Honte aux avocats du diable.
Honte aux avocats du diable
Qu'est-ce qu'il y a de plus sidérant que de voir des cadres politiques qui ne tombent pas de la dernière pluie et des intellos (ou soit-disants intellos?) faire les avocats du diable en prenant fait et cause pour une dictature ? Leur côté ridicule réside dans le fait qu'ils sont conscients du caractère indéfendable de leurs thèses mais font semblant d'avoir raison. Si pour René Descartes et les latins, "je pense, donc je suis", nos fanfarons considèrent, eux, que contredire pour contredire est leur raison d'être.
Peu importe que le régime de la voyoucratie dévaste tout sur son passage, que le pays soit ruiné; son unité et la cohésion sociale menacées; les libertés et les droits humains les plus élémentaires bafoués, et que rares sont les Comoriens qui parviennent à joindre les deux bouts.
Non, ce qui compte pour eux c'est de se montrer, se faire repérer par le dictateur, aux fins de servir leurs petits intérêts. Quitte même à se ranger du mauvais côté de l'histoire? L'histoire, de toute façon, n'est pas leur préoccupation première. C'est ainsi que comme avec les fameuses assises antinationales de 2018, ils sont nombreux au moment où l'on parle à reprendre leur bâton de pélerin pour prêcher la "bonne parole" du dialogue.
Ne perdez pas non plus votre temps à chercher de leur expliquer que le démantèlement systématique de l'État de droit, des institutions républicaines ou des règles du jeu démocratique c'est quelque chose de gravissime qui met en péril l'existence du vivre-ensemble et donc de de la nation. Au contraire, ils plaident sans scrupules pour la fuite en avant, tentent de justifier la politique du fait accompli pratiquée par Assoumani Azali pour passer outre la constitution de 2001 et les institutions y afférentes.
Le temps est venu de poser à nos "je-sais-tout" des questions. Que portent-ils comme valeurs politiques et morales? Sont-ils des politiques ou juste des profiteurs ? Ont-ils des ambitions pour le pays ou juste pour eux-mêmes ? Force est de se demander où nos cadres politiques et intellectuels ont été formés.
Car l'on ne peut pas comprendre qu'une élite formatée à l'école républicaine ose soutenir que la lutte contre une dictature serait l'affaire de la seule opposition institutionnelle. N'ont-ils donc rien appris de l'histoire des autocraties, et notamment du nazisme, du fascisme, etc? Il est surtout inadmissible que nos jeunes cadres dynamiques n'aient pour seul horizon que la politique du ventre.
Par Youssouf Boina, ancien SG du parti Updc
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