Les élus de Mayotte ont décidé de fermer écoles primaires et administrations locales jeudi et « jusqu’à n.Mayotte, une île gangrenée par la violence !
Que se passe-t-il depuis ce jeudi à Mayotte ?
Les élus de Mayotte ont décidé de fermer écoles primaires et administrations locales jeudi et « jusqu’à nouvel ordre ». Face à une situation d’une « gravité inédite », maires, parlementaires, conseillers départementaux et collectifs de citoyens ont donc décidé d’une opération « île morte » à compter du 15 septembre, promettant un retour « à la normale dès que la situation sera apaisée et des solutions structurelles trouvées pour que la paix, la sécurité, la sérénité et la tranquillité publique reviennent ».
Dans la foulée, l’association des maires a indiqué dans son communiqué avoir demandé au Conseil départemental de « prendre toutes les dispositions nécessaires pour qu’aucun transport scolaire ne circule à compter de ce jeudi ».
Pourquoi cette opération « île morte » est-elle critiquée ?
Que des maires demandent « qu’aucun transport scolaire ne circule à compter de ce jeudi » agace la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) qui s’est inquiétée de l’impact sur les élèves, estimant que « l’intérêt supérieur des enfants » ne devait « pas être sacrifié ».
Sur l’île, où l’âge moyen de la population est de 23 ans, où les transports en commun n’existent pas, de nombreux élèves devraient effectivement être dans l’impossibilité de se rendre au collège ou au lycée. « Mayotte est un territoire où les enfants, les adultes ne se sentent plus en sécurité. C’est à l’Etat français de trouver rapidement des solutions à une situation qui n’a que trop perduré », a estimé la FCPE dans un communiqué.
Mayotte, une île gangrenée par la violence ?
Le sentiment d’insécurité est très fort à Mayotte, ile de près de 400.000 habitants. Dans une analyse de novembre 2021, l’Insee relevait que « près de la moitié des personnes se sentent en insécurité souvent ou de temps en temps, à leur domicile ou leur quartier, soit cinq à six fois plus que les habitants de l’Hexagone ».
Mayotte est effectivement régulièrement secouée par des flambées de violences entre bandes rivales ou contre les forces de l’ordre, lorsqu’elles interviennent pour y mettre fin. En 2021, le parquet de Mamoudzou avait ainsi enregistré une augmentation de 25 % des saisines pour des faits criminels sur l’île et de 21 % pour des délits. Quatre fois plus de dépôts de plainte pour cambriolages qu’en France y sont également enregistrées et les agressions physiques y sont beaucoup plus fréquentes. Une insécurité alimentée par une grande pauvreté : 194.000 Mahorais, soit 74 % de la population, vivent avec un niveau de vie inférieur à 50 % de la médiane nationale, selon l’Insee.
Début septembre déjà, bagarre et mouvements de foule avaient émaillé le concert du rappeur Niska qui avait eu lieu à la capitale Mamoudzou. Ce dernier avait dégénéré en émeute, faisant une dizaine de blessés légers, selon des sources policières. A l’issue de près de deux heures d’affrontements, deux personnes avaient été interpellées. En février, excédés par l’insécurité, des habitants avaient, eux, bloqué pendant plusieurs jours les accès à leur quartier et tenté d’entraver des axes de circulation.
Se rendant à Mayotte fin août, le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin avait, quant à lui, indiqué que les policiers et les gendarmes avaient évoqué « en aparté des mineurs de 11 ans, de 10 ans, de 9 ans qui avaient des machettes, des haches, qui attaquaient les policiers et les gendarmes ». Enfin, l’île a connu ces derniers jours une vague de violences, avec barrages routiers, affrontements entre bandes rivales et avec les forces de l’ordre, caillassages de bus scolaires et de véhicules.
Avec 20Minutes et AFP
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