Kassim Oumouri, commentateur passionné de l’équipe des Comores Il est devenu, un peu malgré lui, la mascotte des Cœlacanthes. Kassim Oumouri...
Il est devenu, un peu malgré lui, la mascotte des Cœlacanthes. Kassim Oumouri, commentateur des matches de l’équipe nationale depuis un an sur l’ORTC (la télévision comorienne), s’est fait connaître lors de la campagne de qualification pour la prochaine CAN au Cameroun, en 2022. L’archipel pourrait se qualifier pour la toute première fois, au plus grand bonheur de ce vrai passionné.
C'est un petit homme, venu d'un petit pays, mais dont la douce voix résonne désormais partout en Afrique. Depuis ses commentaires enflammés lors de la victoire des Comores face au Kenya le 15 novembre dernier, Kassim Oumouri a acquis une certaine notoriété.
Une vraie déclaration, déclamée par cet authentique amoureux des Cœlacanthes : « Je t’aime, je t’aime, je t’aime, c’est pour dire à ces joueurs-là que je les aime trop ! C’est à dire que je me mets à leur place. Quand ils font match nul, quand ils sont fatigués, c’est comme si moi j’étais malade, je ne suis pas bien… Je suis comme les joueurs en fait ! Eux, ils ont le talent, ce sont mes chouchous. Et moi, au moment du but d’El Fardou, je ne trouvais pas les mots pour dire ce que je ressentais. Il n’y avait que ‘je t’aime’ qui m’est venu. »
« C’est un véritable allié »
« Je t'aime, moi non plus » répondait jusqu'ici à ses supporters l'équipe nationale comorienne, plongée dans les méandres du foot africain : affilié à la FIFA en 2005 seulement, l’archipel avait par exemple dû déclarer forfait pour les éliminatoires de la CAN 2013. Mais ça, c'était avant ! Avant 2014, date à laquelle Kassim Oumouri commence à commenter les matches à la radio comorienne, et date de l'arrivée d'Amir Abdou sur le banc des Comores.
« Kassim c’est une personne importante au niveau de cette sélection », détaille le sélectionneur. « Les joueurs ont beaucoup d’estime pour lui car c’est quelqu’un de passionné qui arrive à transmettre sa joie et son amour des Cœlacanthes. Les supporters l’adorent ! Forcément, si on parvient à nos objectifs, ça sera une belle récompense pour lui aussi. »
Kassim Oumouri et Amir Abdou sont deux hommes aux destins liés. Les deux sont arrivés quand les Comores touchaient le fond, et aujourd’hui, ils touchent le bonheur du bout du doigt. Une aventure commune de sept ans, qui a permis aux deux hommes d’apprendre à s’apprécier.
« Moi je l’estime beaucoup ! », s’emballe Amir Abdou. « Il a toujours soutenu cette sélection, que ça soit dans la difficulté ou dans la joie. Il a partagé des grands moments avec nous. C’est quelqu’un de très émotif dans ses commentaires. Plus qu’une mascotte, c’est un véritable allié et on a besoin de gens comme lui pour se galvaniser. »
« Je suis fier d’être commentateur et supporteur »
Transmettre ses émotions, voilà donc la mission première de ce commentateur pas tout à fait comme les autres. À la fois journaliste, à la fois supporteur. Mais Kassim Oumouri ne s’en cache pas, c’est même une facette de son personnage totalement assumée : « Moi, je suis fier d’être commentateur et supporteur de l’équipe nationale ! », s’enthousiasme cet ancien éducateur sportif de 42 ans, natif d’Itsandra-mdjini. « Quand les Comores jouent, je porte le maillot.
Je ne peux pas mentir et dire que je commente comme si de rien n’était. Si on perd, on gagne, c’est la même chose... Non ! Moi je suis là pour que le peuple comorien soit fier. Car aucun Comorien ne se fiche de l’équipe nationale. Quand il y a un match, on oublie tout sur l’archipel. Les problèmes de salaires non versés, les souffrances et maladies, l’absence d’infrastructures… Quand l’équipe joue, on ne retient que la joie aux Comores. »
Désormais, cap vers un amour réciproque entre les supporteurs et les joueurs : un point c'est tout, voilà ce qu’il manque aux Cœlacanthes face au Togo le 25 mars (5e journée des éliminatoires de la CAN). Alors forcément, tout le monde se prépare à vivre une grande émotion, et Kassim Oumouri le premier : « À chaque fois que je commente un match, à la fin je pleure. Je ne sais pas pourquoi, mais ma vie c’est l’équipe nationale. Je vis pour cette passion, et elle me le rend bien. Regardez d’ailleurs, quand je dis ‘je t’aime’, ça tourne partout et je me retrouve sur RFI (rires). » Car sa plus belle histoire d'amour, c'est vous !
Texte par :Martin Guez ©RFI
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