Journée de la femme : Et si on parlait de ce qui fâche en islam et dans nos cultures?

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Journée de la femme : Et si on parlait de ce qui fâche en islam et dans nos cultures? J’ai été d’autant plus étonné qu’aux Comores on appartient à la

Journée de la femme : Et si on parlait de ce qui fâche en islam et dans nos cultures?

Journée de la femme : Et si on parlait de ce qui fâche en islam et dans nos cultures? 


En cette journée internationale de la femme, il me semble aussi important de parler des injustices qu’elles subissent, parce que femmes, que des acquis ou des droits sociaux dont elles jouissent - souvent grâce à certaines traditions. Je parlerai ici de la femme musulmane, en général, et de la femme comorienne, que je crois connaître un peu mieux, en particulier.

Aujourd’hui, au nom d’une religiosité, bigote, on veut reléguer la femme comorienne au rang d’être second. J’ai, ainsi, reçu de certains amis la question de savoir si oui ou non une femme peut être députée, gouverneure ou ministre, juge ou je ne sais plus quoi d’autre. 

J’ai été d’autant plus étonné qu’aux Comores on appartient à la lignée de sa mère et non à celle de son père, à la ville de sa mère et non à celle de son père. Le frère du père n’a pas de nom, quand celui de la mère s’appelle “mdjomba”. Il y a des mosquées pour femmes, qu’on appelle “mbuni”, comme il existe l‘équivalent des danses traditionnelles des hommes chez les femmes. 

Sur le plan matériel, la femme comorienne, notamment en Grande-Comore, est l’héritière quasi exclusive du foncier. Et ce n’est, loin de là, pas contraire à l’islam. C’est une convention traditionnelle au nom de laquelle le frère cède, tacitement, sa quote-part à sa sœur. Ainsi, lors d’un mariage, le mari va chez sa femme, dont la maison est construite par le mdjomba et les frères. Et en cas de divorce, il prend ses baluchons pour retourner chez sa sœur, qui, elle, est la propriétaire de la maison familiale.

Ainsi, lorsqu’on a une fille et un garçon, matériellement, aux Comores, la fille part plus avantagée que son frère. Et le dernier ne s’en plaint pas. Les enfants de ma soeur sont les seuls à avoir un nom, muana-muana mshé, littéralement “enfant de la sœur”. Ceux de mon frère sont appelés “enfants”.

Aujourd’hui, comme hier, les femmes tiennent l’économie, notamment à travers la culture et le commerce de détail, au marché. Autrefois, l’homme faisait les métiers pénibles. C’est moins le cas maintenant, à l’exception du bâtiment et de la pêche en haute mer.

Les injustices dont elles sont victimes aujourd’hui viennent d’une religiosité bigote, fruit de l’importation de certaines cultures étrangères à la culture comorienne, confondues avec l’islam. Au nom de l’islam, prétendument, la femme doit s’occuper des tâches ménagères. Ce qui n’est pas vrai. Rien du Coran, ni des traditions prophétiques ne le dit. Aucune des quatre écoles juridiques ne le dit, d’ailleurs. Mieux, si vous prenez un savant musulman comme Ibn Hazm, qui a grandi au milieu de femmes, vous trouverez qu’il dit que l’homme doit ramener la nourriture et les habits à son épouse, après les avoir, respectivement, cuisiné et cousus. 

En islam, on nous apprend dès la naissance que le paradis se trouve sous les pieds de la mère. Comment, de là, en venir à la considérer comme inférieure à l’homme? À telle enseigne que certains l’ont comparée à une bête et à une plante. Chose qui, selon les traditions musulmanes, a irrité un jour notre mère, Aisha, épouse du Prophète, après qu’elle ait entendu quelqu’un prétendre que le Prophète a dit que si une femme, un chien noir et un âne nous passe devant lorsqu’on prie, la prière était invalide. 

Elle a déclaré: Vous nous avez comparées à des chiens et des ânes ? Bien que considéré comme authentique, la réponse à ce hadith d’Abī Huraïrah donnée par Aisha est clairement que le Prophète ne l’a pas dit. Ce hadith pose beaucoup de problèmes à ceux qui ne veulent pas toucher un tantinet à l’héritage. Ils reprennent les explications de certains savants traditionnels. Je les invite à faire preuve de sérieux et de sincérité. Bien que dans l’authentique de Muslim, le hadith n’est pas défendable. 

On ne peut, en effet, pas imaginer le Prophète en train de considérer la femme ainsi. Le hadith, souvent cité autant par les islamophobes que par les islamopithèques, selon lequel la femme serait à moitié intelligente et observatrice des rites de l’islam est à traiter de la même manière. Dans son Tahrīr al-marˋa, Abū Shuqqah propose, autant que je m’en souvienne, de voir que, de fait, le hadith tourne en dérision l’homme au profit de la femme. 

