Said Hassan S. Hachim ou l’homme qui a su allier drôlerie et noblesse Où qu’ils soient et quoi qu’ils fassent, tous les comoriens pleurent...
Où qu’ils soient et quoi qu’ils fassent, tous les comoriens pleurent depuis hier matin la disparition de l’un de ses illustres hommes d’État. Said Hassan Said Hachim a vu le jour à Foumbouni – la capitale du sud de Ngazidja – et s’est éteint lundi soir à Moroni à l’âge de 88 ans.
Cet esprit ouvert et conciliateur jouait dans la cour des grands sans jamais se prendre au sérieux ; il restera dans la mémoire collective comme l’un de nos rares hommes publics qui savait parler de choses sérieuses avec humour. En faisant donc rire son auditoire.
C’est l’homme qui a refusé de céder les micros au colonel Azali pour lire la fatha au foyer des femmes de Moroni. Mal lui en a pris car ce dernier a vu dans ce geste un crime de lèse-majesté. Fervent partisan de la proclamation de l’indépendance et de l’unité nationale autour de l’ancien Président Ahmed Abdallah Abdéremane, cet ancien Gouverneur - plusieurs fois député et ministre - a été l’initiateur du projet de construction du grand marché de ‘’Volovolo’’ dans la capitale. Les Foumbouniens lui sauront gré, eux aussi, d’avoir œuvré au développement de leur ville.
L’histoire retiendra surtout de cet ancien ministre des affaires étrangères et ex. Ambassadeur à Paris, sous Djohar, sa passion pour la paix sociale et sa modération notoire dans nos relations avec les partenaires internationaux de l’État comorien. Il faut reconnaître que l’amitié personnelle qu’il a su entretenir avec Jacques Chirac et nombre d’éminentes personnalités françaises ont été pour quelque chose dans le renforcement de la coopération entre nos deux pays et à la stabilisation administrative et sociale de la diaspora comorienne en France.
À l’instar d’Ali Bazi Selim et d’autres grandes figures historiques de notre pays, Said Hassan Said Hachim mérite notre reconnaissance éternelle pour n’avoir jamais laissé s’éteindre la flamme de la paix, du développement et de la cohésion nationale.
Leur dernière initiative en date fut l’idée phare des assises nationales, même s’elle a été par la suite détournée et dévoyée par la voyoucratie qui nous gouverne, à des fins de pouvoir personnel et d’intérêts mesquins. Pour rendre à ce petit fils du Sultan Hachim bin Ahmed (alias Mouigni Mku) ce qui lui appartient, rappelons que jamais, de toute sa carrière, il n’a été mêlé à quelque scandale financier que ce soit.
Gageons que le colonel Azali retiendra du parcours de toutes ces figures de proue - qui ont pour la plupart disparu bizarrement sous sa dictature - qu’il n’est pas besoin d’être chef de l’État à vie pour être un grand homme d’État. Les Bazi Selim, Said Hassan, Mouzaoir Abdallah, Said Ali Kemal, Abasse Djoussouf, S.I. Mohamed Naçredine et d’autres encore occuperont une place de choix dans les annales de l’histoire comorienne, sans pour autant avoir séjourné à Beiti-salam.
Au demeurant, qu’est-ce qui les rend différents du colonel Azali ? C’est le sens de l’État, l’intégrité morale, l’attachement à la paix, à l’unité du pays, à son développement et à l’intérêt général. La dignité, le prestige et le respect d’un Président proviennent de ces valeurs morales, et non pas forcément de la longévité du pouvoir. Voilà, à mon avis, une démonstration par l’absurde de l’impopularité de Gozibi et de ses collaborateurs.
Youssouf Boina, ancien SG du parti UPDC
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