Les ravages de l'esprit munichois à la Coupe d’Afrique des Nations de Football
Les ravages de l'esprit munichois à la Coupe d’Afrique des Nations de Football
Les 29 et 30 septembre 1938, les dirigeants de l’Italie, de la France, de l’Allemagne et du Royaume Uni se réunissent à Munich en Allemagne pour décider du sort de la Tchécoslovaquie. Le Français Daladier et le Britannique Chamberlain sont censés défendre cette démocratie… dont le président n’est pas convié aux débats.
Hitler exige l’annexion des Sudètes, territoire tchèque majoritairement germanophone. Il obtient satisfaction, contre la promesse d’en rester là. Six mois plus tard, le Führer occupe tout le pays.
Churchill déclare alors au Premier ministre britannique : « Vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre. ». Depuis, celui qui cède à des menaces, explicites ou voilées est qualifié de « munichois ».
N'étant pas confiné seulement dans la sphère politique, l'esprit munichois a soufflé à Yaoundé au Cameroun où il a fait des ravages auprès de la Fédération Comorienne de Football. La Confédération Africaine de Football (CAF) a changé les règles de jeu à moins de 24 heures du match opposant les Comores au Cameroun en imposant au portier comorien Ali Ahamada un confinement de 5 jours alors que jusqu' à ce revirement de dernière minute un joueur redevenu négatif pouvait disputer la rencontre après avoir été testé positif 2 jours auparavant.
Au lieu de dénoncer vigoureusement cette injustice innommable, les responsables du football comorien ont choisi la discrétion pour ne pas ….encourir des sanctions. Leur stratégie n’a pas été payante. L’instance faîtière du football africain vient d’imposer de lourdes sanctions à la Fédération Comorienne de Football après le match controversé entre les Comores et le pays organisateur.
Le Jury disciplinaire de la CAF a décidé :
- d'infliger une amende de 10000 $ à la Fédération Comorienne de Football pour non-respect du protocole COVID-19 requis par la CAF
- d'infliger une amende de 5000 $ à la Fédération Comorienne de Football pour non-respect des numéros de maillot déjà enregistrés dans le système CMS par le joueur
- d'imposer une amende de 5000 $ à la Fédération Comorienne de Football pour le retard causé par leurs joueurs
- de suspendre l'entraineur des gardiens de but Jean-Daniel Noël Patrice PADOVANI pour ses trois prochains matchs avec l'équipe nationale, en raison de son comportement irrespectueux
Je n'ai pas d'éléments pour me prononcer sur le bien-fondé de la sanction pour "non respect du protocole COVID-19 requis par la CAF" et de la suspension de l'entraineur des gardiens de but. Par contre, je trouve COCASSE que la CAF ait sanctionné la Fédération Comorienne de Football pour "le non-respect des numéros de maillot ...." et "pour le retard causé par les joueurs comoriens" dans la mesure où ces 2 incidents sont dus à leur arrivée tardive au stade.
En effet, le car qui transportait les joueurs comoriens était bloqué dans les embouteillages et n'avait pas bénéficié des services d'escorte de la police camerounaise. Ils étaient tellement en retard qu'ils étaient obligés de se changer dans le car pendant le trajet. Tout cela est COCASSE. Je m'abstiens d'utiliser le mot INJUSTE car il me semble que ces gens de la CAF ont une lecture assez abracadabrantesque des règlements. Pourquoi tout cet acharnement ? Yitsi rumwa mdru. Na ye rumwa yitsende.
Pour terminer, je pense que si Churchill était de ce monde, il aurait déclaré « Vous aviez le choix entre les sanctions de la CAF et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez les sanctions de la CAF ». La Fédération Comorienne de Football a choisi le déshonneur en ne protestant pas vigoureusement contre le confinement injuste et partial imposé au gardien de but Ali Ahamada. Et elle a eu quelques jours après les sanctions qu'elle redoutait
Abdourahamane Cheikh Ali
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