À moins que cela ne soit son baptême de feu politique que sa posture d’ambassadeur lui impose un sacré droit de.Ce que je pense du propos de Badjrafil
Ce que je pense du propos de Badjrafil
Pendant une interview avec Comores info, il m’a été demandé ce que je pense de la nomination de Badjrafil au poste d’Ambassadeur de notre pays à l’UNESCO.
J’ai répondu qu’il mérite cette nomination et pour ce qui est de son positionnement politique, sous entendu dans la question, j’ai dit qu’il a le droit de militer avec qui il veut.
Mais pour ce qui est de sa mission à l’UNESCO, j’osais croire qu’il allait servir le pays et non celui qui l’a nommé si bien qu’il sera jugé par rapport à son bilan. Je me suis donc refusé de m’offusquer à le considérer adversaire politique étant entendu que je combats résolument le régime qu’il soutient.
Bien que la nomination à un poste d’ambassadeur est devenu pour le régime actuel une sorte de gratification pour les fidèles du président, je m’étais dit que Badjrafil le mérite bien de par sa formation, sa profession et sa posture intellectuelle et culturelle. Je n’ignore, évidemment pas , que Azali ne peut pas se faire la violence du discernement en nommant un ambassadeur dont les opinions ne lui sont pas irréversiblement acquises mais, je me suis accordé, peut-être à tort, qu’il pourrait agir, ne serait-ce qu’exceptionnellement, pour l’intérêt national et non pas, comme d’habitude, pour ses propres intérêts.
Je sais, également, que beaucoup reprochent à Badjrafil de soutenir le régime par le silence pendant les forfaitures les plus rebutantes tels les assassinats par l’armée, les arrestations arbitraires et les parodies de justice qui font de notre pays un État de non droit. Je me suis dit qu’il n’a pas envie de se mêler des débats politiques, c’est sa position je la respecte.
Pour ce qui est de sa colère contre la menace de la paix, je dirais qu’il a péché en deux choses. Il parlait de la paix dans une hargne agressive sans pour autant contextualiser le concept dans les cas de conscience qui dominent la situation au pays à l’exemple des luttes inter villageoises, des stades de football transformés en arènes hooligans, de l’insécurité violente, des viols et meurtres, de la corruption décomplexée, de la pauvreté galopante et de la mauvaise gouvernance caractérisée, autant d’indicateurs alarmants qui mettent la paix en péril. L’exemple des règlements de compte qu’il pourrait lui aussi commettre si on tuait son oncle et que d’autres peuvent le faire a été très mal choisi, son oncle étant à la tête de l’armée laquelle commet des crimes abominables.
Il a aussi péché en s’en prenant à l’opposition comme celle ci était la vraie menace de la paix et pas un seul mot au gouvernement, l’acteur principal de la situation d’insécurité qui frappe le pays. On aurait dit le discours du clergé au XVIe siècle qui interdisait aux ouvriers de se révolter contre le patronat celui ci étant l’émanation de la volonté de dieu.
A mon avis, s’il lui était difficile de trouver des coupables dans le régime qui gouverne de fait, il aurait dû rester dans sa réthorique de silence politique avec le risque qu’il lui soit rappelé que, qui ne dit mot consent.
À moins que cela ne soit son baptême de feu politique que sa posture d’ambassadeur lui impose un sacré droit de réserve.
Par Dini Nassur
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