En effet, le hadith dit: « Je n’ai pas vu quelqu’un d’aussi peu intelligent et observateur des rites de la religion capable de tourner en bourrique l’homme que la femme ». Abū Shuqqah dit, en réalité, c’est plus aux hommes qui considèrent la femme comme un être faible, le sexe faible dit l’expression populaire, n’est-ce pas, mais qu’elle est capable de le rouler dans la farine qu’il s’adresse. Un peu comme en disant: Qui est véritablement le plus fort et le plus intelligent?

C’est, je trouve, joliment dit et tenté. Mais, ce type de hadith, en réalité, parce qu’en opposition avec le Coran, qui considère les hommes et les femmes comme des êtres parfaitement égaux, doit être considéré comme apocryphe. Et ce, sur la base même des considérations des anciens, qui ont émis des règles de sélection extrêmement puissantes, mais qu’ils ont, parfois, voire un peu souvent, mises de côté.

La femme est l’égale de l’homme. Elle ne lui est ni supérieure, ni inférieure. Et ce n’est pas au nom d’une modernité exagérée ou d’un occidentalisme aveugle que je le dis. Encore que, je ne nie pas ma part d’occidental, comme je ne nierai jamais ma part d’oriental et d’africain - on a tous en nous des choses de partout, n’en déplaise aux puristes. C’est au nom de ma conception de l’islam, loin de tout dogmatisme, de tout enfermement et tout archaïsme, une religion qui prône la liberté, l’égalité et la fraternité entre les hommes, dans distinction de sexes, ni de couleurs. 

Il n’est pas dans la coutume comorienne de frapper la femme. Le fiqh, je sais, le permet. Une certaine lecture du Coran aussi, je le concède. Moi-même, j’ai été formé dans et avec les livres dudit fiqh. On évolue tous, et c’est mon cas sur ce sujet et sur d’autres. La réponse la plus sérieuse, de mon point de vue, est de considérer que le Coran part des réalités qui étaient celles des bédouins auxquels il est directement révélé. Or, de l’avis de presque tout le monde, frapper la femme faisait partie des pratiques culturelles de ces gens-là.

Raison pour laquelle, des gens comment al-Tāhir b Ashūr considèrent qu’il est interdit de lever la main sur la femme d’une région où un tel comportement est considéré comme humiliant. Notre b. Ashūr rappelle même que, pour certains jurisconsultes musulmans, le verset ne donne pas droit au mari de frapper sa femme, mais plutôt aux autorités locales de procéder à sa correction, comme à celle du mari, en cas de contravention à la loi. 

Les islamophobes brandissent souvent le verset du chapitre des Femmes, portant sur cela. Ils ne disent jamais qu’ici, en Occident, une femme meurt sous les coups de son conjoint tous les jours - loin de toute considération religieuse. Non. Puisque, c’est, pour eux, seulement l’islam le problème. Je serais même curieux que l’on compare sur ce sujet précis les pays du Moyen-Orient et les nôtres ici. Je pense que « la question serait vite répondue », comme dirait l’autre. Comme ils ne diront jamais rien des 300.000 mineures mariées à des adultes aux USA, ces 10 dernières années. Qui sait, au reste, que plus de 40 états aux USA n’interdisent pas le mariage des mineurs à des adultes? 

Pour moi, frapper la femme n’a aucune raison d’être, au même titre que l’esclavage. Le Coran en parle, parce que c’était une réalité jusqu’à récemment, au reste. Mais, son esprit est que tout le monde doit être libre et l’égal de tout le monde. Le comportement du Prophète en est la preuve. Il n’est, en effet, recueilli nulle part qu’il a une seule fois frappé une de ses épouses. Et une fois encore, ce n’est ni par excès de modernité, ni par occidentalisme. C’est par pur fidélité aux traditions islamiques, loin de la tshek-tshuka née du mélange de la religion musulmane avec les cultures locales. 

Et ça ose critiquer qu’on parle d’Islam de France, alors que hormis les piliers de l’islam et les interdits majeurs, on ne vit pas l’islam de la même manière l’islam en Indonésie qu’au Sénégal, en Arabie-Saoudite, qu’en Égypte. Ce qui fait son universalité.

Les injustices dont font l’objet les femmes dans le monde sont diverses et variées. Je ne peux en parler exhaustivement ici. Je peux cependant dire que tout le monde a à apprendre de tout le monde. C’est avec humilité et impartialité que l’on arrivera à en triompher. 

Parler de certains avantages de la femme comorienne ne doit nullement vous laisser penser qu’elle n’est pas victime d’injustices. Entre les notes sexuellement transmissibles (NST) et les promotions-canapé qu’on lui inflige - outre les jurons comme, son intelligence se situe dans son entre-jambe, ou la femme-seins - il y a de quoi écrire une encyclopédie sur le sujet.

Humaine et humblement vôtre !

Mohamed Bajrafil
Photo : Des mamans qui râpent du noix de coco ©️Sur les traces de la culture comorienne 

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