France : Une enseignante menacée après avoir diffusé une photo de Soprano
Une prof de SVT a utilisé une photo du rappeur pour un cours sur l’évolution. Une collégienne l’a interprété comme un amalgame raciste, relate « Le Parisien ».
L’enfer est bien plus gros sur Terre. Depuis que les hommes font pire que Lucifer », entonnait Soprano dans son titre à succès « Le diable ne s’habille plus en Prada ». Et c’est bien un enfer qu’a vécu une enseignante de Trappes, dans les Yvelines, lorsqu’elle a choisi de glisser une photographie du rappeur dans un document montrant l’histoire de l’évolution humaine.
Début décembre 2020, cette professeure de SVT (sciences de la vie et de la Terre) au collège a remplacé, dans une frise chronologique, le croquis de l’homo sapiens par un portrait de l’artiste marseillais, rapporte Le Parisien, dimanche 16 janvier. Le début d’un véritable calvaire pour la jeune femme de 34 ans, qui a l’habitude d’utiliser des personnalités comme Kylian Mbappé ou Josiane Balasko pour rendre ludiques ses leçons. Le visage de Soprano se trouvait sur la même ligne que le dessin représentant un Australopithèque, bipède descendant du singe. Une des élèves de troisième y a vu une comparaison allusive entre le primate et le musicien.
Le père de la jeune fille, Kamel, avait décidé d’alerter les réseaux sociaux. « Ma fille, elle m’a dit : “Papa, ce n’est pas normal en cours de SVT”. […] Éducation nationale de merde. Faites tourner, s’il vous plaît. On ne doit pas accepter ! » écrivait-il sur Facebook. Les menaces se sont alors multipliées à l’encontre de l’instructrice, qui a nié toute assimilation et prévenu les services de police. Ces derniers ont attesté des risques courus et lui ont conseillé de s’exfiltrer en dehors de l’Île-de-France.
Le parent d’élève condamné
« Tout de suite, je me suis dit : “Ma vie est finie. J’ai eu peur de mourir” », raconte-t-elle avec émotion au Parisien. Jugé le 15 novembre dernier, le parent d’élève a été condamné à six mois de prison ferme. Le procureur a dénoncé une « fatwa numérique », rappelant le drame de l’assassinat de Samuel Paty. « J’adore mon métier, j’aurais voulu accompagner mes élèves jusqu’au brevet. […] Si l’Éducation nationale ne protège pas ses enseignants, je vais devoir m’autocensurer », conclut avec tristesse l’agrégée.
Par LePoint.fr
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