Le remaniement? Un changement dans la continuité. Quelque chose ne tourne pas rond chez le dictateur et sa nomencltura. Quand on regarde attentivement
Le remaniement? Un changement dans la continuité
Quelque chose ne tourne pas rond chez le dictateur et sa nomencltura. Quand on regarde attentivement la composition de son dernier gouvernement, on sent une atmosphère de fin de règne.
Nul doute qu' Azali en est parfaitement conscient, mais a-t-il mis son staff au parfum ? Certes, on ne s'attendait pas à un remaniement technique.
On savait que, mis sous pression internationale, Azali avait besoin de faire peau neuve avant de s'atteler à son fameux dialogue. Dans mon entendement, cela devait passer au moins par deux changements d'ordre politique: un comportement d'apaisement et un gouvernement d'ouverture.
Vous avez dit apaisement ? Vous vous faites des illusions. Têtu comme une bourrique, Azali n'est pas homme à se remettre en question. Quand bien même il voudrait se métamorphoser, il n'y arriverait pas car ce serait pour lui un signe de faiblesse. N'oublions pas non plus la sagesse que contient ce proverbe: chassez le naturel, il revient toujours au galop.
Autant il voulait faire plus ou moins preuve de retenue à l'arrivée des Mabedja pour tenter de faire bonne figure, autant il n'a pas tardé à reprendre ses vieilles habitudes consistant à réprimer toute voix gênante. C'est pourquoi après avoir été battu à plate couture à la ''manif'' d'Iconi, il menace de bloquer, demain vendredi, l'accès de la capitale à tout Comorien répondant à l'appel à manifester de Mabedja.
Vous avez rêvé d'un gouvernement d'ouverture ? Tant pis aux assoiffés de pouvoir qui se sont fait ridiculiser en croyant aux fausses promesses d'embauche du Président prestidigitateur. Car nombreux étaient ceux qui se préparaient à participer au dialogue de la discorde, moyennant la promesse d'entrer au gouvernement. Il vaut mieux faire envie que pitié.
Les pauvres ! Au final, Azali a opéré ce que j'appellerais un changement dans la continuité. Certes, des poids lourds du régime sont passés à la trappe, mais ils n'ont été remplacés que par leurs congénères. En effet, Kiki ou Fakhri, Chayhane ou Kamal Soefou, et enfin son neveu Idaroussi et Omar Mgomri, n'est-ce pas Bonnet blanc et blanc bonnet ?
Si, en fin de compte, Azali enterre le dialogue ou trahit, en tout cas, ceux qui comptaient en faire un cheval de bataille pour obtenir un poste ministériel, quel message voulait-il faire passer à l'opinion avec ce gouvernement de lèche-bottes ? Mes lectures que j'ai faites de ce jeu de chaises musicales m'amènent à penser que deux choses ont motivé la composition de cette équipe de courtisans: le népotisme assumé et le banditisme.
Confondre sans aucun scrupule, au 21e siècle, le pouvoir de l'État et la famille montre que les Comores sont dirigées par un voyou qui, parce qu'il ne comprend même pas le sens du mot ''État'', se fiche bien de l'image de celui-ci. Pour lui, n'importe qui peut à bon droit occuper les fonctions régaliennes de l'État, à condition qu'il soit membre de sa famille, copin ou coquin.
Youssouf Boina, ancien SG du parti UPDC
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