La situation n'est pas du tout simple et rien à l'horizon ne semble pouvoir venir calmer cette profonde inquiétude..Une inflation plus que galopante !
Une inflation plus que galopante !
Ces temps-ci je peux sembler alarmiste sur le plan économique. Mais honnêtement, je pense être loin du compte. La situation n'est pas du tout simple et rien à l'horizon ne semble pouvoir venir calmer cette profonde inquiétude, qui est la mienne.
Tout le monde le vit, les prix des denrées alimentaires ont explosé durant ce Mois Sacré de Ramadan. Autant il est possible de comprendre que l'approvisionnement de certains produits alimentaires soit difficile à cause d'une flambée des prix à l'international, dûe à la guerre en Ukraine, et provoquant ainsi une spéculation qui fait subir aux importateurs la loi du marché.
Autant il est très compliqué de croire que le manioc, la banane, le gingembre, le tarot qui ne subissent pas du tout l'effet de la guerre, du moins pas encore, puissent avoir des augmentations de prix variant entre 100 et 300%, dans l'indifférence ou l'impuissance générale. Et cela est d'autant plus troublant que cette folie de flambée des prix des produits agricoles n'est constatée qu'à Ngazidja. À Mohéli et Anjouan, les produits vivriers, les légumes et le poisson ont des prix raisonnables.
Et le plus inquiétant est que mêmes certains produits venus de si loin, dans un contexte de guerre, comme le Tilapia qui est à l'image, coûtent 2 à 3 fois moins cher que le même produit local. Alors on peut raconter l'histoire du produit bio qui coûte plus cher, ou de la petitesse du marché qui augmente les coûts de production. Mais tout de même, n'exagérons pas. Les prix des produits locaux restent malgré tout exorbitant. Et rien de scientifique ne peut le justifier.
Le véritable problème est dans le calcul du prix de revient des produits agricoles. Je pense que le ministère de l'agriculture, associé aux ministère de l'économie et à celui des finances, devrait réfléchir à la mise en place d'une structure de prix des produits agricoles. Il est plus que temps d'organiser le secteur de l'agriculture et son circuit de distribution. Le producteur, le collecteur, le détaillant (la vendeuse du marché) et entre eux tous, le transporteur. Et enfin, il temps de généraliser la vente au kilo des produits locaux. Et au final tout cela devrait aboutir à un élargissement automatique de l'assiette fiscale, et donc plus de rentrées d'argent pour le Trésor public. Que du "bénéf" pour l'Etat.
Il y a là des mesures à prendre qui ne dépendent absolument pas du contexte international difficile. La production locale de certains produits (fruits à pains, fruits,...) qui ne nécessitent aucune intervention de type engrais, potassium, ou insecticides, doit pouvoir offrir des prix raisonnables toute l'année. Mais cela suppose une petite organisation et de la discipline. Or, il n'y a ni l'un, ni l'autre.
Mais le plus grave dans tout cela, c'est que dans notre pays le salaire minimum est une vue de l'esprit. Or dans les pays qui fonctionnement en respectant les règles les plus élémentaires d'économie, il y a une indexation presque automatique des salaires par rapport à la hausse des prix.
Il est vrai que le pouvoir actuel avait fait un petit effort dans ce sens-là, il y a quelques temps. Mais cela risque d'être très très insuffisant, compte tenu de la gravité de la situation et surtout que l'inflation semble difficile à maîtriser.
Je sais que certains pensent que la solution à cette inflation, ça serait que les commerçants fassent du dumping, des ventes à pertes pour pouvoir bénéficier des bienfaits d'Allah durant ce Mois de Ramadan. Cette solution relève de l'aliénation mentale surtout que dans un pays où c'est le seul mois que tu peux augmenter sensiblement ton chiffre d'affaires pour rattraper les mois de galère, comme mars et avril, le dumping conduirait au suicide des entreprises.
Par Mohamed Abdou Mbechezi
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