Quels drôles de Musulmans sommes-nous ! Nous pourrions citer sans relâche des facteurs naturels (insularité, relief, climat...), économiques (ressourc
Quels drôles de Musulmans sommes-nous !
Pourquoi sommes-nous divisés ? Pourquoi nos îles, nos régions, nos villages, nos quartiers et nos familles se détestent ? Pourquoi parfois tant de haine au sein d'une même fratrie ? Pourquoi autant de "Guerres de Cent ans" aux Comores ? Pourquoi de si nombreux couples vivent dans une tension permanente ? Pourquoi nous n'avons pas la bénédiction (baraka) dans nos biens ? Pourquoi avons-nous faim et pourquoi une si grande dépendance alimentaire vis à vis de l'étranger alors que nous avons de si riches terres agricoles ? Pourquoi tant de misère ? Pourquoi tant de problèmes pour un peuple d'environ 1 millions d'âmes si l'on inclut sa diaspora et dans un pays aux dimensions restreintes ? Pourquoi cette Nakba (Catastrophe) qui s'abat sur nous depuis la nuit des temps ?
Nous pourrions citer sans relâche des facteurs naturels (insularité, relief, climat...), économiques (ressources naturelles inexistantes ou laissées en friche), politiques (corruption, climat politique… etc) ou géopolitiques. Ces handicaps sont réels mais n'expliquent pas tout. En quoi sont-ils responsables, par exemple, de l'absence d'harmonie au sein des couples ou des fratries ? Par ailleurs, bien de pays s'en sortent mieux que nous alors qu'ils sont confrontés aux mêmes handicaps que nous sans bénéficier des mêmes atouts que les nôtres (homogénéité linguistique, religieuse et ethnique).
Un ami a résumé tout mon questionnement par une seule interrogation "Eba ripatsa dia hindri rilipvwao ? " que je peux traduire par "Sommes-nous punis pour quels graves méfaits?" En fait, mon ami sous-entend qu'une punition divine explique cette Nakba qui s'abat sur nous depuis la nuit des temps. Je partage cette approche. Nous avons beaucoup de choses à nous reprocher en tant que peuple.
Je côtoie ici en France beaucoup de coreligionnaires originaires de l'Afrique subsaharienne,du Maghreb et de l'Asie. Je constate que le rapport des Comoriens avec l'Islam est empreint de beaucoup d'hypocrisie. Je connais des adultes qui vivent en France et qui n'accomplissent pas la prière mais qui se mettent à fréquenter les mosquées dès qu'ils foulent le sol comorien "wandru wa tsidjo hamba pvala Fulani ka swali". Ceux qui fréquentent les mosquées en France ne versent aucune pièce de monnaie dans leurs caisses alors qu'ils savent que ce sont les fidèles de ces mosquées qui doivent payer les assurances, l'électricité, l'eau et renouveler les tapis de prière.
Par contre, ils sont les premiers à verser la cotisation de 1000 euros pour la construction de la mosquée du village aux Comores "yatsidjo hambwa ha shindwa no mtsango". Enfin, nous sommes le SEUL peuple musulman, à ma connaissance, à banaliser la fornication (ZINA) alors que c'est un péché capital. Les Comoriens qui font le Zia n'éprouvent le moindre sentiment de culpabilité et ne souffrent même pas du regard réprobateur de la société. Alors que nos frères et soeurs musulmans des autres pays se font le plus discret possible et se font sanctionner par la société, ne serait-ce symboliquement lorsque leurs méfaits apparaissent aux yeux de la société.
Et que dire de notre propension à mentir et à vivre dans le déni! Nous disions à nos voisins malgaches "TSARA" (ça va bien) alors que nous étions au chômage, que les enfants étaient malades et que des proches étaient décédés aux Comores. Lorsqu'ils ont découvert nos vices, ils ne nous croyaient plus. Ils insistaient "Tsara Tsara, na tsara Isilamu" (est-ce que vraiment ça va ou c'est le ça va des Musulmans, sous-entendu des Comoriens). Pour le coup, nous avons répandu auprès de nos voisins malgaches une image déformée de l'Islam et des Musulmans. Et rendu par la même occasion un mauvais service à nous-mêmes.
Abdourahamane Cheikh Ali
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