Les Comores méritent mieux que la haine : elles méritent le respect. À force d'humilier et humiliation, dans une société fondée sur la valeur de l'hon
Pour une refondation du débat politique Comorien !
On ne cessera jamais de dire assez. L'espace politique Comorien traverse une dérive préoccupante. Là où s'affrontent les idées, s'élèvent désormais les injures, là où on attendait le débat, ne résonnent plus que les rires moqueurs et les attaques personnelles.
La parole publique s'est dévoyée, tronquant la critique argumentée contre la diffamation et la confrontation d'opinion contre la caricature. Les écrans d'épisodes visant certaines figures politiques, notamment la diffusion d'une vidéo fallacieuse tournant en ridicule l'ancien vice-président Mamadou, ou encore les propos calomnieux visant maître Larifou, avocat dont l'engagement auprès des Comoriens dans tous les recoins du monde est reconnu, traduisent une inquiétante banalisation de l'irrespect.
Ces pratiques ne relèvent pas de la satire politique, mais de la déshumanisation. Elles témoignent d'un effondrement moral et d'une profonde perte de repères éthiques dans notre vie publique.
C'est que beaucoup semble oublier, c'est que derrière chaque nom jeté en pâture à l'opinion, se cache un être humain, un père, une mère, un fils, un membre d'une famille dont le nom se trouve piétinés.
Qui parmi nous, accepterait que son propre père, sa mère, sa sœur et son frère soit ainsi livré à la vindicte populaire, insulté et ridiculisé au su de tous ?
Ce qui se présente comme un jeu médiatique ou une moquerie politique, n'est rien qu'une agression morale, dont les répercussions s'étendent au delà de la sphère publique.
Lorsqu'on s'attaque à la dignité d'un individu, c'est toute une famille que l'on blesse.
Et lorsque ces attaques deviennent répétitives, lorsqu'elles s'ancrent dans la vie quotidienne par la virilité numérique, elles sèment, la rancune, l'amertume et le désir de vengeance.
Ainsi, s'installe insidieusement une logique dangereuse. Le conflit politique glisse vers le règlement de compte personnel.
Ce qui n'était au départ qu'un affront verbal peut, à terme dégénérer en affrontement physique, voire même en drame.
À force d'humilier et humiliation, dans une société fondée sur la valeur de l'honneur, finit toujours par engendrer la violence.
Cette situation n'est pas seulement un symptôme moral, elle est une menace publique. Une nation où la haine verbale devient norme perd le sens.
Nous devons refuser la banalisation de la haine et instaurer le respect comme principe de base du vivre ensemble. Critiquer, oui, mais sans s'insulter.
S'opposer oui, mais sans détruire. L'avenir des Comores ne pourra se construire que sur la dignité, la mémoire et la reconnaissance.
Rendons la politique Comorienne sa décence, et son honneur.
Les Comores méritent mieux que la haine : elles méritent le respect.
Daoud Halifa

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