société mobile dans le monde en nombre d’abonnés a confié au journal China Daily, dans le cadre du Congrès Mondiale de la Téléphonie Mobile qui s’est tenue à Barcelone cette année, que les pertes dans le service SMS de 2009 à 2011 s’élèvent à 53,6 Milliards de Yuan au sein de son entreprise.
Alors on peut bien remarquer que les bonnes raisons qu’évoque le Directeur des NTIC de Comores Télécom relèvent d’un constat sans appel que tous les opérateurs téléphoniques dans le monde ont fait et ont de plusieurs manières essayé de s’adapter sans nuire à leurs abonnés.
Mais très pratiquement qu’est-ce que Comores Télécom peut faire, face à de telles pertes dans ses revenues ?
La première chose à faire est d’abord un constat des faits. Le présent des communications et surement son future se trouvent dans les nouvelles technologies comme la VoIP car moins couteuses et de plus en plus performantes ; en tant qu’abonné au service payant de Skype, qui n’est pas du tout le plus rentable sur le marché, une recharge de 10 Euros, m’offrent une heure de communication internationale vers des réseaux mobiles. Avec 5000 Fc cela ne correspond même pas à 20 minutes de communication chez Comores Télécom.
Quant aux approches à adopter plusieurs options s’offrent aujourd’hui aux opérateurs de téléphonies.
Une de ces options est de se lancer dans le marché du VoIP. Cela peut paraître suicidaire aux yeux de beaucoup d’entre nous, mais nous savons tous que derrière cette technologie se brassent des milliards de dollars. Des opérateurs mobiles comme Verizon aux Etats-Unis se sont spécialisées dans les services VoIP pour entreprises (Téléconférences, etc.) et rien qu’en 2013 ils ont enregistré une hausse de 6% des revenues VoIP quand le mobile et la connexion câblée en ont chuté de 2.6%.
Pour rester dans une tradition économique proche de la nôtre, il serait notable de noter que l’opérateur français Orange vient de lancer cette année pour ses abonnés détenteurs de Smartphones sous Android et ayant accès au 3G ou à un réseau Wifi le service VoIP d’appels gratuits Libon. Cet outil de communication tout en un, permet d’effectuer des appels audio, vidéo en haute définition, des MMS personnalisés, et se veut un concurrent des autres logiciels similaires comme Skype et Viber. Et Orange n’est pas le seul à se lancer dans ce genre de services, T-Mobile a son application similaire CleverConnect depuis un moment.
Mais on peut bien se demander en quoi un service d’appel gratuit peut apporter à Orange ? Une des réponses majeures est le trafic des données. Ce domaine génère beaucoup d’argent aux fournisseurs Internet et reste une source de revenue d’avenir vu l’utilisation accrue des Smartphones et autres tablettes.
Le trafic des données est le revers positif que Comores Télécom devait voir sur l’utilisation de cette technologie, et pouvoir miser dessus notamment pour l’avènement du réseau 3G.
Alors, dans un monde qui mute à la vitesse de l’éclair, dans un univers économique où la tendance marketing est le «customer driven business » : un marketing basé sur les besoins et la satisfaction du client, Comores Télécom doit penser à s’adapter, à réajuster ses services, à diversifier ses revenus, bref à revoir complètement son modèle commercial, pour espérer survivre notre époque.
Jouer au fournisseur-régulateur, n’apportera rien ni à l’entreprise, ni à sa clientèle que nous sommes, et loin que d’apparaître comme des troublions qui veulent déstabiliser l’entreprise, qu’on nous respecte en tant que clients
éveillés et motivés à grandir ensemble avec la boite dans notre temps et dans nos besoins.
Toimimou Ibrahim
CEO SmartView Web Solutions