15 décembre 1989, départ des mercenaires et libération de Moustoifa Saïd Cheikh, leader du Front Démocratique Dans la matinée, Bob Denard et...
15 décembre 1989, départ des mercenaires et libération de Moustoifa Saïd Cheikh, leader du Front Démocratique
Dans la matinée, Bob Denard et ses mercenaires quittent "définitivement" les Comores. Ce départ a été acté après d'intenses négociations entre le mercenaires, les États français et sud-africains.
Bob Denard a su imposer un départ très honorable pour un 'affreux recherché" par la justice française pour tentative de coup d'État au Bénin.
Bob Denard a trouvé refuse en Afrique du Sud, tandis que les autres mercenaires ont rejoint la France.
Le Monde du 16 décembre 1989 donne le ton de cette journée : "Le chef mercenaire et ses hommes sont partis, vendredi 15 décembre, en direction de l'Afrique du Sud où ils resteront quelques jours, selon M. Marco Boni, représentant de Pretoria dans la capitale comorienne. Simple transit avant de trouver une terre d'accueil qui voudra bien accepter les derniers " affreux ".
Vendredi, en début de matinée, cinq hélicoptères Puma et deux Transall de l'armée française, en provenance de l'ile de Mayotte, se sont posés sur l'aéroport de Moroni, avec à bord des officiers, tandis que trois bateaux de guerre dont le navire amiral La Marne croisaient au large. Bob Denard et sa poignée de fidèles étaient déjà à l'aéroport, entourés d'une bonne cinquantaine de Comoriens de la garde présidentielle (GP) et d'un important matériel. Véhicules, armes, caisses de munitions et paquetages étaient soigneusement alignés sur le tarmac avant les ultimes adieux.
Une courte cérémonie a eu lieu, vendredi matin, entre trois officiels français dont l'ambassadeur, M. Robert Scherrer, et trois dirigeants de la GP. Pas de poignées de main, pas de remise de drapeaux.
Le strict minimum, sous les regards d'une cinquantaine de parachutistes, alors que la GP présentait les armes. Une sorte de passation de pouvoirs, néanmoins, comme l'avait réclamé, la veille, l'ancien baroudeur du Biafra et du Congo (...)".
Un traitement digne d'une armée régulière et une passation entre des mercenaires et une armée régulière. L'Histoire retiendra cette coopération inédite entre ces deux États et l'affreux. 15 décembre 1989, libération de Moustoifa Sad Cheikh. Emprisonné à la suite de la tentative du coup d'État du 8 mars 1985, le leader du Front Démocratique est resté seul en prison jusqu'au départ des mercenaires.
Des délégations de Moroni sont allées plaider sa libération auprès du Président Abdallah. Ce dernier aurait accepté sous condition que Moustoifa se retire de la vie politique.
Option inenvisageable pour le leader du FD. Condamné à mort, puis commué à la perpétuité, Moustoifa Saïd Cheikh est resté à ses profondes convictions refusant cette phrase célèbre : "mieux vaut mourir libre que vivre coucher".
Nous reviendrons très prochainement avec des documents d'archives, des tracts de cette époque... et un interview de Moustoifa Saïd Cheikh.
Par Nakidine Mattoir
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