Les incohérences du Prince Fahmi Saïd Ibrahim. L’ancien ministre des affaires étrangères rappelle avec force la légitimité des revendications comorien
Les incohérences du Prince Fahmi Saïd Ibrahim
En réaction à l’opération Wuambushu lancée par la France sur l’île comorienne de Mayotte, le Prince Fahmi Saïd Ibrahim appelle à « repenser une nouvelle doctrine pour notre diplomatie afin de s’assurer que notre politique étrangère œuvre pour la défense de nos intérêts vitaux, une fois bien identifiés, mais aussi en adéquation avec le nouvel ordre qui régit le monde » dans une lettre ouverte adressée le 26 mai 2023 à Assoumani Azali, Chef de l’Etat comorien et président de l’Union africaine.
L’ancien ministre des affaires étrangères rappelle avec force la légitimité des revendications comoriennes au sujet de Mayotte au regard du droit international, établit un parallèle entre « les référendums organisés à Mayotte par la France et ceux organisés par la Russie en Crimée et dans le Donbass » qui « ont un point commun, qui n’est autre que la violation du droit international. » mais se fait l’avocat « d’une normalisation des relations diplomatiques de notre pays avec l’État Hébreu », un Etat qui, depuis sa naissance il y a 75 ans, foule aux pieds les résolutions de l’ONU et occupe illégalement le Golan syrien, la Cisjordanie palestinienne, Jérusalem Est et soumet à un blocus particulièrement inhumain l’enclave palestinienne de Gaza et s’oppose in fine à la création d’un Etat palestinien pleinement souverain ayant pour capitale Jérusalem Est.
Comment peut-on être crédible lorsque l’on critique les décasages opérés à Mayotte par la France tout en préconisant de devenir l’allié d’un Etat hors-la-loi qui s’approprie illégalement les terres des palestiniens et détruit leurs maisons et leurs plantations ? Normaliser avec Israël n’est-ce pas cette lecture, cette interprétation et cette application à géométrie variable du droit international qu’il reproche à raison aux Occidentaux ?
A moins d’être schizophrène, le Prince Fahmi bin Saïd Ibrahim El Maceli ne peut pas s’offusquer du manque de solidarité des Etats membres de la COI à notre cause et en même temps sacrifier la Palestine qui abrite notre 3ème lieu saint après la Mecque et Médine sur l’autel d’une normalisation avec un Etat d’Israël dont la violence et l’hubris excèdent celles manifestées par la France à Mayotte et dans la partie dite indépendante des Comores.
Du reste comment le Prince peut demander aux membres de la COI (et plus généralement aux autres Nations, ajouterions-nous) d’être plus royalistes que le roi en soutenant la cause comorienne alors que le chef de l’Etat comorien et son gouvernement s’en soucient comme d’une guigne ? Un peu de cohérence Maître !
Les Etats arabes qui pactisent avec Israël ont leurs raisons. Le royaume hachémite de Jordanie a signé un Traité de paix avec l’Etat hébreu en 1994 pour s’épargner les foudres de son puissant voisin mais aussi pour se protéger d’une déstabilisation intérieure par les 42% de Jordaniens d’origine palestinienne (avec l’appui de la Syrie). La monarchie hachémite a toujours en mémoire les évènements de Septembre noir (septembre 1970-juillet 1971).
Le Maroc s’est engagé dans les accords d’Abraham pour bénéficier du soutien militaire israélien dans le conflit latent qui l’oppose à l’Algérie, 2ème puissance militaire du continent africain derrière l’Egypte.
Qu’avons-nous à gagner à trahir nos frères palestiniens ? Un alignement politique d’Israël sur les positions comoriennes au sujet du différend territorial qui nous oppose à la France ? Un soutien militaire dans une guerre que nous mènerions pour libérer Mayotte de l’occupation française ? Jamais Israël ne soutiendra les Comores aux dépens de la France. Pour la simple raison qu’Israël fait partie intégrante de cet Occident, qu’il faut comprendre par aire culturelle et non une zone géographique, que fustige maître Fahmi.
Nous croyons savoir pourquoi l’ancien ministre des affaires étrangères se fait tant l’avocat d’Israël jusqu’à accorder une interview sur ce sujet à i24 News quelques jours après avoir adressé sa lettre ouverte au colonel Assoumani Azali. Cette chaine de télévision appartient au juif marocain Patrick Drahi et est basée en Israël. Elle a une audience très faible en France (0,1% soit une dizaine de milliers de personnes). En accordant une interview à cette chaine, Fahmi visait ESSENTIELLEMENT les Israéliens et les juifs de France et du Maroc. Le message est simple à l’égard de ces téléspectateurs « Je me mouille pour vous aux Comores. Financez ma campagne à la prochaine élection présidentielle pour que je termine le job ».
A moins qu’il n’agisse au profit du destinataire de la lettre ouverte qu’il rencontre nuitamment loin des oreilles et regards indiscrets ! Le Colonel et le Prince sont unis par une allégeance commune au royaume du Maroc, un Etat qui est dans l’orbite d’Israël depuis la mort du Roi Mohamed V le 26 février 1961. Le Colonel doute de la solidité de son deal avec la France pour se maintenir au pouvoir et passer le moment venu le relais à son fils Nour El Fath. Il a besoin de l’expertise des services de renseignement et de sécurité israéliens pour réaliser son rêve de dévolution dynastique du pouvoir. En échange, le gouvernement du père du Dauphin, dans lequel le Prince Fahmi Saïd Ibrahim El Maceli figurerait en bonne place au département des affaires étrangères, reconnaîtrait l’Etat d’Israël.
Hadji Anouar, Montélimar (France)
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