Youssef al-Qaradaoui lors d'un séance de prières à Benghazi, en Libye, le 9 décembre 2011. (Photo Esam Al-Fetori. Reuters) Il a été i...
Youssef al-Qaradaoui lors d'un séance de prières à Benghazi, en Libye, le 9 décembre 2011. (Photo Esam Al-Fetori. Reuters) |
Dans une campagne chamboulée par les tueries de Mohamed Merah, le Front national et le député PS Manuel Valls ont dénoncé ce week-end l'invitation adressée par l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) à deux prédicateurs controversés, pour son rassemblement le 6 avril au Bourget.
L'élu de l'Essonne avait notamment affirmé que «les services diplomatiques avaient délivré un visa» à Youssef Al-Qaradaoui, précisant que pour ce Qatari d'origine égyptienne «le jihad est un devoir pour tous les musulmans». Il a ajouté que ce prédicateur influent intervenant sur la chaîne Al-Jazira était «également connu pour ses fréquents propos antisémites».
Le second religieux, Mahmoud al-Masri, est un prédicateur égyptien qui, selon le FN, a lui aussi tenu des propos antisémites et antichiites.
Invité lundi de France Info, Nicolas Sarkozy s'est montré catégorique.
«J'ai indiqué à l'émir du Qatar lui-même que ce monsieur n'était pas le bienvenu sur le territoire de la République française», a dit le chef de l'Etat en parlant de Youssef Al-Qaradaoui, qui est titulaire d'un passeport diplomatique et n'a donc pas besoin de visa pour se déplacer.
«Il va y avoir un congrès d'une organisation, en l'occurrence l'UOIF. J'ai indiqué que ne seraient pas les bienvenus sur le territoire de la République un certain nombre de gens qui avaient été invités (...) et qui tiennent, ou qui voulaient tenir, des discours qui ne sont pas compatibles avec l'idéal républicain», a-t-il ajouté, sans dire si cela concernait aussi Mahmoud al-Masri.
«Ouléma modéré»
L'Union mondiale des oulémas musulmans, que dirige Youssef al-Qaradaoui, a déclaré que la France avait refusé de lui accorder un visa, et s'en est étonné.
«Nous nous étonnons et nous reprochons à la France son refus d'accorder un visa à cheikh Youssef al-Qaradaoui alors qu'il est un ouléma modéré qui a contribué à débarrasser les concepts islamiques de l'extrémisme», a déclaré à l'AFP cheikh Ali Kardaghi, secrétaire géénral de l'Union.
Il a en outre affirmé que son organisation «condamne avec force l'agression terroriste de Toulouse». «Il ne convient pas de tuer les enfants et les hommes de religion en temps de guerre. Alors qu'en dire en temps de paix et dans un pays qui est notre allié», a-t-il ajouté.
Sollicité par l'AFP, l'UOIF, mouvement proche des Frères musulmans, n'a de son côté pas souhaité réagir pour le moment.
Dès dimanche, le conseiller spécial du président Henri Guaino avait assuré que la France ne voulait «aucun prêcheur extrémiste» sur son territoire. Il y a «beaucoup de personnes qui vont faire l'objet de mesures d'interdiction du territoire à la suite» de l'affaire de Toulouse, a-t-il aussi prévenu.
Youssef Al-Qaradaoui, 86 ans, connu pour sa véhémence contre les chiites et qui intervient également sur le site IslamOnline, est considéré comme l'un des plus influents prédicateurs de l'islam sunnite.
Il a quitté l'Egypte dans les années 1960 après avoir été emprisonné par le régime de Gamal Abdel Nasser qui a sévi contre les Frères musulmans.
Le 18 février 2011, il a conduit la prière place Tahrir, au Caire, peu après le départ d'Hosni Moubarak sous la pression de la rue.
Al-Qaradaoui, qui sur sa page facebook affiche une photo de lui avec l'ancien maire de Londres Ken Livingstone, est aussi le principal animateur des séminaires de dialogue entre les religions qu'organise notamment le Qatar.
La France entretient des rapports étroits avec ce petit émirat du Golfe. Cette alliance s'est entre autres illustrée l'an dernier en Libye, lorsque le Qatar a appuyé à l'ONU les efforts de Paris et Londres pour des frappes contre le régime de Mouammar Kadhafi, auxquelles les forces qataries ont participé.
Mahmoud al-Masri est pour sa part un prédicateur salafiste du Caire qui anime une émission intitulée «Une nuit dans la maison du Prophète» sur une chaîne satellitaire islamiste (Iqraa). Selon son site internet, il s'est déjà rendu en France par le passé pour délivrer discours et sermons.
(AFP) avec libération.fr
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