Huit ans de prison pour un ex-juge de Mayotte jugé pour viol
La cour d'assises de Paris a condamné vendredi 16 décembre à huit ans de prison un ex-juge de Mayotte jugé pour le viol d'une jeune femme après une soirée dans un bar de l’île en 2014, a-t-on appris de source judiciaire.
La cour, qui a pris sa décision après environ dix heures de délibéré, a demandé un mandat de dépôt à l'encontre de l'ex-magistrat, a-t-on indiqué de même source. L'avocat de l'ancien juge d'instruction, Me Léon Forster, a précisé à l'AFP qu'il avait aussitôt fait appel pour éviter que son client dorme en prison.
Deux parties aux versions opposées
Le parquet avait requis 12 ans d'emprisonnement lors de ce procès qui s'est déroulé à huis clos. Ouvert depuis huit ans, le dossier oppose deux parties aux versions radicalement opposées de la nuit du 1er au 2 juillet 2014. Ce soir-là, le juge d'instruction Hakim Karki se rend au Caribou, un restaurant prisé de Mamoudzou qui sert de repaire aux fonctionnaires de cette Ile de l’archipel des Comores dans l'océan Indien.
Le magistrat, qui disait mener «une vie de moine», dans une relation à distance avec sa compagne avocate sur l'île de La Réunion, se retrouve à la table de deux jeunes femmes qu'il connaît de loin: une enseignante et professeure de danse, S., accompagnée d'une amie qui quittera la soirée plus tôt. Inquiète de trouver un taxi pour rentrer, il est convenu que le juge ramènera S. après le dîner.
«J'étais sidérée»
Hakim Karki a affirmé pendant l'enquête que la plaignante lui «a sauté dessus» sitôt dans la voiture pour une relation sexuelle sauvage en plusieurs temps et qu'il s'est laissé faire même si, a-t-il ajouté, ce n'était pas son «trip». L'enseignante a pour sa part assuré avoir été forcée durant le trajet à une fellation par une «technique» violente de maintien de la mâchoire et avoir ensuite suivi, en état de choc, le magistrat jusque chez lui pour tenter d'avoir des explications, avant d'y être de nouveau violée.
«J'étais sidérée», a-t-elle dit, avant de raconter qu'elle avait fini par demander à son agresseur présumé de la ramener chez elle. Le surlendemain, la jeune femme a poussé la porte du commissariat et dit d'emblée redouter les conséquences de sa plainte. «Ce n'est pas un citoyen lambda, je n'ai pas envie d'être broyée», a-t-elle déclaré lors de sa première audition.
Suspendu de ses fonctions
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