La Médiathèque du Plan d’Aou à Marseille, qui porte le nom deSalim Hatubou s’est ouverte au public depuis quelques j...
La Médiathèque du Plan d’Aou à Marseille, qui porte le nom deSalim Hatubou s’est ouverte au public depuis quelques jours.
Une vie beaucoup trop brève : 20 juin 1972 – 31 mars 2015. Un accident
cardiaque le terrasse. Il était né dans les Comores, il avait 43 ans. À l’âge
de dix ans, Salim Hatubou est brusquement déraciné, rejoint son père, un
ancien militaire qui habite Marseille. Inculqué par sa grand-mère maternelle,
son amour du conte l’incite à tenter l’équilibre entre son monde d’autrefois
et la modernité.
L’horizon préservé de ses années d’enfance, son intégration dans les immeubles
et les écoles des quartiers Nord, son humour et sa combativité, ses nombreuses
publications et ses talents d’écrivain le hissent jusqu’au rang d’un
ambassadeur de la culture comorienne : dans ses îles natales, ses funérailles
seront nationales.
Toutes proportions gardées, après Ibrahim Ali dont la tragique destinée ne
peut pas être effacée, Salim Hatubou est à Marseille l’un des personnages les
plus célèbres de sa communauté d’origine. Après son Bac, il a suivi des études
dans une école de commerce pour laquelle il n’a pas de passion : prendre le
risque d’écrire sans certitude financière, partager des espaces de connivence
avec ses amis l’habite entièrement. Pour se ressourcer, pour mieux connaître
la tradition orale et les contes, il revient plusieurs fois dans son pays
natal.
Selon les opportunités, à la faveur d’une résidence d’écrivain ou bien pendant
Marseille 2013, il construit des ateliers d’écriture, des lectures et des
spectacles dans plusieurs villes de France, au Maroc, en Algérie, en Guinée
ainsi qu’à Kiev et Mayotte. Il se rend au Japon, des universitaires
l’interrogent pour mieux comprendre ses schémas de création.
Plutôt que de s'attaquer aux rayons alimentaires, il serait peut-être plus efficace de créer davantage de rayons de bibliothèque
— Jean-Paul Kopp (@jeanpaul_kopp) October 21, 2020
On ne fait pas la guerre à la radicalisation et l'obscurantisme sans combattre la misère sociale et intellectuelle
Bibliothèque SalimHatubou @lamarsweb pic.twitter.com/Fjc5blSVnY
Un écrivain transgénérationnel
On remercie vivement des élus et des militants comme Mohamed Itrisso,
Jean-Marc Coppola et Valérie Diamanti de s’être battus pour que la Médiathèque
du Plan d’Aou porte son nom : ses livres rencontreront de nouveaux lecteurs.
Des vidéos, des témoignages de ses amis – le slameur Soly, l’amie de la
librairie Transit Muriel Modr, les photographes Yohanne Lamoulère et Jean-Marc
Vallorani – donnent du corps à ses multiples engagements. Heureux d’œuvrer à
partir de Marseille, Salim Hatubou souffrait de la montée des périls, du
racisme, des barrières sociales et des exclusions qui entravent la communauté
comorienne.
La médiathèque Salim-Hatubou, du nom d’un écrivain marseillais à qui la Ville souhaite rendre hommage, ouvre ses portes ce mardi 20 octobre, dans le quartier de Saint-Antoine (13015). ⤵️ pic.twitter.com/zL6dOzYsKj
— Ville de Marseille (@marseille) October 20, 2020
Par Alain Paire ©LaMarseillaise.fr - Salim Hatubou à Belsunce en 2010. photo Yohanne Lamoulère / Tendance Floue
COMMENTAIRES