J’AVAIS RENCONTRE MBABA HACHIM, MGU NAMREHEMU Il m’avait accueilli chez lui à Moroni quartier Zilimadjou, un samedi après-midi de 2009. J’ét...
Il m’avait accueilli chez lui à Moroni quartier Zilimadjou, un samedi après-midi de 2009. J’étais très excité de rencontrer cette grande personnalité dont son nom raisonne partout grâce à son franc-parler. Lui c’est Mbaba Hachim comme sa femme l’appelait en ma présence. j’étais là pour qu’il me parle de sa vie.
Assis autour d’une table basse, en train de siroter du thé au gingembre accompagné des petits gâteaux(biscuti) que Mma Hachim nous a servit. Il débuta par me parler de son origine familiale très brièvement. Puis il a mis l’accent sur sa vie scolaire à Madagascar et le
tournant de sa vie le jour où il rencontra pour la première fois le Docteur Saïd Mohamed Cheikh à Diego Suarez. Une fois la guerre finit, SMC et ses frères d’armes comoriens et malgaches regagnèrent leur pays. Le bateau qui les embarqua jeta l’ancre au port de Diego où une cérémonie militaire de grande envergure a été organisée par le gouverneur général de Madagascar et dépendances De Coppet pour les remercier et les décorer.
Remarqué par ses superieurs grâce à son éloquence SHSH était choisi pour lire le discours de bienvenue aux héros de la nation. Après la cérémonie, docteur SMC venait se renseigner sur ce beau et jeune homme et me dit ceci: « accepteras-tu travailler avec moi ? Oui lui répondais-je directement.
Quelques années plus tard, lors d’un voyage officiel sur la grande île, SMC demanda à ses collaborateurs de me chercher. Nous avons échangé quelques mots et j’ai pris la décision de rentrer avec lui pour le bien du pays. Je te signale que pendant mon séjour à Madagascar j’étais marié avec une malgache d’ une famille noble, très croyante et influente à Majunga appelée «famille Boustwani ». De ce mariage j’ai eu une fille, Sitti.
La chance m’a toujours suivi
Travailler au côté de SMC comme administrateur m’a permis de mieux comprendre la politique et il m’a servit de tremplin pour mieux m’adapter à la politique de l’époque. SMC reste mon père spirituel. La personne que je suis devenue est le fruit de tant d’années de travail et de sacrifice. Je dois tout au premier médecin du pays, au premier député à la Constituante et au premier président du Conseil de Gouvernement des Comores. Il jouait le rôle d’un phare qui m’aidait pour mieux voir et comprendre la politique nationale e internationale.
Je suis un Gaulliste pur jus
Apparut en France pendant la Seconde Guerre mondiale, le gaullisme se définit comme un mouvement uniquement patriotique. SHSH a puisé de cette idéologie l’amour de sa propre patrie. Son engagement comme homme politique lui a permis d’occuper des postes qu’aucun de sa génération n’a accédé. Député, Gouverneur de l’île de Ngazidja, ministre puis diplomate, SHSH est un personnage atypique sur la scène politique comorienne avant, pendant et après son indépendance.
Servir et non se servir
Durant toute ma longue carrière politique, je ne jamais pensais travailler pour l’argent. J’ai bien compris que la vraie richesse n’est pas matérielle. « Ma seule richesse bomze Soilihi est mon cœur et mes enfants. Et ces deux biens me suffisent largement et pleinement ». Contrairement à la nouvelle génération qui se laisse tenter par le bien matériel et les grosses voitures, SHSH a cultivé en lui le « ukinayivu » et le respect aux grands comme aux petits. « Aucun de mes enfants n’a bénéficié ni de bourse d’études ni d’aucun avantage. Servir la nation comorienne est quelque chose d’inné dans ma famille et j’ai beau lutter pour rester fidèle à ce principe ».
Un dinosaure inquiet
Sa voix devenait tremblante. Sa gorge nouée. J’avais senti qu’il avait du mal à sortir les mots. « Beaucoup de jeunes disent aujourd’hui qu’on vous a rien laissé. C’est un faux discours je trouve, une contre vérité. Ma génération vous a laissé un pays indépendant et quelques réalisations ici ou là. Mais vous en faite quoi de cette indépendance »? Aujourd’hui, ce qui se passe au pays me chagrine beaucoup. Vous ne pensez qu’à une chose la richesse « utadjiri wa hafula ».
Ceux qui sont au pouvoir ne pensent qu’à leur ventre. Construire une villa en un temps record est la seule et unique norme qui anime la jeune génération. Mais à quoi sert la richesse dans un pays où l’insécurité gagne du terrain de jour en jour ? À quoi bon construire une villa sur une terre minée par la corruption et l’injustice. Les gens oublient qu’une jeunesse non éduquée est une bombe à retardement. A la place des villas, pensez construire des hommes, des femmes, bref des bons citoyens sinon vous ne serez plus en paix conclut-il.
Soilihi Ahamada Mlatamou
le 05/12/2020
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