Azali Assoumani à l'ONU : «Je rappelle en tant que Président de l’Union Africaine et de l'Union des Comores...la comorianité de l’île de Mayotte». Je.
Discours de S.E.M AZALI Assoumani, Président de l’Union des Comores,
Président en exercice de l’Union Africaine, A la 78ème Assemblée Générale des
Nations Unies
New York, le 20 septembre 2023
- Monsieur le Président de l’Assemblée Générale,
- Monsieur le Secrétaire Général,
- Majestés, Altesses, Excellences,
- Distingués Représentants des Pays et des Institutions, en vos rangs et
qualités,
AssalamAnlaikum Wa Rahmatoullah Taanla Wa Barakatouh!
C’est avec un réel plaisir que j’adresse, tout d’abord, aux autorités
américaines, nos sincères remerciements pour l’accueil chaleureux qu’elles
nous réservent, à chaque fois que nous nous retrouvons ici à New York, pour
participer à ce grand rendez-vous annuel, de la communauté internationale.
J’adresse, ensuite, mes chaleureuses félicitations, à Son Excellence, Monsieur
Dennis Francis, pour sa brillante élection, à la présidence de
cette78èmesession ordinaire, de l’Assemblée Générale, des Nations Unies.
Je suis d’autant plus heureux, que c’est un distingué Représentant des États
Insulaires en Développement, dont mon pays fait partie, qui assume cette
responsabilité éminente.
Nul doute, Excellence, que vos qualités professionnelles et votre expérience,
alliées à la sensibilité particulière aux enjeux de développement, qui est le
propre de l’insularité, seront un gage de succès, pour les travaux de la
présente session.
Je saisis également cette occasion, pour rendre un hommage mérité à votre
prédécesseur, Son Excellence Monsieur Csaba Kőrösi, pour l’efficacité avec
laquelle il s’est acquitté de sa noble mission, en notre nom à tous.
J’adresse enfin, au nom de mon pays et de l’Union Africaine, tous mes
remerciements, à Son Excellence Monsieur Antonio Guterres, Secrétaire Général
de l’ONU, pour son investissement soutenu, ainsi que celui de l’ensemble de
ses équipes, au service de notre institution commune, pour le bien de tous.
Majestés, Altesses, Excellences,
En tant que Président de l’Union Africaine, je souhaite porter aujourd’hui,
devant cette auguste assemblée, la voix de l’ensemble des États africains, qui
continuent à croire à un multilatéralisme plus juste et plus efficace, car
plus inclusif, susceptible d’apporter les changements profonds, tant
souhaités, pour une meilleure vie, dans le continent et à travers le monde.
La concrétisation de ce souhait, viendra, nous sommes convaincus, d’une
réforme en profondeur, du Système des Nations Unies.
L’Afrique, d’où vivront 3,8 milliards d’habitants, à la fin de ce siècle, et
qui entend jouer un rôle crucial dans l’atteinte des ODD, a le droit de
participer, aux instances décisionnelles mondiales, et d’accéder entre autres,
au Conseil de Sécurité des Nations Unies, en tant que membre permanent, et
jouir ainsi de ses droits, conformément au consensus d’Ezulwini.
Tout en étant une question d’équité, cette réforme des Nations-Unies, que
l’Afrique réclame haut et fort, est aussi une question d’efficacité, car il en
va de la légitimité, et donc de l’effectivité du multilatéralisme.
Je saisis d’ailleurs cette occasion, pour réitérer, au nom de l’Afrique, nos
remerciements, à l’endroit des membres du G20, qui viennent d’intégrer,
l’Union Africaine, que j’ai l’honneur de présider, en cette année 2023, au
sein de leur Groupe.
Cette victoire diplomatique de l’Afrique mais aussi du G20, à travers l’Inde,
où s’est actée cette décision historique, est porteuse d’espoir, surtout au
moment où une synergie d’actions est nécessaire, pour sortir nos pays du
marasme socio-économique.
