L'Union africaine a proposé une "feuille de route" prévoyant que le président sortant Abdoulaye Wade, 85 ans, à la candidature...
La mission d'observation de l'Union africaine au Sénégal a appelé samedi à "échapper au chaos" en limitant à deux ans le mandat du président sortant Abdoulaye Wade, 85 ans dont 12 au pouvoir, s'il est réélu dimanche, alors que sa candidature reste contestée par l'opposition.
Cette proposition survient alors que le chef de l'Etat béninois et président en exercice de l'Union africaine (UA), Thomas Boni Yayi, a lancé un appel au calme au Sénégal, peu après que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, se soit dit "inquiet".
"Ce pays doit échapper au chaos, à la tragédie, au désastre. Nous croyons qu'il faut faire retomber la tension pour qu'une élection pacifique, libre et transparente puisse avoir lieu", a déclaré l'ex-président nigérien Olusegun Obasanjo, chef de la mission de l'UA lors d'une conférence de presse à la veille du scrutin présidentiel.
"Le président Wade a indiqué que s'il remportait les élections, il aurait besoin de trois années (pour achever ses projets, ndlr). L'opposition ne veut pas qu'il reste plus d'une année. Nous avons décidé d'une proposition médiane et suggéré une durée de deux ans", a expliqué M. Obasanjo.
La durée du nouveau mandat présidentiel est de sept ans.
"Aucun camp n'a accepté" cette proposition, a cependant reconnu M. Obasanjo, qui a rencontré ces derniers jours le président Wade, l'opposition et des membres de la société civile.
Ironie de l'histoire, Olusegun Obasanjo avait été contraint en 2006 de renoncer à un troisième mandat à la tête du Nigeria sous la pression de son opposition, mais aussi de pairs africains... dont Aboulaye Wade.
Le porte-parole de la présidence, Serigne Mbacké Ndiaye, a rejeté samedi toute discussions avec l'opposition, sous la médiation d'Olusegun Obasanjo, en vue de reporter la présidentielle.
"A ce sujet, je voudrais réaffirmer avec force qu'aucune discussion n'est engagée par le président de la République ou par un quelconque mandataire désigné dans cette perspective", a-t-il dit dans un communiqué transmis à l'Agence de presse sénégalaise (APS).
"durée excessive de l'exercice du pouvoir"
Le Mouvement du 23 juin (M23) --coalition de partis d'opposition et d'organisations de la société civile-- a présenté samedi ses propres propositions, dont l'organisation d'une nouvelle élection présidentielle, "dans un délai de six à neuf mois", "à laquelle le président Wade s'engage à ne pas se présenter".
Un responsable du M23, Abdoul Aziz Diop, a précisé à l'AFP que cette proposition visait à "empêcher un coup d'Etat électoral", que serait selon lui la proclamation de la victoire d'Abdoulaye Wade dès le premier tour, qui est pour l'opposition "mathématiquement impossible".
"Ma majorité est si écrasante que je pense être élu avec un fort pourcentage dès le premier tour", a pourtant de nouveau assuré M. Wade, dans un entretien à l'hebdomadaire français le Journal du Dimanche.
"Une révolte des Sénégalais contre moi n'est pas pensable", a-t-il jugé, estimant que les manifestants qui réclament son départ "sont manipulés par des politiciens machiavéliques".
"Les Français et les Américains cherchent à m'embêter, parce que je ne suis pas docile. Je répondrai comme (l'ancien président Leopold Sedar) Senghor: +Je ne suis pas le nègre de service+", a-t-il poursuivi.
Le chef de la diplomatie française Alain Juppé avait estimé que "la durée excessive de l'exercice du pouvoir peut poser problème" au Sénégal, dans un entretien au magazine Jeune Afrique à paraître lundi.
La nouvelle candidature de M. Wade est jugée "illégale" par l'opposition, pour qui il a épuisé ses deux mandats légaux après son élection en 2000 et sa réélection en 2007. Ses partisans soulignent que des réformes de la Constitution en 2001 et 2008 lui donnent le droit de se représenter.
Les violences liées à sa candidature ont fait depuis fin janvier au moins six morts et des dizaines de blessés. Le M23 a parlé de "15 morts, 539 blessés".
La situation était très calme à Dakar samedi, y compris autour de la place de l'Indépendance, où les manifestations sont interdites. Mais les déclarations de plusieurs candidats, dont le président Wade, demandant à leurs partisans de "sécuriser" le vote pour éviter toute fraude, font craindre des troubles dimanche. Source :
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