Dans une interview que Me Fahmy Said Ibrahim à donnée à la Gazette des Comores au début du mois, il indexe nos hôtes étrangers qui inter.Torchon rouge
Torchon rouge
Dans une interview que Me Fahmy Said Ibrahim à donnée à la Gazette des Comores au début du mois, il indexe nos hôtes étrangers qui interviennent dans le petit commerce. Il accuse ces derniers de tenir des activités qui auraient dû revenir aux locaux. Ce discours est d'autant dangereux que son auteur est un membre éminent de la classe politique comorienne ayant même tutoyé la plus haute marche de l'Etat (ancien député, ancien ministre des Affaires étrangères et ancien candidat à la présidentielle).
D'abord, ne sommes-nous déjà assez en froid avec Madagascar ? (j'ai eu à donner mon avis sur le sujet). Est-ce vraiment le moment opportun d'ouvrir un autre dossier sensible susceptible de provoquer de nouvelles tensions avec la Grande Ile ?
Rien que pour cette raison déjà, il est risqué de créer des frictions avec l'autre grand voisin, la Tanzanie, plus grande économie de cette région du monde.
Faut-il rappeler que beaucoup de ces petits commerçants sont comoriens puisqu'ils sont titulaires d'une carte d identité nationale obtenue par le mariage ou par toute autre moyen légal tandis qu'une autre partie fait prévaloir un droit de séjour régulier lui permettant de s'établir et de travailler ? Pour ces deux groupes, les propos de l'ancien ministre n'ont tout simplement pas d'objet.
Reste la troisième catégorie composée des clandestins. Combien sont ils ? Que représentent-ils en termes réels ? S'il y a menace, quelle est son ampleur ? Les études qui auraient pu permettre de le savoir n'existent pas. Donc on s'amuse à agiter le torchon rouge de la xénophobie sans rien savoir des griefs que l'on formule.
D'un autre côté, nous voyons bien que nos jeunes ne s'intéressent pas au petit commerce. A part une minorité qui tente de percer dans l'informel, tous rêvent d'emplois de bureau et de France. Il suffit pour cela, lecteur, de regarder autour de vous en vous demandant si vous connaissez des jeunes motivés par l'activité consistant à vendre des brochettes, du miel ou des chaussures d'occasion. Cela signifie que si l'ancien chef de la diplomatie comorienne obtenait gain de cause, les activités concernées ne seraient plus maintenues mais pourraient même disparaître.
Et pourquoi ratifier, comme nous l'avons fait, le traité de la zone de libre échange continentale africaine ? Quel type d'intégration souhaite défendre l'ancien ministre au sein des organisations régionales comme le Comesa et de la Sadc s'il ne peut tolérer
l' établissement de petits commerçants tanzaniens ? Pour rappel, l'intégration signifie d'abord la libre circulation des personnes et des capitaux, ce qui suppose comme préalable le droit d'établissement c est-à dire, le droit de créer son business chez le voisin. En d autres, termes, nous nous sommes engagés à recevoir sur notre sol des businessmen des pays voisins. Dans un pays sans industrie, où voulez vous qu'ils travaillent sinon dans le commerce ?
Le vrai sujet aujourd'hui est de réussir à trouver comment prélever l'impôt sur ces activités et non pas de tenter de les empêcher.
Enfin Mdjizi wa ndrongo nde wudjuwo wo mwiso : qui peut prévoir la réaction du gouvernement de Dar es Salaam si les ressortissants de Tanzanie devaient être inquiétés à Moroni ? Dar es Salaam, notre unique grande sœur de toujours, qui n'a pas hésité - quand notre pays était menacé d'implosion - à envoyer ses soldats "mourir pour les Comores" à l'occasion du débarquement à Anjouan.
AMj
COMMENTAIRES