Dialogue ou monologue ? la comédie de trop. Après avoir disparu quelque temps, le "dialogue'' réapparaît. Comme un vieux serpent de mer, ce thème de
Dialogue ou monologue ? la comédie de trop
Après avoir disparu quelque temps, le "dialogue'' réapparaît. Comme un vieux serpent de mer, ce thème de prédilection du dictateur refait encore surface pour brouiller l'actualité marquée, ces derniers temps, par l'action courageuse des"Mabedja".
Cette antienne est surtout considérée comme une aubaine devant lui permettre de faire acter le coup d'État constitutionnel, y compris par la communauté internationale. L'enjeu est donc de taille et clair comme de l'eau de roche. Il s'agit d'effacer de la mémoire collective tout souvenir du 26 mai 2021, date à laquelle devait avoir lieu la passation des pouvoirs entre le Président de fait en place et le Président élu anjouanais.
Pourtant, si brutal et répressif soit-il, ce gouvernement illégitime, illégal et impopulaire n'est pas en mesure de faire avaler cette pilule amère par la population. À plusieurs reprises et de multiples façons, le peuple a déjà administré la preuve de son attachement indéfectible à la restauration de l'ordre constitutionnel et à l'esprit de l'accord stabilisateur de Fomboni.
Le rejet massif de la vraie fausse révision constitutionnelle de 2018 et des élections subséquentes, notamment la mascarade des présidentielles de 2019, ne souffre aucun doute ni contestation possible. Pour avoir fait le même constat, par le truchement de leurs observateurs électoraux, il ne sied pas à la communauté internationale en général et, l'union africaine en particulier, de se déjuger
Le dialogue prôné par le Président Azali n'est pas celui recherché par le peuple comorien. Alors que celui-ci vise à restaurer l'ordre démocratique et constitutionnel, le dictateur a pour seule ambition d'imposer le fait accompli pour réaliser son rêve fou de garder à tout prix le pouvoir.
Comme un air de déjà vu, Azali entend rejouer le même scénario qu'aux fameuses assises nationales. Ceux qui s'attendaient à ce qu'il sorte de son chapeau une proposition constructive et consensuelle en seront pour leurs frais. Le Président usurpateur persiste et signe. Pour lui, le seul dialogue qui vaille doit impérativement porter sur les modalités d'organisation des élections de 2024.
La question, maintenant, est de savoir si la communauté internationale se mettra, cette fois-ci aux Comores, à la hauteur de ses responsabilités historiques. Les forces démocratiques comoriennes attendent de l'Union africaine, de l'Union européenne et des Nations-Unies qu'elles fassent les bons offices pour arranger le départ du dictateur et aider à remettre sur les chapeaux de roues le processus démocratique.
S'il en était autrement, s'ils laissaient faire le Président usurpateur comorien, ce serait la porte ouverte et un encouragement explicite à la dictature. Elles seraient ainsi mal placées de venir, demain, donner une leçon de démocratie, une fois que ce régime sera mis hors d'état de nuire. Comme en Guinée.
Par Youssouf Boina, ancien SG du parti UPDC
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