Elle est étudiante à Rennes. Son récit a été élaboré avec..Marie, De Mayotte à Rennes : «En arrivant ici, on a compris qu’on nous avait vendu du rêve»
TÉMOIGNAGE. Marie, 18 ans : « De Mayotte à Rennes, j’étudie à 8 000 km de chez moi »
Marie a 18 ans. Elle est étudiante à Rennes. Son récit a été élaboré avec les journalistes de la Zone d’expression prioritaire (Zep), lors d’ateliers avec des jeunes.
La Zone d’expression prioritaire (Zep) élabore ces récits avec des jeunes de 14 à 30 ans lors d’ateliers d’écriture encadrés par des journalistes. Ces témoignages sont ensuite publiés par des médias. Ouest-France a choisi d’être l’un d’eux. Tous les mois, le premier mardi, dans le journal et sur ouest-france.fr, on peut lire ces récits de vie, comme celui de Marie, 18 ans.
« Je suis partie l’été dernier de Mayotte, l’île où j’ai grandi, pour aller faire mes études à Rennes. Je savais que ce qui m’attendait était différent. Dans la salle d’attente de l’aéroport de Dzaoudzi-Pamandzi, j’ai repensé à tout ce que je laissais derrière moi, et à tout ce qui me poussait à faire ces sacrifices. Je me suis dit que beaucoup d’étudiants étaient passés par là, et que ça leur avait appris à grandir.
Là d’où je viens, continuer ses études en métropole, c’est le but de la plupart des jeunes. À Mayotte, le choix de formations est très limité. Soit il n’y a pas ce qu’on désire faire, soit il n’y a pas assez de places. J’avais postulé pour faire un BTS Support à l’action managériale, mais j’étais sur liste d’attente, et elle était longue. Je me suis résignée à accepter le BTS que j’avais obtenu ici, à Rennes. »
« Ne pas inquiéter les parents »
« Les jeunes de Mayotte voient leur départ de l’île comme un moyen de se libérer de la pression familiale. Le but, c’est de montrer qu’on peut réussir seul sans être « materné ». Beaucoup sont arrivés ici avec beaucoup d’ambitions, et le rêve de rendre sa famille fière.
Pour nos parents, ici, la réussite est sûre et certaine. La plupart ont une bonne image de l’Hexagone. Ils pensent que tout est favorable, que la vie n’est pas chère. Ils oublient souvent que le seul revenu que nous avons, c’est notre bourse étudiante. Ce n’est pas toujours facile de demander de l’argent à ses parents quand tu sais que leur premier réflexe, c’est de penser que tu n’as plus rien à manger. Donc tu préfères ne pas leur faire part de ces problèmes. Cela ne ferait que les inquiéter. »
« On nous avait vendu du rêve »
« Ils nous ont inculqué ces valeurs : vénérer la France, mettre la métropole sur un piédestal. On connaît tous notre histoire : la France nous a accueillis comme son nouveau jeune département, en 2009. On se rappelle tous des fêtes dans les rues à ce moment-là, et de la joie de nos parents qui refusaient l’indépendance voulue par le reste des Comores. Ils nous répètent que nous sommes français plus que tout. La France est un pays où vous vous sentirez chez vous car vous l’êtes depuis votre naissance.
En arrivant ici, on a compris qu’on nous avait vendu du rêve. La vie est aussi différente que compliquée, surtout quand on est étudiant. On ne connaît...Lire la suite sur ouest France
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