Les débats sur Noël semblent avoir fait une victime Chers amis, Un propos des plus authentiques, rapporté par les imams Mālik, al-Shāfi’i et...
Chers amis,
Un propos des plus authentiques, rapporté par les imams Mālik, al-Shāfi’i et bien d’autres, nous apprend qu’un jour ´Ā ´isha, épouse du Prophète, à laquelle de l’avis de beaucoup, on doit le quart du droit musulman, s’est fait exorciser (ruqyā) par une femme juive qui très certainement ne lisait pas le Coran, mais bien la Torah, comme le précisent les savants malikites al-Bāgi et Ibn Battāl, célèbre commentateur du Sahīh de l’imam al-Bukhāri.
Le plus beau dans tout cela n’est pas tant l’anecdote, elle-même. Plutôt ce qu’elle veut dire. Elle a de quoi donner le tournis aux islamopithèques pour qui fêter Noël ou le souhaiter à quelqu’un est un acte de mécréance, au pire, au mieux, un péché majeur.
En effet, laquelle des deux choses est plus grave? Faire réciter les versets d’un livre « corrompu », qui pis est dans la maison du Prophète et, encore pire de chez pire, escompter la guérison de Dieu par elle? Où manger une bûche, à Noël ou le souhaiter à quelqu’un de confession chrétienne? Qui des deux est plus de nature à aider à la perpétuation de la « mécréance »? Et pourquoi n’a-t-elle pas fait lire le Coran? Posez-leur ces questions. Exigez de la cohérence dans notre religion, car elle n’est que cohérence.
Je me souviendrai longtemps du jour, en France, lors d’une conférence, choqué par ce récit, qu’il entendait pour la première fois de sa vie, un homme m’interpella avec ces mots et d’un ton menaçant : « Donnez-moi vos sources! Ce n’est pas vrai! Ce n’est pas possible ! » Le sourire aux lèvres, j’ai commencé à lui dérouler les incunables de l’islam comme al-Muwatta de Mālik, al-Umm d’al-Shāfi, faisant un chapitre entier sur le fait qu’on peut se faire exorciser par des versets des évangiles et de la Torah, à condition qu’ils ne divinisent personne, et bien d’autres.
Pour finir de le choquer, dans l’espoir de le sortir de cette bigoterie schizophrénique qui paralyse tant de musulmans, je me suis amusé à lui dire qu’une cinquantaine d’années durant le Prophète et ses successeurs ont prié en direction de la Kaaba, pendant qu’en elle se trouvait une image de la Vierge portant le petit Jésus.
Ce récit est authentifié par le plus grand traditionniste musulman qui soit, al-Dhahabi, qu’il rapporte de deux disciples des compagnons, ‘Atā’ et ´Amr, qui, tous les deux, affirment avoir vu ladite image de leurs propres yeux dans la Kaaba et que c’est le feu des omeyyades, pas des sionistes, des Francs-Mac, ni de je ne sais quel groupuscule réel ou supposé, qui l’a détruite, emmenant avec elle notre image.
J’ai vu, en écrivant mon livre Réveillons-nous, dans des groupes salafo-bidules, des choses des plus psychédéliques qui soient.
Quand certains disaient qu’il ne fallait pas que le grand public soit au courant de ce genre de choses, parce qu’ignorant - ce sont des ratés qui ont à peine la seconde comme niveau qui parlent de gens qui sont plus intelligents qu’eux ou plus diplômés qu’eux, mais eux ont la science et les autres non, c’est la logique des schtroumpfs, un docteur est traité d’ignorant par un cancre de niveau CM2 - d’autres soutenaient que de fait l’image de la Vierge était sur une poutre de la Kaaba et que par conséquent si on grattait trop ça fragiliserait la bâtisse.
D’autres encore plus fous disaient que, de fait, le Prophète avait fait effacer toutes les images qui se trouvaient à l’intérieur de la Kaaba, y compris celle de la Vierge portant le petit Jésus, mais que celle-ci a refait surface.
J’ai tellement ri. Le ridicule ne tue vraiment pas. Tout ceci pour vous dire, chers amis, que lorsqu’on débranche nos cerveaux, la foi devient déraison. Ne confiez jamais votre libre-arbitre à personne. Ne croyez surtout pas qu’autrefois il n’y avait pas de vices. Les vices d’aujourd’hui datent d’hier. Les contes en sont la plus belle illustration. Faites-vous confiance lorsqu’il s’agit de choisir une action plutôt que telle autre.
« Interroge-toi toi-même quand bien même on te dit encore et encore que c’est comme ci et cela ». D’aucuns viendront te dire: « Qui es-tu pour réfléchir? » Ce hadith s’adresse aux sahaba, pas à nous qui sommes traversés par le vice. La fréquentation du Prophète a fait certes de beaucoup des gens à part. Mais, pour autant, ils n’étaient pas moins préoccupés que nous par les questions de la vie et de ses tares. Lisons leur histoire. Nous découvrirons des hommes comme nous en buttes aux questions de la vie.
Laissons les gens libres de pratiquer ou de ne pas pratiquer. Nous devons savoir que nos discours à chacun peuvent devenir des balles que d’aucuns peuvent utiliser contre d’autres.
Ce fait divers, s’il est vrai, car on en voit tellement qui s’avèrent faux, et la décapitation du Professeur Paty doivent mettre tout le monde devant ses responsabilités. Internet n’est pas un bistrot fermé. Tout le monde y a accès et de partout. Parler c’est agir, écrivait Sartre. Offrons des fleurs au monde. Sinon, taisons-nous!
Joyeux Noël à qui le fêtent et paix à tous.
Très humainement vôtre.
Mohamed Bajrafil
COMMENTAIRES