Opération Wuambushu à Mayotte : Madi est mort en détruisant son quartier. Cet ouvrier, c’est Abdallah Abdou Madi. Lui ne découvre pas le quartier... e
À Mayotte, Madi est mort en détruisant son quartier
Cet ouvrier du BTP s’est effondré au moment où son entreprise commençait à raser son bidonville, Talus 2. Il y avait élevé ses sept enfants.
Il est un peu moins de 6 heures du matin quand les camions de gendarmerie stationnent au pied de Talus 2, à Majicavo Koropa, un quartier de la commune de Koungou. Ce lundi 22 mai, dans les premières lueurs du jour, tout le monde comprend rapidement ce qui se joue. À la hâte, les derniers habitants de ce bidonville du nord de Mayotte qui n’ont pas encore accepté les propositions de relogement émises par la préfecture quittent les lieux avec leurs affaires, escortés hors du périmètre par les hommes en treillis.
Une fois le quartier bouclé vient le ballet des machines et des ouvriers de Tétrama, la boîte de travaux publics mandatée pour procéder à la destruction du bidonville. Plusieurs équipes se partagent la tâche. Les conducteurs d’engins se chargent de faire tomber les tôles et de broyer les poutres de bois. Les autres ouvriers, à pied, déblaient et démontent petit à petit les entrées des habitations.
Sur la route, devant l’une des maisons marquées d’une croix, deux hommes s’entretiennent. Le premier, en habit traditionnel, porte un kofia, le bonnet brodé mahorais ; le second, en gilet jaune, un casque blanc. Cet ouvrier, c’est Abdallah Abdou Madi. Lui ne découvre pas le quartier... et pour cause : il l’habite depuis toujours, avec sa femme Zenabou et leurs enfants.
Ici, tout le monde le connaît. Ce matin, le sourire désolé qu’il affiche sur son visage sonne un peu faux. Les gendarmes procèdent devant lui à la « levée de doute », cassent une à une les portes des cases en tôle pour confirmer l’absence de toute vie humaine ou animale devant les caméras des journalistes, avant l’entrée dans la danse des bulldozers (lire l’épisode 4, « “J’ai cassé moi-même ma maison car le préfet a cassé ma vie !” »).
Ce lundi 22 mai, après le combat au tribunal administratif, Madi est là, prêt à entamer la démolition de Talus 2 et des souvenirs qui l’habitent
Après la rangée de maisons qui bordent l’asphalte, les gendarmes grimpent un peu plus haut et investissent la rue qu’habitent Madi, Zenabou ou encore Fatima, leur voisine. Tous ont mené une bataille judiciaire contre la préfecture et l’État pour faire interdire l’opération Wuambushu qui vise à déloger et à expulser massivement, portée par Gérald Darmanin. Tous se sont battus pour préserver leur quartier de l’arrivée des machines de chantier et de la destruction. Mais après une première victoire, la justice a fini par trancher contre eux. Le coup de grâce pour celles et ceux qui avaient lutté. Et un sacré coup au...Lire la suite sur Les Jours
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