C'est fait! Ikililou Dhoinine est officiellement devenu le huitième président des Comores. Le natif de Djwaezi a été investi hier au pal...
C'est fait! Ikililou Dhoinine est officiellement devenu le huitième président des Comores. Le natif de Djwaezi a été investi hier au palais de Hamramba à l'issu d'une cérémonie solennelle qui a réuni bien du monde. L'ancien vice-président a prêté serment devant la Cour constitutionnelle (Cc) à 11h11 pour devenir le premier Mohélien à accéder à la magistrature suprême de l'Etat pour les cinq prochaines années. Même chose pour ses vice-présidents Fouad Mohadji, Mohamed Ali Soilihi et Nourdine Bourhane.
Cette journée, mémorable pour Ikililou, Mwali et tous les Comoriens, a commencé par une cérémonie de décoration de ce nouveau chef d'Etat. Le président Ikililou Dhoinine a été élevé vers 10h48, avant même sa prestation de serment, au rang de Grand maître des ordres nationaux qui est la plus haute distinction du pays. S'en sont suivies à partir de 10h51, l'entrée de la Cour, la lecture de l'arrêt de la Cc de déclarer officiellement Ikililou président des Comores et les prestations de serment.
Après sa prestation de serment, le président Ikililou a ensuite reçu les félicitations de hautes personnalités présentes à commencer par Andry Rajoelina, président de la Haute autorité de transition de Madagascar. Se sont ensuite succédés les chefs de délégations étrangères qui ont fait le déplacement jusqu'à Moroni et l'ensemble du corps diplomatique accrédité aux Comores. Salim Djabir a pris la parole vers 11h35 au nom des Comoriens et de la notabilité. L'ancien président de l'assemblée a demandé l'unité et expliqué que Ikililou Dhoinine n'est pas le président mohélien mais celui de l'ensemble des comoriens. "Aidons Ikililou pour la bonne gouvernance mais aussi pour défendre Mayotte", a-t-il soutenu. Le parole a ensuite été attribuée vers 11h52 au tout désormais ex-président Sambi qui a pris un bon quart-heure pour faire ses adieux.
"Le devoir m'a amené à transmettre avec beaucoup d'espoir le relais au président Ikililou... avec la conscience du devoir accompli". Mohamed Abdallah sambi a déclaré avoir "initié l'unité du pays, stabilisé ses institutions et réactivé sa démocratie". Il est également revenu sur sa reconnaissance à l'endroit des partenaires "qui m'ont soutenu durant mon mandat", que ce soient pour l'opération "Démocratie à Anjouan" ou pour l'organisation de ces élections qui ont porté Ikililou à la tête du pays à qui il "laisse un pays dont l'horizon s'est éclairci". Sambi faisait, ainsi, allusion aux engagements de la Conférence de Doha sur les Comores et à la récente convention qu'il vient de signer avec la fondation Fatuma qui lui aurait promis une donation de 2 milliards d'euros pour le développement du pays.
Sambi a ensuite souhaité "bonne chance au président Ikililou", avant de se considérer comme "réserviste de la population et à la disposition du pays".
Le temps était alors venu au tout nouveau président investi de prononcer sa première allocution. Ce 26 mai 2011 à 12h40 ont retenti les premières notes de l'hymne nationale avec Ikililou Dhoinine comme président de l'Union des Comores. Il débute son discours en arabe - une première dans l'histoire des investitures présidentielles - avant de passer au français et de clore en langue nationale. Ces premiers mots étaient "de remercier avec beaucoup d'humilité" ses électeurs, toute la population comorienne et la communauté internationale avant d'affirmer que les "les défis sont immenses" et que pour y faire face il "ouvre la porte à toutes les bonnes volontés".
Le président Ikililou a entre autres défendu dans cette première allocution "la création d'emplois pour notre jeunesse et les reformes de notre administration". "On ne maintiendra pas les personnes qui n'ont pas donné de résultats et n'auront pas remplacé systématiquement ceux qui sont productifs par nos électeurs", a-t-il soutenu avec insistance. Après avoir terminé son allocution à 13h12, le président Ikililou a ensuite reçu le drapeau des mains du président Sambi, assisté au tir de coups de canons et passé en revue les troupes.
Cette cérémonie d'investiture du président Ikililou a pris fin vers 13h21 avec son départ du palais de Hamramba suivi de celui des différents invités. Un dîner officiel de gala devait être organisé hier soir au palais de Beit-Salam où le tout nouveau président Ikililou devient locataire pour les cinq prochaines années.
Irchad. O. D
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Une nouvelle présidence et nouvelles dispositions constitutionnelles
Le président de l'Union et ses trois vice-présidents, investis le 26 mai, sont élus sur la base du texte constitutionnel adopté par voie référendaire en 2009. Ce mandat de cinq ans, qui vient de s'ouvrir, mettra donc à l'épreuve toutes les modifications apportées à la constitution du 23 décembre 2001.
A la lumière de la disposition, insérée après la dernière phrase de l'alinéa 1er de l'article 15, qui stipule : "Le vice-président coordonne la mise en œuvre des actions des différents départements ministériels de l'Union, dans l'île dont il est issu et veille à la légalité des décisions de l'exécutif de l'île".
