Manifeste pour la fierté anjouanaise...L'identité anjouanaise est devenue depuis trop longtemps le réceptacle et le bouc émissaire de tant de dénigrem
Manifeste pour la fierté anjouanaise...
D'abord ce manifeste n'est dirigé contre personne ni contre aucune communauté en particulier, même s’il intervient à un moment singulier de l'histoire de la vie des populations qui vivent dans l'archipel des Comores.
Il n'est chargé ni de haine, ni de rancune quelconque et ne veut s'attacher qu'à rappeler et à établir des faits dans l'unique but de raviver la dignité et la fierté d'être Anjouanais.
L'identité anjouanaise est devenue depuis trop longtemps le réceptacle et le bouc émissaire de tant de dénigrement, de haines et de préjugés discriminatoires, injustes et outranciers qu'il faille recourir aujourd'hui à une mise au point salutaire.
En effet, que ce soit au regard de l'histoire ancienne ou de celle plus récente et moderne, il n'existe aucune raison pour que l’Anjouanais ressente la moindre honte, le moindre complexe devant qui que ce soit mais bien au contraire, il a matière à nourrir une grande fierté, celle de faire partie d'un grand peuple ingénieux, laborieux, intelligent attachant qui a toujours compté dans cette partie de l'océan indien.
Avant la pénétration coloniale, le sultanat d'Anjouan constituait le seul vrai État souverain, organisé de l'archipel, influent avec des relations économiques et culturelles avec des puissances régionales et lointaines comme le royaume d'Oman, l'Inde, l'Angleterre, la France etc. Et son influence et son rayonnement s'étendaient au-delà de son aire proche comme Mohéli et Mayotte jusqu'à dans l'aire swahilie à Zanzibar, Kilwa, Lamu etc.
C'étaient avec les sultans d'Anjouan que les grands d'alors négociaient pour les affaires de l'archipel et de la région.
Faut-il rappeler que les exilés de l'attentat de St Nicaise à Paris, « les Jacobins » furent envoyés par la France à Abdallah II d'Anjouan, que la reine Victoria a adoubé la médaille "Étoile d'Anjouan" pour les bonnes relations de la Couronne britannique avec le sultanat d'Anjouan, que le sultan Said Seyid du sultanat Oman-Zanzibar consultait souvent son homologue Anjouanais ?
Et que si la France avait longtemps hésité à faire signer l'acte de vente de Mayotte d'Andriantsoly c'était par peur de la réaction anjouanaise ?
Bien avant plusieurs grands États, Anjouan avait déjà abrité un consulat britannique et même une représentation américaine.
Et après la pénétration coloniale c'est encore Anjouan qui a fourni les contingents les plus importants dans l'administration, l'éducation et autre à Dzaoudzi puis à Moroni pour porter le développement du territoire dit des Comores. D'ailleurs pourquoi la puissance coloniale n'avait-elle pas choisi de transférer la capitale de Dzaoudzi à Anjouan, l'île la plus développée d'alors si ce n'était par peur de l'influence des Anjouanais ?
L'on connaît bien ce mot colonialiste quelque peu provocateur mais combien éloquent sur les tempéraments d'alors : "Ngazidja palabre, Mayotte s'amuse, Mohéli dort et Anjouan travaille".
De quelque île qu'on se place, on trouvera l'anjouanais au centre du développement économique et social grâce à son travail, son esprit d'entreprise, favorisé par la forte densité de la population de son île d'origine. Les Anjouanais étaient de tout temps au creuset des populations de l'archipel en particulier de Mayotte et de Mohéli. Sans évoquer son rayonnement culturel et cultuel aux quatre coins de l'archipel dont les effets sont encore si présents partout dans les « madrasi », les confréries, le folklore, la cuisine etc.
Mais les relations Mayotte-Anjouan ont été très particulières, bien avant même que Uthman bin Ahmad al-Qādir al-Shirazi, oncle du premier sultan d'Anjouan, devienne le 1er sultan de Mayotte.
(Rappel historique : La fille du premier sultan de Mayotte, Aminat binti Sultan 'Uthman al-Qādir, était la deuxième Sultane de Mayotte. Elle a été mariée au deuxième Sultan d'Anjouan, Muhammad. Le couple a eu le troisième sultan de Mayotte, 'Isa bin Sultan Muhammad (Mshindra) al-Qādir.)
C'est le sultan d'Anjouan Abdallah II qui avait chassé l'usurpateur Andriantsoly qui avait trahi Bwana Combo, le fils de Mawana Madi qui l'avait accueilli à Mayotte. Puis en bon prince, le sultan d'Anjouan s'était montré magnanime en l'installant comme gouverneur de l'île. Mais en félon, il devait encore trahir son suzerain, se proclamer sultan de Mayotte et vendre l'île à la France de peur des représailles anjouanaises et mahoraises.
Mais sait-on qu'au moment de cette double félonie en 1841, Mayotte comptait à peine 3000 âmes ?
D'où est venue alors la population qui a peuplé cette île sinon de l'île d'Anjouan et de Mohéli sous forme "d'engagés" pour les plantations coloniales ?
Et quand plus tard, il a fallu construire les routes et les maisons mahoraises, d'où est venue la main d’œuvre qualifiée sinon d'Anjouan ?
Qui ne se souvient pas des « fundis », des maçons, des carreleurs, des menuisiers, charpentiers etc. qui ont façonné cette île et contribué à édifier les cases SIM et éradiquer les « bangas » ?
Qui a loué les maisons des particuliers pour permettre à leurs propriétaires d'agrandir leur demeure et s'enrichir plus tard avec la clientèle « Mzungu » ?
Et le développement de l'agriculture de la pêche et de l'élevage dans une île qui manquait de tout ?
Plus que dans les autres îles, c'est à Mayotte que la contribution anjouanaise a été la plus importante la plus profonde et la plus conséquente. D'ailleurs au fil des migrations successives la fusion a été telle que pour pouvoir s'affirmer mahorais, il faille encore aujourd’hui cacher son ascendance anjouanaise proche ou à une ou deux générations.
Sinon pourquoi le Mahorais et l'Anjouanais parlent-ils la même langue, sachant qu'une même langue ne peut s'édifier dans deux lieux éloignés. C'est la langue édifiée à Anjouan, le shindzuani, qui s'est importée et imposée à Mayotte grâce à l'afflux et à l'influence d'une nombreuse population et qui y évolue bien sûr conformément à son environnement malgache notamment.
À l'évidence il s'agit de populations très proches sinon identiques à maints égards que la séparation politique a fini par ériger en adversaires et en ennemis.
Et il est souvent malheureux de constater que ce sont les immigrés d'hier nourris aux sentiments et idéologies néfastes et rétrogrades qui s'en prennent à leurs frères immigrés d'aujourd'hui.
En résumé, chers frères et sœurs le nom d'Anjouanais ne peut être une insulte ni une honte, mais un honneur qui doit se mériter et ne peut se revendiquer qu'en faisant montre de qualités et d'un comportement particuliers faits de savoir, de dignité, d'humanité et de fierté.
Nous sommes fiers d'être Anjouanais !
Pour le Collectif de la fierté anjouanaise,
Anli Yachourtu JAFFAR
06 mai 2023
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