L'opposition Comorienne doit retrouver sa boussole politique. Leur but est clair : saturer l'espace public de polémiques secondaires, détourner des dé
L'opposition Comorienne à l'épreuve de la diversion politique
Quand on observe attentivement la vie publique de ces dernières années , on relève une inquiétante dérive : la politique semble réduite à un théâtre de réactions, ou l'opposition particulièrement celle de la diaspora consacre l'essentiel de son énergie à commenter les provocations délibérées du président AZALI, plutôt qu'à affronter les véritables défis du pays.
Il ne faut pas être grand stratège pour comprendre le mécanisme. Azali a fait ça, Azali a fait dit ça, sa femme a dit ça, son fils à dit ça, tel est le leitmotiv qui réagit le combat politique de l'opposition. À intervalles réguliers, le président s'illustre par des déclarations volontairement choquantes, souvent absurdes ou polémiques.
Leur but est clair : saturer l'espace public de polémiques secondaires, détourner des débats fondamentaux et piéger l'opposition dans une posture réactive et émotionnelle. Il faut dire que cela lui réussit très bien. Et le piège fonctionne à merveille, au lieu d'organiser et de mobiliser, une bonne partie de l'opposition semble s'être installée dans une indignation permanente. Chaque sortie du président devient une opportunité de dénonciation sur les réseaux sociaux, mais rarement un tremplin pour relancer un débat de fond.
Cette stratégie de réaction peut glorifier l'instant présent et soulager la frustration, s'avère aujourd'hui politiquement stérile à moyen terme, voire même à long terme. Pendant ce temps, les préoccupations réelles de la population, le coût de la vie, l'accès aux soins, la crise de l'éducation, le chômage alarmant des jeunes, la sécurité ou encore la corruption restent orphelines des interventions structurées dignes d'une opposition. C'est pourquoi l'opposition aujourd'hui peine à incarner une alternative crédible car elle semble avoir abandonné l'essentiel : parler au nom du peuple.
Il est temps de rompre avec cette logique, c'est un impératif. L'opposition Comorienne doit retrouver sa boussole politique. Elle doit sortir de l'instantané, réinvestir le terrain, travailler à des solutions concrètes et surtout formuler un projet de société lisible.
Car un régime ne tombe pas par des réactions de réseaux sociaux, mais par la construction patiente d'un contre projet solide et ancré. L'histoire jugera sévèrement, ceux qui, face à une crise nationale profonde , ont choisi de commenter les écarts de langage , de proliférer des insultes, au lieu d'agir.
Et d'ailleurs les deux camps opposition comme pouvoir, chacun a en son sein sa propre opposition. Le peuple Comorien, lui, attend autre chose qu'un chœur d'indignes, il attend une voix claire porteuse d'espérance.
Daoud Halifa

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