Auparavant, l'action gouvernementale de l'Union dans l'île était à la charge d'un coordonnateur, une disposition qui était seulement appliquée au niveau de Ndzuwani et Mwali par Azali et Sambi. La cohabitation du pouvoir central et de celui de l'île sur le territoire de Ngazidja aurait "occulté la nécessité d'un responsable de l'action gouvernementale sur place", selon l'argumentation d'alors. Compte tenu de l'expérience vécue où il y a toujours des écarts entre l'esprit et la lettre de nos textes, l'application sera, dans la pratique, telle que mentionne la nouvelle version de la constitution?
L'ancienne version de la constitution n'avait mentionné nulle part la dénomination de "président de l'île", ce sont les législateurs des anciens textes fondamentaux des îles qui l'ont écrit. La réforme constitutionnelle de 2009 a explicitement nommé les chefs des exécutifs insulaires "Gouverneurs". Parmi les raisons avancées pour la révision de la constitution, il fallait éviter les confusions des dénominations pour les responsables des exécutifs insulaires et de l'Union et aussi faire des économies budgétaire.
Désormais, il y a une nette distinction entre les chefs des exécutifs qui deviennent président et gouverneur, respectivement pour le pouvoir central et insulaire. Les parlements sont dénommés assemblée de l'Union et Conseil de l'île. Mais il y a eu, en même temps, la création d'une troisième vice-présidence qui engendrera la nomination d'un membre supplémentaire à la Cour constitutionnelle. Autres faits nouveaux insérés dans la nouvelle version de la constitution, "Le président de l'Union peut, après consultation du président de l'assemblée de l'Union, prononcer la dissolution de l'assemblée de l'Union" (alinéa 1er de l'article 12-1).
Cette disposition risque bien de menacer le principe, tant défendu, d'une harmonisation des élections des députés de l'Union et des conseillers des îles. Et pour essayer de créer un certain équilibre entre les deux pouvoirs, la nouvelle version de la constitution a inséré une disposition qui dit que "L'assemblée de l'Union met en cause la responsabilité d'un ou plusieurs ministres ou d'autres membres du gouvernement par l'adresse au président de l'Union d'une pétition. Une telle pétition n'est recevable que si elle est signée par un tiers au moins des membres de l'assemblée de l'Union" (alinéa 1er de l'article 33).
Ce qui est loin d'une motion de censure contre le gouvernement dont le chef n'est autre que le chef de l'Etat. Il est à relever aussi que, outre le fait que les vice-présidents ont traditionnellement la charge de diriger un département ministériel, la nouvelle version de la loi fondamentale dispose que "le président de l'Union peut déléguer certains de ses pouvoirs aux vice-présidents" (article 12-2). Peut-on espérer qu'il y aura plus de partage des tâches au sommet de l'Etat et que les choses iront mieux? On croise les doigts... Alwatwan
Cette journée, mémorable pour Ikililou, Mwali et tous les Comoriens, a commencé par une cérémonie de décoration de ce nouveau chef d'Etat. Le président Ikililou Dhoinine a été élevé vers 10h48, avant même sa prestation de serment, au rang de Grand maître des ordres nationaux qui est la plus haute distinction du pays. S'en sont suivies à partir de 10h51, l'entrée de la Cour, la lecture de l'arrêt de la Cc de déclarer officiellement Ikililou président des Comores et les prestations de serment.
Après sa prestation de serment, le président Ikililou a ensuite reçu les félicitations de hautes personnalités présentes à commencer par Andry Rajoelina, président de la Haute autorité de transition de Madagascar. Se sont ensuite succédés les chefs de délégations étrangères qui ont fait le déplacement jusqu'à Moroni et l'ensemble du corps diplomatique accrédité aux Comores. Salim Djabir a pris la parole vers 11h35 au nom des Comoriens et de la notabilité. L'ancien président de l'assemblée a demandé l'unité et expliqué que Ikililou Dhoinine n'est pas le président mohélien mais celui de l'ensemble des comoriens. "Aidons Ikililou pour la bonne gouvernance mais aussi pour défendre Mayotte", a-t-il soutenu. Le parole a ensuite été attribuée vers 11h52 au tout désormais ex-président Sambi qui a pris un bon quart-heure pour faire ses adieux.
"Le devoir m'a amené à transmettre avec beaucoup d'espoir le relais au président Ikililou... avec la conscience du devoir accompli". Mohamed Abdallah sambi a déclaré avoir "initié l'unité du pays, stabilisé ses institutions et réactivé sa démocratie". Il est également revenu sur sa reconnaissance à l'endroit des partenaires "qui m'ont soutenu durant mon mandat", que ce soient pour l'opération "Démocratie à Anjouan" ou pour l'organisation de ces élections qui ont porté Ikililou à la tête du pays à qui il "laisse un pays dont l'horizon s'est éclairci". Sambi faisait, ainsi, allusion aux engagements de la Conférence de Doha sur les Comores et à la récente convention qu'il vient de signer avec la fondation Fatuma qui lui aurait promis une donation de 2 milliards d'euros pour le développement du pays.
