Quand la poésie rencontre l’université : MAB Elhad à l’UDC. L’événement, soigneusement préparé, a permis aux étudiants d’explorer l’univers de l’auteu
Quand la poésie rencontre l’université : MAB Elhad à l’UDC
Une rencontre entre art, mémoire et engagement
Le samedi 10 mai 2025, l’Université des Comores a ouvert ses portes à une figure emblématique des arts insulaires : le poète, calligraphe et photographe MAB Elhad. Invité par le Dr Nourdine Iliassa, enseignant-chercheur au département des Lettres, l’artiste a partagé ses œuvres, son parcours et sa vision de la création avec les étudiants de la filière lettres, lors d’une rencontre aussi riche qu’inspirante.
L’événement, soigneusement préparé, a permis aux étudiants d’explorer l’univers de l’auteur bien avant même sa venue. À l’initiative du professeur, les étudiants ont été conviés à mener des recherches en ligne sur MAB Elhad, à travers Google et les réseaux sociaux, puis à étudier en classe l’un de ses ouvrages, Regard biaisé. Une approche pédagogique originale qui a favorisé une implication sincère et active des participants.
"Je ne suis pas poète. Je suis sculpteur de mots"
Dès les premiers instants, MAB Elhad a capté l’attention de la salle. "Ce sont les autres qui me disent poète. Moi, je me considère comme un sculpteur, un tailleur de mots", a-t-il confié avec humilité. Il a partagé sa conception de la poésie et de la photographie comme deux formes d’écriture complémentaires – l’une avec l’encre, l’autre avec la lumière.
Pendant près de deux heures d’échanges continus, l’auteur a retracé son parcours singulier, depuis la poésie de l’engagement, en passant par la photographie judiciaire, jusqu’à l’épanouissement artistique international. Il a souligné comment les épreuves de la vie nourrissent l’inspiration, et comment l’acte créatif devient une forme d’engagement, intime et politique à la fois.
L’appel de la francophonie poétique : Euro-poésie Comores en lumière
Délégué pour les Comores de l’Association internationale des poètes francophones – Europoésie, MAB Elhad a profité de cette tribune pour présenter l’association, ses valeurs et ses actions, notamment en faveur des droits de l’enfant.
Moment d’émotion dans la salle : une étudiante brandit fièrement son exemplaire de l’anthologie de la Journée mondiale du livre, reçu lors du concours national organisé par Europoésie-Comores. Un geste symbolique salué par l’auteur, qui en a profité pour inviter les étudiants à rejoindre le mouvement et ainsi promouvoir la poésie comorienne dans toute la francophonie.
L’intelligence artificielle : outil ou menace ?
La rencontre s’est aussi aventurée sur un terrain plus contemporain avec une question vive et actuelle : l’impact de l’intelligence artificielle sur la création artistique.
MAB Elhad a répondu sans détour : "L’I.A est un outil de travail, comme Google. Elle ne pense pas à notre place, mais peut nous aider à élargir notre pensée. Il faut lever les tabous, ne pas en avoir peur. C’est à nous de garder l’essence de la création, l’esprit, la sensibilité, l’émotion."
Un message fort pour une jeunesse en pleine transition numérique, appelée à conjuguer tradition et modernité.
Poésie vivante : Msomali et Mwaba nambe font vibrer la salle
Pour clore cette rencontre, l’auteur a lu deux de ses poèmes emblématiques, Msomali et Mwaba nambe, jouant sur les sonorités et la richesse de la langue. Les étudiants, séduits, se sont spontanément levés pour l’accompagner en chœur, créant un moment de communion poétique et d’enthousiasme collectif.
Un exemple à suivre dans nos îles
Cette rencontre entre un auteur engagé et la jeunesse universitaire démontre la puissance des passerelles entre création artistique et formation académique. Elle rappelle combien il est essentiel d’inviter dans les lieux d’enseignement les voix insulaires qui racontent, dénoncent, soignent, inspirent.
Les CLAC, les centres culturels et les établissements d’enseignement de nos îles ont tout à gagner à multiplier ces occasions. Car en valorisant les œuvres et les auteurs d’aujourd’hui, ils enracinent la mémoire, éveillent les consciences et font germer les futurs créateurs.
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