Qu’est-ce qui justifie les promenades d’Azali dans nos villages ? Y a-t-il pire danger pour un micro-État vulnérable comme les Com...
Y a-t-il pire danger pour un micro-État vulnérable comme les Comores que
d’avoir à sa tête un dictateur qui souffrirait d’un mal de vivre ? Qu’on se le
dise, il y a péril en la demeure - quoique personne ne prête attention aux
gesticulations du colonel Azali.
Est-ce normal pour un président qui aurait la tête sur les épaules, de
consacrer tout son temps à s’incruster dans des villes et villages où il est
quotidiennement déclaré persona non grata ? Qu’est-ce que c’est cette folie
consistant à vouloir diriger la prière en commun en présence du grand Moufti
et alors même que nos localités regorgent d’hommes religieux érudits et plus
qualifiés que lui à le faire ?
Heureusement que le ridicule ne tue pas. Sinon, y a-t-il un président qui se
respecte et qui s’évertuerait à toquer à la porte des notables villageois pour
se faire inviter à des fêtes traditionnelles, cérémonies religieuses ou pour
assister à des obsèques ? Il faut dire que cette obsession présidentielle a
atteint son paroxysme quand depuis bientôt deux ans le colonel Azali se voit
refuser partout l’accès aux évènements mondains.
Aux dernières nouvelles, j’apprends qu’ après le rejet de sa proposition
d’assister aux funérailles de « Mon garçon » à Mutsamudu, il est déclaré
personne indésirable par la population de Madjéwéni dans la région du
Mboinkou. Que cherche Azali en faisant tous les jours ces tournées de popotes,
qui plus est ne sont d’aucune utilité pour nos populations ?
À en croire certains commentateurs, il voudrait à tout prix démontrer qu’il
n’est pas si haï et impopulaire que ça, puisqu’il existe quelques rares
localités paumées qui l’accueillent, malgré elles. Oublie-t-il que c’est
lui-même qui s’est affublé le surnom de « Gozibi » pour se plaindre de la
profonde désaffection populaire à son égard ?
Au-delà de toutes ces conjectures, je pense qu’ en se déambulant dans nos
villages Azali veut se changer les idées et chasser ses crises d’angoisse.
Oui, quel que soit son manque de volonté politique et de sens de l’État, ou
qu’il nait pour ambition que de mettre le pays en coupe réglée aux fins
d’assouvir les désirs de sa famille et de la nomenklatura de la CRC, Azali
devrait quand-même rougir de honte en pensant à son bilan catastrophique.
Enfin, il ne doit pas lui échapper que tôt ou tard il devra rendre des comptes
et faire face à la vindicte populaire. La crainte d’affronter la colère de ce
peuple qu’il ne cesse de blesser et d’humilier n’est-elle pas la cause
profonde de son refus à quitter le pouvoir ? Le plus grand danger auquel nous
sommes exposés est qu’une telle appréhension peut l’amener à commettre
l’irréparable, notamment en tuant ses opposants ou en mettant carrément le
pays à feu et à sang.
Les rumeurs qui courent et qui font état de possibles complots du pouvoir
contre des dirigeants de l’opposition ne sont pas à prendre à la légère,
sachant que nous avons affaire à un criminel entouré de voyous. Une raison de
plus pour mettre les bouchées doubles et précipiter le départ de la
voyoucratie.
Youssouf Boina,
ancien Secrétaire Général du parti UPDC
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