Homme d’Etat et homme politique hors...Il y a 32 ans disparaissait tragiquement le président Ahmed Abdallah Abdérémane, des Mains des Mercenaires.
Il y a 32 ans Disparaissait Tragiquement le Président Ahmed Abdallah Abdérémane, des Mains des Mercenaires
Né le 12 juin 1919 à Domoni (île d’Anjouan), Ahmed Abdallah Abdérémane est le fils d’un grand propriétaire foncier de la région de Domoni et d’une mère descendante des grandes familles de la ville. Il a la chance de rentrer tôt à l’école primaire de Domoni puis de Sima. Son père l’envoie ensuite à Madagascar pour poursuivre ses études. Il fréquente ainsi à l’Ecole Régionale de Majunga jusqu’à la classe de 3ème année. Très doué aux affaires, il revient s’installer à Anjouan comme propriétaire, préparateur de vanille et commerçant.
Ahmed Abdallah Abdérémane devient en quelques temps un des notables influents de l’île aux parfums. Il embrasse la politique et se fait élire, en 1946, au Conseil Général où il se fait très remarqué par ses talents et son dynamisme. En 1949, ses collègues le choisissent comme président de leur auguste Assemblée. Il n’a alors que trente ans. C’est à ce titre qu’il se rend pour la première fois en France en 1951 pour appuyer l’Administrateur du Territoire des Comores venu présenter les doléances du Conseil Général des Comores.
Il est élu Conseiller de l’Union Française (apparenté Rassemblement des Gauches Républicaines) par le Conseil Général le 4 novembre 1953, en remplacement de Georges Boussenot. Mais très vite, il démissionne de ses fonctions de président du Conseil Général. Il revient dans la vie parlementaire en 1957, lorsqu’il remplace Jacques Grimaldi au poste de Conseiller Territorial et siège aux côtés des élus de l’Union des Gauches Républicains (UGR).
Le 26 avril 1959, Ahmed Abdallah Abdérémane est élu Sénateur des Comores et est apparenté Union pour la Nouvelle République, parti gaulliste. Il sera réélu plusieurs fois à ce poste jusqu’à son élection comme Président du Conseil des Comores. Au Sénat, il a comme suppléant Afraitane ben Said Aboubacar et est membre de la Commission des Affaires Culturelles.
Pendant l’autonomie interne, Ahmed Abdallah Abdérémane passe pour celui dans l’équipe du Président Said Mohamed Cheikh qui veut l’indépendance rapidement. Ses positions en faveur d’un transfert réel des compétences administratives, politiques et économiques de la Métropole au Territoire des Comores sont tranchées; ce qui lui vaut l’hostilité des différents Hauts Commissaires qui se sont succédés aux Comores.
A la mort du Président Said Mohamed Cheikh, Ahmed Abdallah Abdérémane soutient le Président Said Ibrahim. Sénateur au Palais de Luxembourg, il devient aussi Président de la Chambre des Députés des Comores, le 2 avril 1970 en remplacement du prince Said Ibrahim devenu Président du Conseil du Gouvernement. Aux élections de juin 1970, il perd son siège de Président de la Chambre des Députés mais conserve son poste de Sénateur.
Le 22 décembre 1972, après la motion de censure contre le prince Said Ibrahim, la Chambre des Députés le désigne comme Président du Conseil du Gouvernement avec comme mandat de « négocier l’accession des Comores à l’indépendance dans l’amitié et la coopération avec la France ». Il démissionne à son poste de Sénateur dès janvier 1973. Dès cette année, il engage le processus de l’indépendance. Il réalise la coalition entre le parti « blanc » et le parti « vert », longtemps rivaux. Il signe avec la France les « accords de juin 1973 » qui prévoient l’indépendance des Comores dans un laps de temps de cinq ans.
Suite aux tergiversations et aux différentes manœuvres des autorités coloniales conséquentes au référendum 1974 qui a vu la population comorienne dans son ensemble approuver à plus de 90% l’accession à l’indépendance, Ahmed Abdallah Abdérémane, en tant que Président du Conseil du gouvernement proclame l’indépendance unilatérale des Comores le 6 juillet 1975.
Le 3 août 1975, vingt-huit jours après la proclamation unilatérale de l’indépendance, le président Ahmed Abdallah Abdérémane est victime d’un coup d’Etat dirigé par Ali Soilihi Mtsachioi Ce dernier recrute et envoie le mercenaire Bob Denard avec ses hommes chercher le Président Adallah qui était alors à Anjouan. Il est arrêté et mis en résidence surveillé à Moroni avant d’être exilé en France. Durant trois ans, il mène une vie paisible à Paris. Il rencontre la communauté comorienne et réactive ses contacts français.
Le 13 Mai 1978, Ali Soilihi est renversé par le même Bob Denard et ses hommes. Le président Ahmed Abdallah Abdérémane redevient président de la République après avoir fait adopter une nouvelle constitution. Durant son règne de 12 ans, plusieurs projets d’infrastructures (Construction Ecole de Santé, ENES, PNAC, Hôtel Ylang, Hôtel Glawa Beach…) ont été réalisés et des liens ont été établis avec des nombreux pays autres que l’ancien colonisateur.
Cependant, durant son règne, les mercenaires de Bob Denard avaient la haute main sur les questions de sécurité et de ce fait les libertés publiques étaient loin d’être assurées. Les militants du le Front Démocratique des Comores ont payé le prix fort dans la lutte contre le mercenariat.
A la fin de l’apartheid, il souhaite se débarrasser des mercenaires français. Il engage des discussions avec les autorités françaises. Mais le 26 novembre 1989, il est assassiné dans sa résidence de Moroni en présence de trois mercenaires et de son garde-corps, dans des circonstances qui demeurent encore mystérieuses.
Homme d’Etat et homme politique hors du commun, le président Ahmed Abdallah Abdérémane (AAA) a marqué de son empreinte la vie économique des Comores contemporain de par ses qualités d’opérateur économique gérant magistralement ses entreprises commerciales. Il a également laissé une trace indélébile dans l’histoire politique des Comores à travers les rôles et responsabilités politiques qu’il a assumés. Sa mort tragique, dans la nuit du 26 au 27 novembre dans les mains des mercenaires avait relevée leurs vrais visages. Comme beaucoup de disparitions tragiques de grandes personnalités politiques sur notre continent, l’histoire de cet assassinat reste à écrire.
Photo : Ahmed Abdallah Abdérémane en visite en Lybie et en compagnie du Colonel Kadhafi
Les Archives du Docteur Ahmed Ouledi
HaYba FM la Radio Moronienne du Monde
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