Mayotte, seul département français confiné, est confronté à une flambée de contaminations au variant sud-africain. Les décès liés à la pandé...
Mayotte, seul département français confiné, est confronté à une flambée de contaminations au variant sud-africain. Les décès liés à la pandémie de Covid-19 se multiplient. Les commandes de cercueil explosent.
Mayotte est à court de cercueils et le service de réanimation redoute de devoir laisser dès la semaine prochaine les patients mourir aux urgences faute de place, de personnels, d'équipements... Les mairies ont reçu comme instruction de préparer des pelleteuses pour les tombes. Les familles sont averties que leur proche en état critique ne sera pas automatiquement évacué: les places pour le transport en avion vers les hôpitaux de La Réunion sont rares et chères.
Le fameux "quoiqu'il en coûte" présidentiel a ses limites pour la survie des patients mahorais. Ceux qui sont choisis pour être évacués devront survivre aux huit heures de transport jusqu'à Saint-Denis: huit heures en ambulance puis en barge pour atteindre l'aéroport, survivre au décollage, aux longues heures de vol, à l'atterrissage, puis à l'ambulance encore. Huit heures de périple pendant lesquelles rien ne doit faire bouger la sonde respiratoire et les perfusions qui maintiennent en vie les patients. Certains ne survivent pas à ce voyage censé les sauver et nous ne saurons jamais si c'est parce qu'il a fallu attendre qu'il y ait une place dans l'avion ou parce que le plateau technique à Mayotte n'était pas au niveau.
Nous ne saurons jamais si nous aurions pu sauver plus de patients si notre piste avait été assez longue pour accueillir les avions médicalisés nécessaires. La Réunion avertit déjà que sa solidarité sanitaire est comptée et qu'elle ne pourra pas continuer à soulager Mayotte: nous ne savons pas si l'évacuation des patients mahorais vers la Métropole va encore hypothéquer davantage leurs chances de survie. Le voyage vers les hôpitaux parisiens est deux fois plus long, deux fois plus risqué. Et nous nous demandons pourquoi nous, Français de Mayotte sommes devenus les damnés de la République, dont la vie ne vaut rien.
Le 101ème département français niché dans l'Archipel des Comores meurt en masse du coronavirus: le variant sud-africain décime la population et révèle à tous des problèmes structurels plus anciens. Les chiffres de l'ARS sont terribles (17 morts en une semaine seulement), mais toute l'île sait que l'agence sous-estime l'ampleur de l'hécatombe en ne testant pas systématiquement les corps qui sont souvent enterrés traditionnellement par les familles en dehors du circuit sanitaire. L'Insee rapporte 40% de surmortalité à Mayotte par rapport à 2019: aucune famille n'est épargnée.
Chaque matin, la radio locale démarre la musique funèbre et égrène les avis de décès à une fréquence inédite. Les messages de condoléances fleurissent sur Facebook et les enterrements se succèdent: personne n'a jamais vu pareil carnage. L'espérance de vie est plus courte à Mayotte qu'en métropole: nos anciens sont peu nombreux et les premiers à partir à cause de la pandémie. Avec cette deuxième vague, ce sont les jeunes qui sont fauchés. Certains sportifs, en bonne santé. Certains atteints de comorbidité. Tous entre la vie et la mort... Article publié dans Atlantico
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