Stop à l’opération de la honte sur l’Île comorienne de Mayotte baptisée «Wuambushu». En ma qualité d’élue de la République, j’avoue sincèrement que j
La France de Darmanin n’est pas ma France
En ma qualité d’élue de la République, j’avoue sincèrement que j'ai des difficultés à me reconnaître dans cette France qui instrumentalise, la brutalité, le rejet de l'autre, cette France peinte de haine, de violence, cette France que l'on veut déshumaniser. Ce n’est pas la mienne.
Ma France, celle que j'aime, celle qui m'a élevée, qui m'a instruite, c'est celle des grands hommes qui ont marqué l'histoire de ce grand pays avec ses valeurs humanitaires. Celle de Jean Moulin, qui, avec d'autres camarades de lutte, ont élaboré le Conseil national de la Résistance qui a mis au point un programme adopté le 15 mars 1944, proposé pour la France libérée un ensemble de principes et de valeurs sur lesquels reposerait la démocratie moderne de notre cher pays, comme nous l'a toujours rappelé Stéphane Hessel.
Comment aujourd'hui, par un réflexe politicien, et des calculs éphémères et superficiels, nier ces valeurs qui ont façonné l'image internationale de la France jusqu'à vouloir créer le chaos à Mayotte, terre comorienne, de fait dirigée par la France?
La France, mon pays d'adoption, mérite mieux et c'est la raison pour laquelle, je joins ma voix à celles de ceux comme moi, condamnons et dénonçons sans réserve, la volonté prêtée au ministre français de l’intérieur, Gérald Darmanin, en lançant dit-on l’opération de la honte sur l’Île comorienne de Mayotte, baptisée « Wuambushu »visant le 20 avril prochain un déplacement forcé à la déportation massive et à la destruction des domiciles des comoriens vivant chez eux à Mayotte.
Plus de 1000 policiers et gendarmes seront envoyés à Mayotte pour détruire des logements abritant des hommes, des femmes et des enfants, dont le seul crime qu’on leur reproche est de s’installer sur leur propre sol. La France ne peut pas continuer à ignorer la Résolution 3385XXX des Nations Unies, qui affirme l’intégrité territoriale de l'Archipel des Comores composé de quatre îles : Grande Comores, Anjouan, Mayotte et Mohéli.
Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, doit mesurer les dangers d’une telle opération, dont on connaît toutes les conséquences. L’Union des Comores mérite mieux que cette chasse à l’homme. J’interpelle le gouvernement comorien à faire preuve de fermeté et protéger son peuple de cette mascarade honteuse, car les Comores sont avant tout un pays souverain.
Je crains cette volonté affichée de vouloir toujours user de la force pour écraser les plus faibles. Ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine doit interpeller Gérald Darmanin, qui, comme lui et moi, en tant qu’élus de la République avons condamné l’agression contre la souveraineté de l’Ukraine par la Russie. Chaque jour qui se lève, le président Macron renouvelle son soutien à l’Ukraine tout en s ‘appuyant sur le Droit international, une initiative que nous applaudissons et soutenons tous et toutes, sans réserve. Il serait donc maladroit et inapproprié de vouloir donner de leçons de Droit et de démocratie au monde entier, et qu’au final, on utilise les mêmes méthodes pour chasser les comoriens de chez eux, dans un spectacle désolant qui va créer sans doute des fractures sociales et une haine froide entre frères et sœurs de même sang, de même culture et de même religion.
Il faut comprendre que j’ai la ferme certitude que je ne suis pas la seule à m’indigner contre cette opération ‘’ Uambuchi’’, qui fait honte à mon pays la France, mais d’autres aussi réclament le retrait immédiat et sans condition de ce projet sinistre que je condamne fermement.
La situation à Mayotte est complexe. Le tout sécuritaire ne réglera rien. La violence que l'on veut combattre et que l'on doit combattre a d'autres origines qui sont entre autres, la déstabilisation du tissu social par la départementalisation, par la marche forcée vers une francisation qui ne se greffe pas, par la création d'une société de consommation qui profite à quelques privilégiés et exclut la majorité des mahorais.
Il ne faut pas céder aux sirènes haineuses et méprisantes de certains élus opportunistes mahorais qui veulent assouvir leurs états d'âmes, oubliant leurs origines et se livrant à des insultes et des injures à l'égard de leurs frères et sœurs des trois autres îles. Je trouve cela indécent et je le dénonce avec force et détermination.
Pour finir, j’avoue que je ne désespère pas de la sagesse du président Macron, garant de nos institutions pour faire arrêter cette démarche honteuse, qui, sans se voiler la face, laissera aux yeux du peuple comorien privé de son Île, une image négative d’une France qui, malgré l’annexion de Mayotte, mais l’histoire nous rapproche.
Je lance donc un appel solennel aux élus de la République, aux associations de Droit de l’homme, aux partenaires des Comores, de se lever contre cette opération et de rappeler le ministre de l’intérieur à la raison.
Stop à l’opération de la honte sur l’Île comorienne de Mayotte, baptisée « Wuambushu ».
Amina Mouigni
COMMENTAIRES