Sabri Dhaouadi, directeur sportif de l'USM Endoume Catalans, a souhaité prendre la parole pour rendre un vibrant...
Sabri Dhaouadi, directeur sportif de l'USM Endoume Catalans, a souhaité prendre la parole pour rendre un vibrant hommage au gardien de but du FC Martigues et de la sélection des Comores : Salim Ben Boina.
Sabri Dhaouadi « Ce garçon-là est mon petit frère »
« Je voulais parler de Ben Boina, car c’est une histoire qui me tient à cœur.
C’est une personne que j’aime énormément. En plus, il est presque qualifié
pour la CAN en étant titulaire sur le terrain, ça m’a fait plaisir. Salim Ben
Boina, je l’ai connu il avait encore les couches, c’était le voisin de palier
de mon oncle. Et quand j’allais voir mon oncle, je le voyais, il était tout
petit et je lui donnais parfois des bonbons.
Il sort des quartiers nord de Marseille et la situation des quartiers nord on
la connaît… Rares sont ceux qui sortent, même s’il y a des exceptions comme
Hamada Jambay par exemple. Dans l’échange que j’ai avec lui et sa famille, il
y a toujours eu beaucoup de respect et de politesse. Après, j’ai arrêté
d’aller chez mon oncle et donc je ne le voyais plus trop. Puis d’un coup,
quelques années après, je vais voir un match chez les jeunes et je me rends
compte que ce petit jouait dans la cage. On m’avait dit que c’était lui, moi
je n’étais pas sûr. A ce moment-là, j’ai commencé à me rendre compte qu’il
avait des qualités de dingues.
Je vais le voir, c’est la fin du match, et il me dit qu’il se rappelle de moi.
Du coup, même sans trop le croiser, je l’ai suivi. Il est devenu grand, est
passé en Seniors, et je me suis mis à jouer contre lui. Lui évoluait à
Consolat, moi à Endoume. On se revoyait et on s’appréciait. On s’aime comme
des frères malgré cette différence de peau. On a même fini dans la même équipe
au beach soccer. Il a commencé à connaître ma femme, mes enfants, ma
famille...D’ailleurs, mes enfants lui disent tonton ! A chaque fois, quand ils
le voient jouer, ils répètent « Personne ne peut battre tonton Ben dans les
buts ». Oui, ils ont raison, à part moi, quand je joue contre lui (rires).
C’est une coïncidence peut-être, mais à chaque fois je lui marque un but !
Cependant, il n’y a jamais eu de rivalité entre nous, mais seulement de la
motivation quand on joue l’un contre l autre.
Je vois le parcours qu’il est en train de faire. J’aurais pu faire cet article
il y a 2 ans, mais je vois que ça dure et il le mérite. J’aimerais que les
observateurs regardent les talents et arrêtent de regarder les noms. Ben
Boina, ce n’est pas normal qu’il ne soit pas pro ! Il a une vie de pro, c’est
un acharné de travail et pourtant il n’est pas allé plus haut. En plus, il
faut souligner que ce petit a une histoire, il sort d’un endroit très
difficile. C’est un garçon très humble et les garçons comme ça, c’est
rare.
C’est pour cette raison que je voulais lui faire un gros clin d’œil. J’invite
Martigues à faire le nécessaire pour qu’il puisse vraiment s’épanouir dans le
monde pro. Même si ça ne durerait pas des tas d’années, mais je pense qu’il
pourrait franchir ce cap-là à l’heure actuelle. Il était un peu fou dans sa
tête à l’époque, mais aujourd’hui c’est quelqu’un qui a la tête sur les
épaules, qui est plus posé. C’est le moment pour lui de réussir !
Pour l’instant, il fait le bonheur de Martigues, et c’est tant mieux ! Il faut
savoir qu’il y a toujours des gens derrière lui qui l’aident, il y a sa
famille, les Comoriens qui croient en lui. Il est jeune et talentueux. On sait
que ce n’est pas possible d’être en équipe de France, c’est trop dur, mais
quand on les voit travailler dans une équipe internationale dans laquelle ils
ont leurs racines, c’est beau... Ces joueurs-là, comme d’autres dans les
Comores, doivent être regardés ! Mais, aujourd’hui, c’est mention spéciale à
Ben Boina. Ce garçon-là est mon petit frère et j’espère qu’il pourra
s’épanouir en étant pro.
La fierté doit être pour ses parents qui lui ont donnés cette éducation.
Il a des parents qui le poussent à ne pas faire de conneries, il est bien
élevé. Leur message a toujours été : « Le foot, ce n’est pas un endroit pour
faire n’importe quoi. Allez sur les terrains de foot et apprenez ». Il a tout
ce qu’il faut pour réussir au niveau de l’encadrement. Et c’est tout ce que je
lui souhaite. Je le félicite et je félicite les Comores pour leur épopée. »
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