Arrivé au pouvoir par un coup d'État en 1983, Thomas Sankara a été...Assassinat de Sankara au Burkina : perpétuité pour l'ex-président Blaise Compaoré
Ce procès historique s'est ouvert en octobre 2021, 34 ans après la mort de Sankara, icône panafricaine, assassiné lors d'un coup d'État qui a porté au pouvoir Blaise Compaoré, condamné à perpétuité.
L'ancien président du Burkina Faso Blaise Compaoré, a été condamné mercredi 6 avril par contumace à la prison à perpétuité pour sa participation à l'assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara, tué avec douze de ses compagnons lors d'un coup d'État en 1987.
Le tribunal militaire de Ouagadougou a également condamné à la perpétuité le commandant de sa garde Hyacinthe Kafando et le général Gilbert Diendéré, un des chefs de l'armée lors du putsch de 1987. Blaise Compaoré, en exil depuis 2014 en Côte d'Ivoire, et Hyacinthe Kafando, en fuite depuis 2016, étaient les grands absents de ce procès qui avait débuté il y a six mois. Les trois hommes sont condamnés pour «attentat à la sûreté de l'État». Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré sont également reconnus coupables de «complicité d'assassinat» et Hyacinthe Kafando, soupçonné d'avoir mené le commando qui a tué Thomas Sankara, d'«assassinat».
Les juges sont allés au-delà des réquisitions du Parquet militaire qui avait demandé 30 ans de prison contre Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando et 20 ans contre Gilbert Diendéré. Le verdict a été accueilli par des applaudissements dans la salle du tribunal, selon un journaliste de l'AFP. Huit autres accusés sont condamnés à des peines allant de trois ans à vingt ans de prison. Trois accusés, enfin, ont été acquittés. Ce verdict met fin à un procès-fleuve de six mois qui s'était ouvert 34 ans après la mort de Thomas Sankara, icône panafricaine, assassiné lors d'un coup d'État qui avait porté au pouvoir Blaise Compaoré.
Ni aveux, ni repentir
Les avocats de la famille Sankara ont regretté qu'aucun n'ait avoué ou ne se soit repenti. «Personne! Nous demandons au tribunal de rendre justice aux familles. Nous ne voulons pas une vengeance, nous demandons simplement justice», a déclaré l'un d'eux, Prosper Farama. Le procès a été perturbé par le coup d'État du 24 janvier du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba qui a renversé le président élu Roch Marc Christian Kaboré. Il a une première fois été suspendu au lendemain du putsch, puis le 31 janvier, «jusqu'au rétablissement de la Constitution» mise en sommeil lors du coup d'État, puis rétablie par la junte au pouvoir, permettant sa reprise. Mais de nouvelles interruptions sont intervenues, dont une à la suite de la prestation de serment de Paul-Henri Sandaogo Damiba devant le Conseil constitutionnel, le 16 février.
La défense a alors introduit une requête en soulignant qu'on demandait des condamnations pour «attentat à la sûreté de l'État», alors que le putsch du lieutenant-colonel Damiba, validé par le Conseil constitutionnel, constituait en lui-même un «attentat à la sûreté de l'État». Cela «consacre la prise de pouvoir par la force comme un mode constitutionnel de dévolution du pouvoir», avaient soutenu les avocats de la défense. Un argument «non fondé» rejeté par le Conseil constitutionnel, permettant la reprise du procès.
Arrivé au pouvoir par un coup d'État en 1983, Thomas Sankara a été tué avec douze de ses compagnons par un commando lors d'une réunion au siège du Conseil national de la révolution (CNR) à Ouagadougou. Il avait 37 ans. La mort de Thomas Sankara, qui voulait «décoloniser les mentalités» et bouleverser l'ordre mondial en prenant la défense des pauvres et des opprimés, a été un sujet tabou pendant les 27 ans de pouvoir de Blaise Compaoré, contraint de partir après une insurrection populaire en 2014.
Par Le Figaro avec AFP
De G à D : le président burkinabé Thomas Sankara, l'ancien président des Comores Ahmed Abdallah et l'ancien président français François Mitterrand, le 3 octobre 1983, à Vittel, durant le 10e sommet France-Afrique. JEAN-CLAUDE DELMAS / AFP
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