Honorable assistance,
Mesdames et Messieurs,
Le thème de cette 78ème Assemblée, « Rétablir la confiance et raviver la
solidarité : accélérer l’action menée pour réaliser le Programme 2030 et ses
Objectifs de Développement Durable en faveur de la paix, de la prospérité, du
progrès et de la durabilité pour tous» arrive à point nommé.
Le continent africain fait face à de nombreux défis, qui risquent de
compromettre son avenir, et j’estime que cette confiance et cette solidarité,
mises à l’honneur cette année, apporteront les solutions idoines à nos
préoccupations.
L’Afrique est confrontée au défi de la sécurité alimentaire, qui prend de plus
en plus d’ampleur dans le continent.
En dépit des immenses superficies arables dont dispose le continent et de la
main-d’œuvre qualifiée, et compétente qu’il regorge, l’insécurité alimentaire
continue d’impacter des millions de personnes.
Les effets du dérèglement climatique ainsi que les nombreux conflits sur le
continent exacerbent cette situation, tout comme la guerre russo-ukrainienne
qui a entrainé la suspension de l’approvisionnement en céréales et en engrais,
entrainant par la même occasion, une inflation sans précédant.
Vous conviendrez avec moi qu’il est inconcevable qu’avec toutes ses terres
arables, le continent reste un grand importateur de produits agricoles, ce qui
contribue à un déficit important de sa balance commerciale agricole nette.
Ainsi, au moment où l’on parle de solidarité, il est temps que les
partenariats entre les Gouvernements africains, les organismes de
développement et les secteurs privés étrangers et locaux, soient renforcés,
afin de relever ces défis, de manière efficace et durable.
Il est temps également que nos partenaires nous appuient dans la mise en œuvre
de réformes ambitieuses, telles que le transfert d’expertise et de
technologies, afin d’aider les pays durement affectés, à promouvoir le
développement agricole, et plus particulièrement, à produire et transformer
leurs produits au niveau local, afin de leur donner une valeur ajoutée et
lutter ainsi contre les pénuries et la famine.
Nous devons également renforcer la lutte contre les effets des changements
climatiques, car comme nous le vivons tous, notre planète fait constamment
face, à différents aléas climatiques et plus particulièrement, les cyclones,
les inondations, la montée des eaux et la sécheresse, pour ne parler que de
ceux-là.
Ces catastrophes fréquentes, ont naturellement des impacts dévastateurs sur
les économies, les infrastructures sociales, l’agriculture, et sur les
populations, notamment les plus vulnérables, et entrainent des crises
sanitaires, qui accentuent la vulnérabilité du continent.
Je saisis d’ailleurs cette opportunité, pour renouveler nos condoléances
émues, ainsi que notre solidarité, à nos frères, du Maroc et de la Libye, dont
les pays viennent de subir d’énormes pertes humaines et matérielles, suite à
ces aléas de la nature.
J’ai une pensée aussi pour les nombreux pays, en Europe, en Asie et en
Amérique, qui subissent, de plein fouet, les conséquences dévastatrices des
feux de forêt, des inondations et des tempêtes.
Outre les nombreuses pertes humaines, les dégâts causés par les catastrophes
naturelles, soulignons-le, sont énormes et nécessitent les coûts de
reconstruction et de relèvement qui ne sont pas toujours à la portée de nos
États.
J’appelle alors la communauté internationale à privilégier, les approches
communes, structurées et mieux adaptées, et surtout, dans le cadre du
financement, pour répondre à ces catastrophes de grande ampleur, afin que nous
puissions fournir à nos populations, les appuis nécessaires, pour leur
relèvement.
Mais j’en appelle surtout à la mise en œuvre effective, des recommandations
liées à la protection et la préservation de l’environnement, et à la
concrétisation des engagements pris, en faveur de l’adaptation et de la
mitigation.
La baisse des émissions à effet de serre et les financements promis pour
lutter contre le changement climatique doivent, en effet, être traduits en
actes concrets, si nous voulons vivre dans un monde plus sûr et plus prospère.
