Les deux accusés des crimes de Montluçon ont eu une enfance marquée par la violence Leurs parents les ont envoyés en France pour les éloigne...
Leurs parents les ont envoyés en France pour les éloigner de leurs mauvaises fréquentations à Mayotte. Les deux hommes accusés de meurtres et d’un viol à Montluçon, devaient y trouver le meilleur. Ils sont accusés d’y avoir commis le pire.
ZAki Ali Toumbou, 22 ans, et D.A. , 21 ans, ont en point commun d’avoir grandi sur l’île de Mayotte. Issus respectivement d’une famille recomposée, d’une fratrie de cinq et sept enfants, les deux hommes qui comparaissent en appel, depuis mardi 20 octobre devant les assises des mineurs à Riom pour les meurtres particulièrement violents de trois retraités et le viol d’une jeune femme à Montluçon en 2017, partagent les mêmes errances d’un passé similaire.
Violence
Deux enfants confrontés à la violence du père. D.A. est battu deux à trois fois par semaine ; Zaki Ali Toubou reçoit des gifles et des coups de ceinturon. Violence également sur les bancs de l’école coranique que les deux enfants fréquentent en parallèle de l’école publique. Les châtiments corporels - coups de bâton, enchaînement à une chaise - sanctionnent une arrivée en retard. D.A. se mêle aussi aux bagarres de gangs qui s’affrontent dans les quartiers de Mamoudzou.
" Chaque fois qu’on me frappait, j’avais la haine "
Le jeune homme qui confie avoir du mal à parler de sa vie, a raconté ce jeudi 22 octobre, d’une voie monocorde : « Les choses se sont compliquées au collège. Je séchais l’école coranique. Chaque fois qu’on me frappait, j’avais la haine. J’ai été envoyé aux Comores pour me calmer et m’éloigner. A mon retour à Mayotte, j’ai refait les mêmes bêtises ». Dans l’espoir de se construire un avenir meilleur, ses parents l’envoient e France. A 15 ans, il pose ses valises chez une cousine à Dijon, puis chez un oncle à Montluçon qui ne s’occupe pas de lui : « Il erre, il zone, il vole pour vivre », indiquait hier dans son rapport l’enquêtrice de personnalité.
« Je faisais que voler à Mayotte »
C’est aussi vers la France que le père de Zaki Ali Toumbou pousse son fils afin qu’il y étudie : « Je faisais que voler à Mayotte », raconte l’accusé, masque replié sous le menton. « A 13 ans, j’ai commencé le cannabis. En 4e, je buvais de l’alcool. Je voulais reconstruire ma vie, que mes frères et soeurs soient fiers de moi », a glissé le jeune homme.
Caussade, Montluçon
A Caussade (Tarn-et-Garonne) , où il arrive, il ne trouve guère l’attention de son demi-frère : « Il était militaire dans les forces spéciales, il n’avait pas trop de temps ». Ni, plus tard, celle de son frère à Montluçon. Il se retrouve à se débrouiller seul : « Je voulais aller à l’école de la deuxième chance mais j’avais pas 18 ans. Je me suis retrouvé dans la rue. Mon frère m’a dit : “tu te démerdes”. J’ai commencé à voler dans les magasins de la nourriture, des téléphones... Je me suis inscrit à la mission locale. Je faisais des stages à droite, à gauche. C’était ça jusqu’à mon interpellation, après les actes odieux ».
Leïla Aberkane ©lamontagne.fr
Les avocats des parties ciiviles et de la défense doivent plaider aujourd’hui, dernier jour du procès à Riom. © Richard BRUNEL
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