photo illus palais de justice. DC Il nie l'évidence qu'il était payé pour être aux avant-postes des Iris le 8 février 2008 tandi...
Il nie l'évidence qu'il était payé pour être aux avant-postes des Iris le 8 février 2008 tandis que les autres réglaient son compte au dealer comorien de 19 ans au fond d'une cave. « C'était un sous-guetteur », souffle Me Christine D'Arrigo. Abdelkader Benmenni a écopé en mars de 3 ans ferme aux assises pour coups mortels. « C'est pas vous qui faites le chouf dans la cité d'habitude ? Vous êtes avec toute la bande de ceux qui traînent, qui ne foutent rien de toute la journée et vous ne faites pas partie du système ?! », s'enflamme le juge Ardid devant un prévenu imperturbable brode sa version. « C'est pas vrai. ce jour-là, j'achetais un Lacoste à Grand Littoral » – « Et les 120 euros du tricot d'où ça sort ?! » – « De ma mère, elle me gâtait beaucoup... »
« Vous êtes en train de me chauffer le crâne ! »
Le ton monte avec Bilal Hnine, ce jeune de 20 ans que les Renseignements généraux incluent dans l'équipe dirigeante du trafic des Iris. « J'ai jamais vendu, j'ai déjà guetté mais y a bien longtemps ! » Il est vu donnant des sacoches de produit aux dealers. C'est lui qui plonge la tête de Taoufiki dans la bassine d'eau après que Kindy Moulet la lui eut éclatée à coups de pieds. Il admet, allez, « trois, quatre taquets » dans la bouche de Morad de la Busserine qui a braqué leur point de vente. « N'importe quoi, c'est des on-dit, des rumeurs ! », se mare le prévenu avec ces potes dans le box. « Et ça me fait rire parce que c'est n'importe quoi ! Vous êtes en train de me chauffer le crâne ! », déborde le rebelle sommé de s'excuser par son avocat. Ses conversations interceptées en prison sont d'anthologie : il demande à la copine de venir au parloir avec du shit planqué dans le soutif pour dealer en taule. « Je me suis fait 50 euros aujourd'hui, çà peut me rapporter 250 euros par semaine ! Je fais de l'argent comme dehors ! » - « Un petit smic ! », commente navré le juge. Bilal donne aussi des conseils : « Tu bloques les gendarmes et tu viens avec des Kalash car eux n'ont que des petits calibres ! » Et consulte sa voyante qui a vu juste sur la peine : « tu vas te prendre deux ans, il te faut mettre un tricot sale pour te désenvouter. » Il invective en passant juges et procureur, « ces fils de pute » - « C'était nous, merci monsieur ! », grimace le président, ce qui augure rien de bon.
Tout le contraire de Frank Chevassu qui a fui les Iris où il charbonnait depuis 2006. Il s'était déjà fait gauler. On le retrouve dealant en semi-liberté. « Je guettais le soir après l'école. C'était pour aider ma mère, elle était au courant. Elle m'a dit que j'étais grand. Le temps de faire mes devoirs et j'y allais, ça me rapportait 50 euros la demi-journée », raconte le jeune.
« J'commandais personne, j'suis pas le chef, moi j'fais le guet, j'revendais des barrettes. J'étais incrusté dans le réseau », bougonne, le pas commode Nabil Seba, 30 alias « Bison » pour son physique petit trapu. « Je vois qui va travailler, qui va à l'école », dit le Cerbère des Iris qui en contrôlait les entrées. « L'appartement 61, c'était un squat. A la base, c'est moi qui l'ait pris. Il m'arrivait de crécher dedans et d'y couper du shit. »
« Ils m'accordent du respect comme à vous ! »
« J'reconnais pas le trafic. J'ai pas l'oeil sur un réseau qui ne me regarde pas ! », prévient Foued Tir, 31 ans, obèse sous insuline. 12 ans aux assises pour les coups fatals portés à Taoufiki qu'il « a jamais tué ». Réputé violent, l'ex-animateur du centre social des Flamants est décrit faisant régner la terreur aux Iris. « Êtes-vous un grand de la cité ? », tente le juge. « Ils m'accordent du respect comme à vous ils vous en accordent ! », nuance l'homme fort. « Ce genre de respect j'en voudrais pas ! T'es au chômage avec deux enfants mais va passer tes après midi à l'Anpe, C'est quoi cette vie trouble ? », s'énerve le président Ardid.
Oukache Ousseini, 36 ans, avait laissé son appart en nourrice aux dealers. « 16.000 euros en 14 mois, c'est ça le prix du silence ! » - « J'ai de suite compris que c'était eux qui avaient tué Mohamedi. Kindy a sorti une liasse de billets de 7.000 euros. Tu repars aux Comores et tu ne reviens plus avant 5 ans. »
David COquille
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