ADIEU CHER BAOBAB Said Hassane Said Hachim (SHSH) est parti. Un des derniers dinosaures d’envergure tire sa révérence comme on dit. U...
ADIEU CHER BAOBAB
Said Hassane Said Hachim (SHSH) est parti. Un des derniers dinosaures
d’envergure tire sa révérence comme on dit. Une juste et vive émotion s’est
emparée du pays et les hommages se multiplient.
Je le savais malade et j’ai essayé en vain de lui rendre une dernière visite.
Inenvisageable car ses proches devaient le protéger et l’accompagner de la
meilleure façon vers le grand voyage.
Plus je connaissais SHSH, plus j’éprouvais une sincère affection pour l’homme,
pour l’homme politique qui insistait tout le temps sur l’esprit de servir le
peuple, qui souvent s’énervait sur les jeunes « watadjirihao ha hafula ». Sa
modestie, sa simplicité me touchait énormément. Grand notable fier de sa
lignée royale, un parcours politique de premier plan de plus de 40 ans et
pourtant disposé à échanger simplement avec un militant qui n’a rien
prouvé.
Je lui rendais de temps en temps visite dans sa maison, j’essayais de ne pas
trop le fatiguer malgré mon bonheur de l’écouter parler de son passé, des
problématiques comoriennes du jour et de son positionnement. J’évitais de le
contrarier sur son attachement à la France et à De Gaulle. Curieusement je lui
ai découvert une passion pour les livres, il se plaisait à orner ses paroles
de citations.
Mon combat dans le cadre du Front Démocratique contre le pouvoir Ahmed
Abdallah et les mercenaires avait tendu mes relations avec les dinosaures. Je
les haïssais et ils me considéraient comme un « fou de la révolution ».
Le contact s’est établi dans les fronts unis que nous (FD) avions contracté
avec tous pour vaincre le séparatisme qui s’était emparé de Ndzuwani. J’ai
découvert des personnes attachées à l’unité et à l’indépendance du pays et ils
m’ont considéré comme un homme raisonnable. Une fois j’ai dû me rendre à son
domicile je suis tombé des nues : SHSH vivait dans une maison en tôle. Quel
fossé avec « yemadja leo » qui en quelques mois construisent des belles billas
et roulent dans des voitures d’exception.
Dans le Comité Maore, mes relations avec les dinosaures devinrent chaleureux
et ont pris une autre dimension dans le combat pour des assises nationales
indépendantes et exclusives.
C’est ainsi que je me suis rapproché des dinosaures et spécialement de SHSH
Dans la collaboration avec les membres de cette génération, j‘avais perçu les
contradictions qui les opposaient, chacun avec les autres et les autres avec
chacun mais ils tenaient toujours à prendre ensemble, en concertation les
grandes décisions. Alors que nous, (ma génération) une virgule mal placée dans
un document c’est tout suite la guerre. Et puis il y a les sommités qui se
croient au dessus de tout, alors qu’ils n’ont rien fait, pire ils ont conduit
à un échec cuisant et occasionné une perte considérable au pays.
Sentant sa fin approchée, surtout après la disparition de Dr Mouhtar, Bazi,
Mroudjae, SHSH se désolait de l’héritage laissée au pays. Il tenta des
initiatives d’envergure pour apaiser les tensions entre le pouvoir et
l’opposition, mais il se heurta à l’obstination du président Azali. Son
dernier appel de 2018 à l’unité pour sauver le pays et construire à un avenir
aux jeunes restera dans les annales et rendra compte de la dignité de l’homme
et de son amour pour son pays.
Repose en paix cher Baobab. Dieu t’a probablement accueilli dans son paradis
et de là bas tes prières accompagneront ceux qui suivront sincèrement la voie
de « servir le peuple »
Idriss (01/12/2020)
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