LETTRE A NOTRE AMI L’ARTISTE « KO TABU DUNIYANI HAMA WUKA MNA NDISHE »! Autrement dit en langue de Molière : il n’y a rien de pire que d’êtr...
« KO TABU DUNIYANI HAMA WUKA MNA NDISHE »! Autrement dit en langue de Molière : il n’y a rien de pire que d’être orphelin dans ce bas monde (ADINA)
Orphelins nous sommes devenus ! Orphelins de ta générosité, de ta musique, de ton amour pour la musique, de ta passion à vouloir partager ta passion et parfois de ton sarcasme avec tes chansons engagées ; nous avons tous en tête ta chanson intitulée NDZAYA qui parle de la faim et de l’autosuffisance alimentaire en pleine période révolutionnaire. Toujours pour rester dans l’alimentaire mêlé d’ironie quand tu as chanté TSUZI ! Tu as rendu un grand hommage à notre île sœur Mayotte avec WEEK-END A DZAOUDZI !
Orphelins de ta présence désormais ! Rien ne sera plus comme avant ; comment oublier ta célèbre phrase ironique : KUTSU LILA NGO HEZO ! A ton sens tout le monde peut chanter ! J’aurai toujours en tête cette question dès que tu me vois arriver dans nos lieux de fréquentation : BO HISSA NGO HEZO MBAPVI ? Comment oser refuser une telle sollicitation de notre généreux maestro qui passait des chansons de twarab de son père à Louis Amstrong avec une aisance inouïe ? Et ce, même dans des audiences improbables ! Avec toi j’ai apprivoisé le micro et parfois je me suis prise au jeu croyant être une artiste ! J’aurais voulu être une artiste (Daniel Balavoine).
J’ai dépassé les préjugés de la femme comorienne qui chante dans un restaurant et la première fois aux Comores au SELECT. Grâce à toi, nombreux comme moi se sont exprimés à travers le karaoké, devenu un des passe-temps favoris de la capitale. Et cela nous permettait d’oublier les préoccupations de la semaine ou tout simplement profiter du week-end dans ce pays où rares sont les distractions nocturnes. Tu nous as fait aimer chanter !
Chacun a sa petite histoire sur toi, sur ADINA ! Trois syllabes qui résonnent comme le titre d’une de tes chansons. Mais de toutes les histoires, il y en a deux qui m’ont marquée plus particulièrement ; c’est dans ce grand restaurant de Dubaï où j’ai rencontré le groupe avec lequel tu jouais en Afrique du Sud en 1995 ; après leur prestation, je me suis approchée pour les féliciter et leur dire j’aime la musique sud-africaine ; et l’un d’eux m’a demandée mon pays d’origine : Comores Islands . COMOROS ? je confirme ; Do you know ADINA ?
Yes I do and in Comores Islands everybody knows ADINA! Et là ils m’ont chargée de venir te supplier et plaider leur cause une fois retournée au pays que tu reviennes avec eux ! Le monde était déjà petit même sans les réseaux sociaux ! La deuxième histoire : lors de ta convalescence à Mayotte tu réclames une guitare pour tes séances de rééducation. J’aimais les répliques de ta femme chérie ma copine Sitti Adina : bo Adiiii nkrurantsi yé madjimbo ndigonhi !
Récemment, en juillet dernier tu as accueilli notre déjeuner de promotion et bien entendu tu nous as régalés de ta générosité et de ta passion.
Pars en paix l’artiste !
Mme Hissane GUY
MORONI
COMORES
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