Sambi a ensuite souhaité "bonne chance au président Ikililou", avant de se considérer comme "réserviste de la population et à la disposition du pays".
Le temps était alors venu au tout nouveau président investi de prononcer sa première allocution. Ce 26 mai 2011 à 12h40 ont retenti les premières notes de l'hymne nationale avec Ikililou Dhoinine comme président de l'Union des Comores. Il débute son discours en arabe - une première dans l'histoire des investitures présidentielles - avant de passer au français et de clore en langue nationale. Ces premiers mots étaient "de remercier avec beaucoup d'humilité" ses électeurs, toute la population comorienne et la communauté internationale avant d'affirmer que les "les défis sont immenses" et que pour y faire face il "ouvre la porte à toutes les bonnes volontés".
Le président Ikililou a entre autres défendu dans cette première allocution "la création d'emplois pour notre jeunesse et les reformes de notre administration". "On ne maintiendra pas les personnes qui n'ont pas donné de résultats et n'auront pas remplacé systématiquement ceux qui sont productifs par nos électeurs", a-t-il soutenu avec insistance. Après avoir terminé son allocution à 13h12, le président Ikililou a ensuite reçu le drapeau des mains du président Sambi, assisté au tir de coups de canons et passé en revue les troupes.
Cette cérémonie d'investiture du président Ikililou a pris fin vers 13h21 avec son départ du palais de Hamramba suivi de celui des différents invités. Un dîner officiel de gala devait être organisé hier soir au palais de Beit-Salam où le tout nouveau président Ikililou devient locataire pour les cinq prochaines années.
Irchad. O. D
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Une nouvelle présidence et nouvelles dispositions constitutionnelles
Le président de l'Union et ses trois vice-présidents, investis le 26 mai, sont élus sur la base du texte constitutionnel adopté par voie référendaire en 2009. Ce mandat de cinq ans, qui vient de s'ouvrir, mettra donc à l'épreuve toutes les modifications apportées à la constitution du 23 décembre 2001.
A la lumière de la disposition, insérée après la dernière phrase de l'alinéa 1er de l'article 15, qui stipule : "Le vice-président coordonne la mise en œuvre des actions des différents départements ministériels de l'Union, dans l'île dont il est issu et veille à la légalité des décisions de l'exécutif de l'île".
Auparavant, l'action gouvernementale de l'Union dans l'île était à la charge d'un coordonnateur, une disposition qui était seulement appliquée au niveau de Ndzuwani et Mwali par Azali et Sambi. La cohabitation du pouvoir central et de celui de l'île sur le territoire de Ngazidja aurait "occulté la nécessité d'un responsable de l'action gouvernementale sur place", selon l'argumentation d'alors. Compte tenu de l'expérience vécue où il y a toujours des écarts entre l'esprit et la lettre de nos textes, l'application sera, dans la pratique, telle que mentionne la nouvelle version de la constitution?
L'ancienne version de la constitution n'avait mentionné nulle part la dénomination de "président de l'île", ce sont les législateurs des anciens textes fondamentaux des îles qui l'ont écrit. La réforme constitutionnelle de 2009 a explicitement nommé les chefs des exécutifs insulaires "Gouverneurs". Parmi les raisons avancées pour la révision de la constitution, il fallait éviter les confusions des dénominations pour les responsables des exécutifs insulaires et de l'Union et aussi faire des économies budgétaire.
Désormais, il y a une nette distinction entre les chefs des exécutifs qui deviennent président et gouverneur, respectivement pour le pouvoir central et insulaire. Les parlements sont dénommés assemblée de l'Union et Conseil de l'île. Mais il y a eu, en même temps, la création d'une troisième vice-présidence qui engendrera la nomination d'un membre supplémentaire à la Cour constitutionnelle. Autres faits nouveaux insérés dans la nouvelle version de la constitution, "Le président de l'Union peut, après consultation du président de l'assemblée de l'Union, prononcer la dissolution de l'assemblée de l'Union" (alinéa 1er de l'article 12-1).
Cette disposition risque bien de menacer le principe, tant défendu, d'une harmonisation des élections des députés de l'Union et des conseillers des îles. Et pour essayer de créer un certain équilibre entre les deux pouvoirs, la nouvelle version de la constitution a inséré une disposition qui dit que "L'assemblée de l'Union met en cause la responsabilité d'un ou plusieurs ministres ou d'autres membres du gouvernement par l'adresse au président de l'Union d'une pétition. Une telle pétition n'est recevable que si elle est signée par un tiers au moins des membres de l'assemblée de l'Union" (alinéa 1er de l'article 33).
Ce qui est loin d'une motion de censure contre le gouvernement dont le chef n'est autre que le chef de l'Etat. Il est à relever aussi que, outre le fait que les vice-présidents ont traditionnellement la charge de diriger un département ministériel, la nouvelle version de la loi fondamentale dispose que "le président de l'Union peut déléguer certains de ses pouvoirs aux vice-présidents" (article 12-2). Peut-on espérer qu'il y aura plus de partage des tâches au sommet de l'Etat et que les choses iront mieux? On croise les doigts... Alwatwan
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