MA CONTRIBUTION POUR UNE PROFESSION D'AVOCAT APAISEE ET AMBITIEUSE AUX COMORES (1 ère Partie ) Notre profession traversait déjà une cris...
POUR UNE PROFESSION D'AVOCAT APAISEE ET AMBITIEUSE AUX COMORES (1 ère Partie )
Notre profession traversait déjà une crise d’identité et peinait, à inspirer comme une institution indispensable, essentielle ; à occuper pleinement sa place à l'exercice du pouvoir judiciaire, surtout à dégager une vision pour son avenir.
À cela, s'ajoutent des conflits internes inutiles et insignifiants mais ayant pris une proportion médiatique injustifiée et démesurée. Les conséquences sont déjà désastreuses dans les relations entre certains membres de notre barreau déjà sérieusement divisé.
Ce climat délétère pourrait compromettre l'avenir immédiat de notre profession et hypothéquer l’épanouissement de nos jeunes confrères nouvellement intégrés.
La restructuration de la profession d’avocat aux Comores voulue par nos aînés est très récente et son évolution dans la société comorienne en pleine mutation et recomposition globale est très compliquée. Elle soulèvera inéluctablement des questions, des hésitations, des débats et des remises en cause. Toutefois, ces obstacles sont surmontables si les confrères prennent conscience de notre part de responsabilité dans les réflexions et les actions nécessaires pour l’émergence d'un environnement propice et favorable à notre épanouissement professionnel et à l’accomplissement de notre mission principale comme défenseurs.
Pendant longtemps, je me suis forcé de rester neutre face aux conflits qui minent notre profession. Mais l’ampleur de ses conséquences et sa tournure m’emmènent à interpeller chacun d'entre nous et rappeler que , quelques soient nos divergences, quelque chose de puissant ,d'essentiel nous unit; à savoir notre attachement indéfectible à la confraternité, à la solidarité et à notre liberté.
Notre Ordre doit être le parfait gardien de ces valeurs essentielles de notre profession, le symbole de cette liberté sans laquelle nous ne pourrons pas assurer le plein exercice de la justice qui ne peut l’être qu'avec un barreau libre et dynamique. La division en cours de notre barreau et la médiatisation de celle-ci auront des conséquences dramatiques pour la profession et compromettront l'encadrement de nos jeunes confrères qui ont sans doute besoin, pour leur perfectionnement professionnel et leur évolution, d'un environnement apaisé, serein et confraternel.
J’estime du devoir de chaque membre de notre barreau de contribuer à l’émergence d'une culture de dialogue pour résoudre les problèmes de dysfonctionnement de notre institution qui inévitablement subira des chamboulements. Sans prendre position ou partie pour une personne ou un groupe, ma modeste contribution est un appel confraternel pour une discussion et un dialogue visant à surmonter la crise d'identité qui frappe notre profession.
Le chemin de la dignité et d’affirmation de notre profession ne sera ni facile ni linéaire. Le spectacle livré au public ces dernières semaines ne contribue pas à la crédibilité de notre profession. Dans un environnement en pleine mutation, nous devons nous forcer à privilégier la confraternité, le dialogue et la tolérance ; ce sont là, les valeurs essentielles et fondamentales de notre profession.
Comme tout avocat, produit de mon temps, de mon milieu socioculturel et de mes expériences, je traîne mes défauts, mes insuffisances, mes moments de faiblesse, etc... Mais je me suis toujours forcé de protéger mes confrères grâce à une conviction renouvelée et approfondie des règles de la confraternité, de la pondération, de la nuance et de la solidarité.
Une telle vision doit être incarnée par notre profession et défendue par un Ordre dévoué à celle-ci. Il ne doit laisser aucun de ses membres sur le côté. Il doit se mobiliser pour son avenir dans l’unité et la solidarité.
Il est important de nourrir entre nous cette culture du dialogue, de la confraternité et de la tolérance. Lorsqu’une situation est problématique, il est approprié de s'asseoir pour discuter.
Nous devons avoir le souffle et être capables ensemble dans l’unité, d’avoir une vision claire des défis de notre profession. Nous devons sortir notre profession de l’isolement dans lequel elle se trouve actuellement, dans le système judiciaire de notre pays.
Dans le contexte du changement en cours de la société comorienne, notre profession d’avocat doit être le solide rempart des libertés ; en même temps, nous avons l’impérieux devoir d’être les serviteurs du Droit et de la Démocratie. Nous avons les outils pour accompagner cette évolution. Notre barreau, composé de jeunes talents, compétents et amoureux de notre profession, a les moyens de relever ces défis.
Cependant, comme disait Albert EINSTEIN « Sans compréhension, sans un degré de confiance réciproque, aucune institution efficace pour la sécurité collective ... ne saurait être établie »
La confraternité, la solidarité, la tolérance, l'esprit de nuance et de la modération sont des valeurs communes irremplaçables...Leur défense est une obligation commune à tous les avocats.
Œuvrons ensemble et en permanence pour que la confraternité, le dialogue et la modération deviennent les moyens dont nous devons nous servir pour préparer l'avenir de notre profession
Le 03 Novembre 2020
Saïd Larifou, avocat, ancien bâtonnier par intérim
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