J’appelle alors à soutenir la Déclaration de Moroni de juin dernier, sur
l’Economie Bleue et la Déclaration de Nairobi de septembre dernier, afin que
nos pays puissent défendre, d’une même voix, leurs intérêts communs en faveur
d’un développement durable, notamment lors de la prochaine COP28 de Dubaï, à
laquelle nous formulons nos vœux de plein succès.
Je souhaite enfin, lancer un appel en faveur du renforcement des capacités de
l’ONU-Habitat, par un appui plus substantiel, dans la mise en œuvre du Nouvel
Agenda Urbain, afin que cette agence puisse mieux soutenir nos villes
africaines, qui regorgent d’énormes potentialités, mais qui sont devenues très
vulnérables aux changements climatiques.
Honorable assistance, Mesdames et Messieurs,
Je ne peux parler des défis du continent africain sans m’attarder sur la
situation politique et sécuritaire complexe et inquiétante qui y prévaut, et
notamment au Sahel.
Comme nous le savons tous, le Sahel, cette région de l’Afrique est depuis
2010, fortement touchée par l'insécurité et le terrorisme, avec des groupes
terroristes qui [next] ont intensifié les attaques aussi bien contre les
forces de sécurité que contre les civils et les infrastructures.
Il est donc urgent, que la communauté internationale, renforce ses efforts
visant à nous accompagner dans la stabilisation de cette région, sachant que
dans le village planétaire dans lequel nous vivons, les crises s’importent
facilement, avec des conséquences sur les économies et surtout sur les
investissements inter et intra étatiques.
Certes, il revient en premier lieu, aux Africains de mettre en œuvre des Plans
de développement économique et social, dans le cadre de l’Agenda 2063, pour
lutter contre la pauvreté et le chômage des jeunes notamment, et pour éviter
que ces derniers ne deviennent les otages des extrémistes de tout bord.
Cependant, c’est aussi le devoir de la communauté internationale de soutenir
l’Afrique dans cette démarche, car nos actions doivent être mutualisées, pour
avoir la chance d’être efficaces.
Outre, le terrorisme, l’Afrique fait face également à la résurgence des
changements anticonstitutionnels qui compromettent la démocratie, la paix, la
sécurité, la stabilité et son développement socio-économique.
C’est dans ce sens, que l’Union Africaine a pris des sanctions contre ceux qui
commettent ces actes et exigent le retour rapide à l'ordre constitutionnel
dans les pays concernés.
Je rappelle solennellement, qu’il ne peut y avoir de vie politique digne de ce
nom, sans le respect des échéances électorales, et des mécanismes,
institutionnels légitimes, qui fondent la vie publique.
Excellences, Majestés
Mesdames et Messieurs,
L’Afrique, bien que sous pression, se bat pour son intégration régionale, pour
sortir du marasme économique.
Les chocs économiques subis par nos pays, en particulier l’inflation et les
crises logistiques et alimentaires ont gravement affectés nos potentiels de
croissance, la vie quotidienne de nos populations et la stabilité de nos
Etats.
C’est dans ce sens qu’il a été mis en œuvre, depuis 2021, la Zone de
Libre-échange Continentale Africaine, le grand marché commun continental, dans
l’espoir de redynamiser la croissance et le PIB de l’Afrique.
Avec cet outil essentiel, que j’ai la mission d’accélérer, pendant mon mandat
de Président de l’UA, le continent se donne les moyens de créer des effets de
levier, qui lui permettront de dégager la richesse nécessaire, pour mieux
faire face à sa croissance démographique.
La ZLECAf contribuera, en effet, à la concrétisation de notre ambition
commune, d’aller vers l’industrialisation du continent, car l’Afrique doit
cesser d’être un simple pourvoyeur de matières premières.
Tout en permettant de renforcer nos secteurs secondaires et tertiaires, pour
créer de l’emploi, la ZLECAf stimulera aussi le transfert de technologies, et
favorisera les investissements étrangers puisqu’elle ouvrira aux autres
continents l’accès immédiat à un marché de plus de 1 milliard de personnes.
