Bienvenue à l'aide mahoraise : "Il ne faut jamais dire Fontaine je ne boirai plus de ton eau" ( Extrait du livre de Youssouf B...
( Extrait du livre de Youssouf Boina publié par L'Harmattan en octobre dernier)
(...) La curieuse crise diplomatique suscitée à Moroni par le signalement donné par la directrice de l'ARS de Mayotte de la présence du coronavirus aux Comores est une preuve supplémentaire d'un gouvernement égaré et déboussolé. Sans une once de plaisanterie, je me demande si cette désinvolture diplomatique n'est pas symptomatique d'un pouvoir paradoxalement contaminé par le covid-19 avant que le virus n'atterrisse dans le pays (...) - du moins officiellement.
Je suis certain que la vraie raison du tollé suscité (...) par les déclarations de Mme Voynet (...) ça n'est ni la violation du secret médical ni l'ingérence dans les affaires comoriennes, comme l'a faussement allégué le chef de votre diplomatie. D'où vient d'ailleurs, soit dit en passant, cette manie qu'a votre bouillant ministre des affaires étrangères de mettre hypocritement à toutes les sauces le sacro-saint principe de la souveraineté ? On dirait que c'est la seule notion qu'il aurait apprise à l'ONU sans pour autant en appréhender la portée et les limites, notamment dans les crises humanitaires.
(...) Tout se passe comme si les mesures prises à l'effet d'interdire symboliquement les rassemblements religieux et de suspendre les liaisons aériennes n'étaient que de la poudre aux yeux jetée par le gouvernement pour sauver la face (...) Pour quiconque connaît le mode de fonctionnement du régime, il s'agissait juste de mises en scène destinées à impressionner l'OMS et d'autres donateurs afin d'en tirer de l'argent.
Il fallait alors créer instantanément une véritable structure de crise ayant en charge d'élaborer un plan de riposte national axé sur la sensibilisation de la population, la mobilisation des soignants et des moyens ainsi que la coordination avec le monde extérieur.
Il eut ainsi été judicieux de mettre en place un dispositif de coopération adhoc entre le gouvernement comorien, les autorités mahoraises et celles des pays voisins pour faciliter l'échange d'expériences et d'informations sur l'évolution de la maladie. (...)
Le retard pris dans la mise en place d'une organisation et d'une stratégie, ainsi que votre volonté délibérée de dissimuler la réalité de la situation ont donc été pour quelque chose dans la progression de l'épidémie. Le comble du ridicule est que vous continuez jusqu'à présent à déclarer à l'OMS et à qui veut l'entendre qu'il n'y aurait que deux ou trois cas d'infection et aucun décès.
Trop c'est trop ! Qu'est-ce qui vous permet de dire cela dans la mesure où, faute de dépistage massif, vous ne pouvez même pas recenser les cas des maladies présentant des symptômes, sans parler des cas asymptomatiques ? (...) Vous rendez-vous compte que vous avez du sang sur les mains pour avoir refusé de reconnaître la vérité et avoir minimisé la gravité de la situation ?
Si des dizaines de personnes ont succombé au syndrome des détresses respiratoires - lesquelles constituent le plus souvent la phase finale de la maladie - c'est à cause de ce déni inexplicable. Le gouvernement doit bien comprendre qu'il a pris une lourde responsabilité dans cette tragédie. Un Jour ou l'autre, à l'heure du bilan, les autorités qui ont en charge de gérer ce dossier sensible devront rendre des comptes. Car le peuple comorien a le plein droit de savoir qui a fait quoi dans la chaîne de commandement de l'État pour arriver à ce cortège de morts.
Figurez-vous Monsieur le Président que les victimes et leurs ayants droit ont, du fait de votre politique cachottière, le droit de porter plainte contre l'État, et donc contre vous au premier chef, pour mise en danger de la vie d'autrui.
Youssouf Boina, ancien secrétaire général du parti Updc
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