Madagascar au bord de la crise de nerfs présidentielle. « Nous refusons l'élection de jeudi et nous appelons tous les Malgaches à considérer que cette
Madagascar au bord de la crise de nerfs présidentielle
DÉCRYPTAGE. Jeudi, les électeurs votent pour élire leur président, au terme d’une campagne qui a exacerbé toutes les tensions et dont l’issue inquiète les observateurs.
Madagascar retient son souffle. La campagne pour l'élection du prochain président s'achève ce mardi 14 novembre comme elle a débuté dans un climat électrique avec des candidats, des médias, une population et des observateurs polarisés. À la veille du premier tour, le président sortant est discrédité, sur fond de menaces de fraudes électorales et d'émeutes violentes. Le collectif qui rassemble dix candidats de l'opposition continue d'appeler unanimement les Malgaches à ne pas se rendre aux urnes.
« Nous refusons l'élection de jeudi et nous appelons tous les Malgaches à considérer que cette élection n'existe pas », a déclaré au nom du collectif le candidat et opposant Hajo Andrianainarivelo, 56 ans, devant la presse dans la capitale Antananarivo. « Nous faisons appel à tous à ne pas voter », a martelé l'opposant et candidat Roland Ratsiraka, 57 ans, dénonçant une « supercherie ».
Depuis début octobre, les manifestations et marches pacifiques à l'appel du collectif se sont multipliées. Et les tensions sont récemment montées d'un cran.
Un scrutin présidentiel contesté par la quasi-totalité de l'opposition
Régulièrement dispersés au gaz lacrymogène, les manifestants ont répliqué samedi avec des engins artisanaux, ont constaté des journalistes de l'AFP. Plusieurs personnes ont été blessées au cours des dernières semaines et des opposants brièvement arrêtés. « Nous avons toujours fait l'objet de répression, purement et simplement, à travers l'utilisation de lacrymogènes », a dénoncé l'ancien président malgache et membre du collectif, Hery Rajaonarimampianina, 65 ans. « Nous voulons une élection, a-t-il expliqué, mais nous continuerons les manifestations jusqu'à ce qu'il y ait une élection acceptée par tous. »
Treize candidats sont en lice pour le palais d'Iavoloha, siège de la présidence, dont le président sortant Andry Rajoelina, 49 ans. Les dix membres du collectif ont refusé de faire campagne pendant que le candidat du pouvoir, qui dit compter sur une victoire dès le premier tour, a rallié ces dernières semaines des milliers de soutiens aux quatre coins du pays où il s'est rendu en hélicoptère ou en avion privé.
Un opposant initialement membre du collectif, Siteny Randrianasoloniaiko, a fait cavalier seul et décidé de sillonner le pays pour recueillir des voix. Un autre est resté discret et n'a jusqu'ici pas pris position.
Le gouvernement de Rajoelina a plusieurs fois condamné une « volonté de renverser le pouvoir », accusant l'opposition de « menacer la stabilité du pays ». La hantise d'une nouvelle période de transition plongeant le pays dans l'instabilité est sur toutes les lèvres, dans un camp comme dans l'autre.
Nombreux griefs
Indépendante de la France en 1960, l'ancienne colonie, qui compte parmi les pays les pauvres au monde, a rarement connu une élection qui ne soit précédée d'une transition militaire ou suivie de contestations.
Cette fois, c'est la question de la double nationalité de Rajoelina qui a mis le feu aux poudres. En juin, la presse a révélé que le chef d'État sortant avait discrètement acquis la nationalité française en 2014.
Selon l'opposition, Andry Rajoelina a de ce fait perdu sa nationalité malgache : il ne peut donc, selon elle, plus gouverner ni être éligible à un second mandat. La justice a toutefois rejeté en bloc les recours réclamant que sa candidature soit invalidée.
Un autre élément déclencheur a été la désignation à la tête du gouvernement par intérim, censé assurer les affaires courantes en période électorale, du Premier ministre et proche de Rajoelina, Christian Ntsay. Le président du Sénat, qui devait assurer ces fonctions selon la Constitution, a été écarté dans des circonstances floues.
Le collectif d'opposants, qui dénonce « un coup d'État institutionnel » et condamne une justice ainsi qu'une commission électorale « à la botte du pouvoir », demande une suspension du processus électoral et l'intervention de la communauté internationale.
La présidente de...Lire la suite sur Le Point Afrique
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