Koulthouyoune Combo est née à Mayotte le 29 décembre 1992, de parents comoriens sans papiers, installés sur l'île depuis plus de vingt a...
Koulthouyoune Combo est née à Mayotte le 29 décembre 1992, de parents comoriens sans papiers, installés sur l'île depuis plus de vingt ans. Le 10 janvier, alors qu'elle se rend au centre médical de Passamainty pour le suivi de sa grossesse, elle subit un contrôle d'identité et part immédiatement en rétention, au centre de Pamandzi.
Le 12, elle est expulsée sans rien d'autre qu'un carnet de santé prouvant sa grossesse et sa propre déclaration de naissance vers Anjouan … où elle n'a jamais mis les pieds et ne connaît personne.
Le 13 janvier, les autorités comoriennes, fortes d'un accord franco-comorien de mars 2011 déterminant les limites des expulsions de leurs ressortissants, décident de la renvoyer à ses expéditeurs, à Mayotte. Elle embarque sur le bateau qui lui a fait faire la traversée en sens inverse la veille, avec une note du commissaire comorien Youssef Ahmed Ali, justifiant son refoulement et rappelant à la France les limites des expulsions qu'elle a elle-même entérinées: «Non-séparation des familles, non-refoulement des personnes malades ou enfants scolarisés et la possibilité offerte aux personnes refoulées de récupérer leurs biens et effets personnels.»Koulthouyoune relève bien des premier et troisième items, et même du deuxième si l'on considère la fragilité inhérente à l'état de grossesse.
Mais la police aux frontières mahoraise ne l'entend pas ainsi, et la préfecture décide de s'asseoir sur les accords franco-comoriens: à peine a-t-elle posé le pied sur le port de Dzaoudzi, à Mayotte, qu'elle est à nouveau interpellée et placée en zone d'attente… puisse retrouve à nouveau embarquée pour une autre traversée vers Anjouan.
Elle est enceinte, enfermée et ballottée entre les deux pays, mais cela ne gêne pas outre mesure les autorités des deux côtés du bras de mer qui sépare Mayotte de la «Grande Île»…
Le 15 janvier, les Comores renvoient la malheureuse Koulthouyoune, toujours munie de la même note, vers la France, qui s'empresse de retourner cet encombrant ballot à Anjouan, au mépris des conventions signées et de la plus élémentaire humanité! De guerre lasse, les Comores décident de garder Koulthouyoune… sans ressources, sans famille, sans soutien.
En l'espace d'une semaine, la jeune femme et son futur enfant auront subi trois expulsions, trois refoulements, six voyages en bateau et connu les conditions de vie infâmes du centre de rétention de Padmanzi et de la zone d'attente du port de Mutsamudu.
«Fermeté et humanité», martèle Valls… Fermeté, assurément. Acharnement, c'est certain. Quant à l'humanité… pas plus sous le soleil ultramarin qu'en métropole! Source : Charlie hebdo
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