Procès du gouverneur Salami : Rendez-vous le 31 août Le gouverneur déchu d’Anjouan Abdou Salami Abdou sera jugé à partir du 31 aoutprochain...
Le gouverneur déchu d’Anjouan Abdou Salami Abdou sera jugé à partir du 31 aoutprochain, a fait savoir le porte-parole du gouvernement à l’issue du conseil des ministres du mercredi 11 aout.
Il est incarcéré depuis le 25 octobre 2018 pour « atteinte à l’unité nationale, participation à un mouvement insurrectionnel, complicité de meurtre, rébellion, port illégal d’arme et trouble à la sécurité publique ».
Lors du compte-rendu du conseil des ministres du mercredi 11 aout à Beit-Salam, le porte-parole du gouvernement Houmed Msaidie a annoncé l’ouverture du procès du gouverneur déchu d’Anjouan Abdou Salami Abdou, à partir du 31 aoutprochain. C’est la première fois depuis l’incarcération le 25 octobre 2018 de l’opposant à Azali que les autorités arrêtent une date pour son procès.
Salami qui s’était énergiquement opposé à la reforme constitutionnelle mettant en jeu les mandat du président et des gouverneurs des îles, sans oublier l’autonomie des îles, est accusé d’« atteinte à l’unité nationale, participation à un mouvement insurrectionnel, complicité de meurtre, rébellion, port illégal d’arme et trouble à la sécurité publique » par la Cour de sureté de l’État, une juridiction d’exception connue par sa sévérité vis-à-vis des opposants au régime.
Le procès est programmé à Anjouan où le mis en cause est détenu selon une source autorisée au sein de ladite Cour. Dans un document « confidentiel » mis à la disposition de La Gazette des Comores par la même source, un des avocats d’Abdou Salami Abdou explique que son client a « reconnu avoir remis à Monsieur Abdallah Mohamed la somme de 2.000.000 FC pour objectif de contribuer aux déplacements des manifestants vers Mutsamudu en vue d’une manifestation pacifique et d’un sit-in », et qu’« il n’a jamais eu comme intention de financer des troubles à la sécurité publique ».
Abdallah Mohamed, présenté comme cheville ouvrière du mouvement, n’est autre que le secrétaire général du gouvernorat, qui sera désigné par le chef de l’État Azali Assoumani pour succéder à Salami en tant qu’administrateur provisoire d’Anjouan jusqu’à la prise de fonctions d’Anissi Chamsiddine, élu en mars 2019.
Le même document souligne que Salami « était absent lors des réunions de préparation et qu’il tenait tellement à ce que la manifestation se déroule pacifiquement en espérant même pouvoir faire une apparition publique pour lancer la marche pacifique et légitime des manifestants ».
Mais la tournure violente qu’a prise le déroulement de la manifestation dont le bilan se chiffre à trois morts « a échappé à sa connaissance et à son autorité ».
Élément important dans ce fragment du dossier d’instruction, il en ressort des déclarations faites tant par Abdallah Mohamed lors de sa garde vue que de l’ensemble des inculpés que c’est le secrétaire général Abdallah Mohamed « qui a été l’organisateur principal de la manifestation ; qu’il a invité les sympathisants à barricader les routes ; qu’il a demeuré durant tout son déroulement dans la médina ; qu’il a participé aux négociations et qu’il a été le seul interlocuteur direct de l’ancien gouverneur » Salami qui s’était réfugié chez un ami médecin, à quelques encablures de Mutsamudu.
Le tout « sans jamais qu’il (Abdallah Mohamed, Ndlr) soit entendu par le magistrat instructeur même en qualité de simple témoin ».
Le porte-parole du gouvernement a également annoncé la tenue « avant la fin de l’année » d’un autre procès, celui de l’ancien président Sambi, incarcéré depuis mai 2018 pour, d’abord, troubles à l’ordre public, puis dans le cadre du dossier sur la citoyenneté économique à partir du mois d’aout suivant. Contacté par nos soins, Me Mahamoudou Ahamada, l’avocat des inculpés ne cache pas son étonnement : « Le dossier de Sambi est en instruction et il n’y aucune ordonnance de règlement rendue.
Mais puisque c’est Beit-Salam qui décide des jugements, je n’y peux rien. Cela montre la mainmise de l’exécutif sur le judiciaire. Quant à Salami, il y a eu une ordonnance de renvoi rendue depuis le 10 septembre 2019. Pourquoi avoir attendu jusqu’à hier (le mercredi 11 aout, Ndlr) pour décider de la date de son jugement ? Qu’est-ce qui empêchait l’ouverture de son procès depuis ce temps-là ? », autant de questions que se pose l’avocat.
L’ouverture de ces procès les plus attendus des Comores est censée apaiser les tensions politiques. Les forces vives de l’opposition rechignent à répondre à l’invitation pour un dialogue national que le gouvernement appelle de ses vœux en vue des échéances électorales de 2024 et 2025 selon en tout cas le chef de l’État. Parmi les préalables, la libération des prisonniers politiques.
Par Nassuf Ben Amad, La Gazette des Comores de ce vendredi 13 août
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