Permettez-moi de réitérer ici, notre demande d’appui au renforcement du
partenariat stratégique entre l’Afrique et la CELAC, la Communauté d’Etats
Latino-américains et Caraïbes, voire même son institutionnalisation, et la
mise en place d’une Commission mixte UA-CELAC.
Ce partenariat permettra, non seulement de renforcer la coopération Sud-Sud,
dans l’intérêt mutuel de nos Etats, mais aussi de mieux capitaliser le
partenariat avec nos Amis et Frères du Nord.
Excellences, Majestés,
Mesdames et Messieurs,
A l’instar du reste du monde, les pays africains ont, plus que jamais, besoin
de paix et de sécurité, pour pouvoir jouir de meilleurs conditions de vie.
La paix et le développement passeront aussi par la résolution des problèmes
politiques et territoriaux, liés à la souveraineté des États et à la dignité
des nations.
Ce sont ces préoccupations qui nous ont poussés, certains de mes Pairs
africains et moi-même, à aller à la rencontre du Président Volodymyr Zelensky
et du Président Vladimir Poutine, dans le cadre d’une Mission de Paix
Africaine, en juin dernier, respectivement à Kiev et à Saint-Pétersbourg.
Ainsi, nous sommes disposés à soutenir toutes les autres initiatives, visant à
contribuer à mettre fin à cette guerre, qui impacte négativement nos
ambitions, en faveur du mieux-être de nos populations.
Je réitère, toujours dans le sens de la préservation de la paix et de la
stabilité, et au nom de l’Union Africaine, la nécessité impérieuse de parvenir
à une solution juste et équitable à la question de la Palestine, une solution
qui consacre le droit du peuple palestinien à disposer d’un Etat souverain,
vivant en parfaite harmonie et en sécurité, avec l’Etat d’Israël.
Je rappelle, aussi solennellement, en tant que Président de l’Union Africaine
et de l’Union des Comores, la comorianité de l’île de Mayotte.
Je rappelle, que pour avancer, dans la gestion de ce dossier, nous avons opté
pour un dialogue, avec la partie française, afin de trouver une issue à ce
contentieux désagréable, dans l’intérêt de nos deux pays.
Excellences, Majestés,
Mesdames et Messieurs,
Je souhaite souligner ma volonté profonde, qui est aussi celle du Gouvernement
comorien, d’honorer les institutions et la vie démocratique aux Comores, en
organisant de façon libre, transparente et démocratique, les prochaines
élections présidentielles et des Gouverneurs de 2024.
Je souhaite rappeler également que l’Union des Comores, a pu mettre fin au
cycle des instabilités politiques, qui caractérisait la vie politique
comorienne, depuis l’indépendance de 1975, grâce à la politique de
réconciliation nationale que j’ai menée depuis 2000.
Cette politique de réconciliation, soutenue par l’Union Africaine, les Nations
Unies et tous nos autres partenaires, a apporté la stabilité dans le pays, et
nous avons le devoir de la consolider et la pérenniser.
Depuis 2002, en effet, la date du 26 mai est devenue une référence symbolique
de l’alternance aux Comores, puisque à cette date, s’opère la passation des
pouvoirs, issue d’élections présidentielles libres et transparentes.
C’est, animé de ce souci constant, de préserver la paix et la stabilité en
Union des Comores, que je sollicite à nouveau, votre appui et votre
accompagnement, afin que les prochaines élections présidentielles et des
Gouverneurs, prévues pour les mois de décembre et de janvier prochains,
puissent se tenir dans de très bonnes conditions.
Pour conclure, je reste confiant que le 26 mai 2024, marquera, une fois
encore, la maturité politique des Comoriennes et des Comoriens, et que la
Cérémonie d’investiture du prochain Président de l’Union des Comores,
symbolisera l’ancrage et la force de la démocratie comorienne.
Je vous remercie.
Beit-salam
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